Pas de Houris pour Mister Daoud
Une contribution d’Aziz Ghedia – Non, ce n’est pas une question de jalousie. Si, aujourd’hui, la blogosphère et même la presse nationale rendent compte de façon très critique de la réception du prix littéraire français Goncourt par notre écrivain Kamel Daoud, ce n’est pas parce que celui-ci manque de talent et qu’il a été… euh, disons favorisé par le jury de cette institution dans cette consécration. Non, encore une fois, la question n’est pas là, on sait que cet auteur a déjà fait preuve d’une grande perspicacité littéraire notamment dans son fameux Meursault, contre-enquête. En fait, le mécontentement exprimé par beaucoup d’Algériens qui s’intéressent à la chose littéraire trouverait sa justification dans le fait que, d’une certaine manière, celui-ci est devenu, par la force des choses, un pion, en quelque sorte, dans les mains de ceux qui manifestent toujours des sentiments exécrables envers l’Algérie et son peuple. Et là où le bât blesse, c’est que celui-ci semble jouir langoureusement de cette situation. Il semble narguer tout ce beau monde. Il semble leur dire «cheh» pour user d’une expression du terroir et qui veut dire tout simplement «bien fait pour votre gueule».
«Je l’ai eu ce prix et dezzou mâahoum, voilà, en fait, ce que, d’une manière indirecte, Kamel Daoud opposerait certainement à ses détracteurs». Les guillemets sont de votre serviteur car, honnêtement, de ce que j’ai lu jusqu’à présent, rien ne peut être mis dans la case de «critique sans fondement» et dont la raison principale serait la «jalousie» envers l’auteur. Ce constat fait, passons maintenant aux choses sérieuses, comme l’aurait dit, dans les années 1970, un journaliste de l’Unique, la chaîne TV algérienne de l’époque. Qui s’en souvient ?
En effet, même si on n’est pas critique littéraire, on n’a aucune peine à lire entre les lignes et à conclure, peut-être de façon hâtive, cela je pourrais le concéder, que l’auteur, Kamel Daoud en l’occurrence, reste toujours sur le même registre, la même thématique : la critique de l’islam et des sociétés arabo-musulmanes dont il est pourtant issu. Pourquoi ? Les mauvaises langues diraient tout simplement pour la simple raison de plaire à ceux qui décident de la remise des prix littéraires. N’oublions pas que Kamel Daoud ne vit plus en Algérie. Par conséquent, Il se fiche, apparemment, éperdument de ce que pourraient penser de ses écrits ses compatriotes, d’ici ou de là-bas.
Quand il encense, par exemple, la décennie noire qu’avait connue l’Algérie dans les années 1990, en disant, je le reprends texto : «Les plus belles années, c’était la décennie noire en Algérie : sexe, alcool et vie intense», de la gueule de qui se foutait-il ? Chose plus grave encore : n’est-il pas dans l’apologie du terrorisme en parlant de façon extatique, en face de l’autre Goncourt 2016, Leila Slimani, sujet de Sa Majesté Mohamed VI, de cette décennie ? Les écouter parler de cette décennie, de cette façon-là, m’a donné envie de crier fort et de leur dire : «Taisez-vous ! Ayez la décence de respecter les victimes de ce terrorisme abject.»
Le dernier livre de Kamel Daoud, Houris, pour lequel on lui a décerné le prix Goncourt ne m’est pas encore tombé sous la main. Je n’en ai donc aucune idée. Mais, de toute façon, le titre en dit long. Houris, dans la religion musulmane, désigne ces belles créatures célestes, éternellement jeunes et vierges, qui sont promises à ceux qui défendent, par leurs idées, leur foi, leur manière de se comporter vis-à-vis de leur prochain ou ceux qui tombent sur les champs de combat (oui, je sais, cela fait peur), l’islam. Kamel Daoud en a peut-être une idée encore plus précise puisqu’il en a fait le titre de son livre.
A. G.
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