Le racisme majoritaire triomphe aux Etats-Unis
Une contribution de Saadeddine Kouidri – Hier, le citoyen états-unien était représenté par l’image du cow-boy le fusil dans une main et la bible dans l’autre. Aujourd’hui, leur élu à la majorité le 5 novembre 2024 tient toujours la bible mais, à la place du fusil, il a un écran où défilent des images de champs de derricks, de banques, de bombardiers stratégiques et d’hôtels de luxe où circulent des prostituées et d’autres esclaves où les LGBT+ font figure de stars que le raciste à la veille des élections vitupère seulement en public face aux caméras pour plaire aux évangélistes.
Dès le début de ce XXIe, la faillite des partis politiques est totale, particulièrement celle de la gauche. Elle a poussé le citoyen à se recroqueviller sur la famille, la communauté, l’ethnie, le genre, la région, la religion… Il ne vote plus sur le programme politique ou de classe mais sur une appartenance identitaire qui, imparablement, finit par surfer sur le sectarisme et le racisme. C’est le plus raciste qui part favori lors des élections et, dans ce cas, c’est le plus antiraciste qui a la possibilité de le vaincre. Si Trump assume son racisme, l’antiracisme n’a pas été assumé par sa concurrente puisqu’elle a été prendre ses modèles chez d’autres nantis qui tournent le dos aux potentiels antiracistes que sont les salariés moyens, les ouvriers et particulièrement les électeurs de l’ancien candidat Bernie Sanders, le premier sénateur américain à s’être présenté comme socialiste lors des précédentes élections.
A ceux qui introduisent les islamistes dans le mouvement de libération nationale, jusqu’à les élever au rang de dirigeants, il faut juste leur rappeler que toutes les couches de la société ont fini par participer, y compris des juifs, des chrétiens, des athées et même des étrangers tout en précisant que la direction de la Révolution était homogène et lorsqu’elle a sollicité, entre autres, le représentant de l’islamisme, elle a reçu un refus. Le témoignage de Boudiaf à ce sujet est sur YouTube.
Il faut constamment rappeler aux faussaires que la proclamation du 1er Novembre 1954 a été rédigée en français et ce n’est que par la suite lors de sa traduction en arabe qu’on lui a ajouté un «bismillah» pour l’islamiser. Contrairement à ce qui se dit, l’héritage des laïcs et progressistes n’a pas été «récusé au bout de quelques décennies» mais spolié. Les laïcs algériens étaient, certes, de civilisation musulmane à l’image de leur peuple, mais pas des islamistes. Quand et où attend-on l’islamisme libérer un pays du colonialisme ? C’est tout le contraire puisque, à l’indépendance, la Réaction dopée par les néocolonialistes, et leurs historiens et philosophes de l’extrême-droite entretiennent la confusion entre musulman et islamiste. Ce dernier est celui qui utilise la religion en politique et s’oppose à la laïcité avec laquelle l’Algérie a été libérée.
Le néolibéralisme qui a projeté les Reagan au pouvoir s’avère surtout une liberté aux dirigeants du monde capitaliste occidental à ne pas respecter leurs engagements vis-à-vis des organisations nationales, régionales et internationales et d’ignorer ou de s’opposer par de nouvelles lois à toute régulation, économique et politique qui n’est pas dans leurs intérêts. En un mot, le néolibéralisme est l’ennemi de l’Etat social et c’est avec cette stratégie que le capitalisme a vaincu l’URSS et depuis il poursuit sa lutte contre tous les acquis populaires, en commençant par celui de son propre peuple (éducation, santé, retraite, transport en commun…) parallèlement à la poursuite des guerres aux peuples du Moyen-Orient pour accaparer leurs richesses pétrolières et autres.
L’exemple flagrant de la liberté du néolibéralisme le plus récent est dans cette liberté de Macron à tourner le dos à la victoire de la gauche aux législatives 2024.
MAGA (Make America Great Again) «Rendre la grandeur à l’Amérique» est le slogan de Ronald Reagan que reprend Trump pour asseoir un projet de société du règne d’un apartheid novo où le parti républicain se transformerait en Ku Klux Klan non cagoulé, régnant sur l’administration et la Justice.
Dorénavant, on peut dire que les Etats-Uniens demeurent fidèles à leur passé de génocidaires des Amérindiens que leur gendarme au Moyen-Orient poursuit sur les Palestiniens, les Libanais, les Syriens…
Le monde qui assiste à l’assassinat massif de femmes et d’enfants ne peut être que complice à cause du racisme que véhicule le système capitaliste dont l’utilisation de ses idéologies, et particulièrement les religions, rend l’homme sourd, aveugle, insensible à la condition humaine depuis la colonisation.
La résistance palestinienne est toujours active et la solidarité est toujours vivante. Dernièrement, des auteurs lancent un appel international au boycott massif des éditeurs israéliens complices de la dépossession du peuple palestinien par cette constatation : «La guerre actuelle est entrée dans nos maisons et a transpercé nos cœurs» au moment où l’Iran dénonce la présence déstabilisatrice des Etats-Unis au Moyen-Orient, après l’annonce par Washington du déploiement dans la région de bombardiers stratégiques B-52 qui risque d’anéantir la région.
Depuis Reagan, les partis de gauche dans le monde ne cessent de céder du terrain à l’économie néolibérale, tournant crescendo le dos aux classes des plus démunis jusqu’à la pratique de l’économisme et, en sus, comme alternative politique un projet de société !
Il est difficile à l’homme de se projeter, à moins d’imaginer. Si l’imagination individuelle est possible, ce n’est pas le cas pour une imagination collective. Un projet de société est forcément utopique, sauf si l’imagination puise dans le passé et, là, le projet est forcément rétrograde mais riche. Si les extrêmes-droites reviennent en force, c’est aussi à cause de cette richesse, de cette nostalgie du passé. L’extrême-droite a une image millénaire, contrairement à la gauche dont le passé est récent. Si l’islam politique s’est répandu dans la société à la vitesse d’une trainée de poudre, lancée du haut des minarets, d’où aucun appel dans le passé n’avait été entendu pour la libération du pays, c’est aussi à cause de cette richesse, et ce n’est pas étonnant que des mosquées ne nous parvenait, comme un leitmotiv, l’appel à l’esclavagisme des femmes.
Les difficultés de la vie dans le monde capitaliste rabat les plus inconscients dans les luttes identitaires et poussent d’autres à se murer dans la mythologie, oubliant que l’Algérie moderne du 1er Novembre 1954 dont la proclamation est l’indépendance pour un Etat social n’a que 70 ans et qui ne finit pas de dériver depuis plus de 30 ans à cause de l’islamisme. La dérive que beaucoup de citoyens finissent par accompagner, comme dans cette interdiction du roman Houris de Kamel Daoud suivie du silence officiel des médias nationaux sur son prix Goncourt 2024 que l’accueil chaleureux et populaire réservé au romancier Oussama Muslim au 27e Salon international du livre d’Alger vient contrebalancer, révélant encore une fois l’engouement du citoyen algérien à la lecture, à toute bonne lecture.
Je ressasse que, le communisme n’est pas un état des choses qui doit être construit, un idéal vers lequel la réalité doit se diriger. Nous appelons communisme le mouvement réel qui dépasse les conditions existantes, affirment Marx et Engels.
S. K.
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