Parlement européen : hypocrisie en étendard et liberté d’expression en otage
Par Khaled Boulaziz – Le 27 novembre 2024, le Parlement européen s’est transformé en une scène théâtrale où des eurodéputés, dans un ballet d’émotion feinte, ont dénoncé avec véhémence l’arrestation d’un écrivain algérien. Condamnations du régime d’Alger, appels aux sanctions, déclarations enflammées : tout y était, sauf une cohérence morale. Derrière ce spectacle d’une indignation fabriquée se cache une réalité glaçante. La défense de la liberté d’expression, proclamée haut et fort lorsqu’elle sert des intérêts géopolitiques, est rapidement enterrée dès qu’elle met en cause le confort idéologique de Bruxelles. Une hypocrisie devenue la marque de fabrique de cette institution.
Dieudonné : museler l’artiste au nom des dogmes
Prenons le cas de Dieudonné. Artiste controversé, il a été banni, interdit de scène et poursuivi en justice. Sa faute ? Avoir osé ridiculiser les dogmes établis, choqué la bien-pensance et défié les codes moraux des élites. Pourtant, n’est-ce pas précisément pour protéger de telles provocations que la liberté d’expression existe ? Où étaient les eurodéputés, si prompts à dénoncer les atteintes à la liberté d’expression à l’étranger lorsqu’il s’agissait de défendre le droit de cet humoriste à choquer, déranger et provoquer ?
Vincent Reynouard : la traque d’un intellectuel
Vincent Reynouard, historien révisionniste, a subi une répression féroce, traqué et emprisonné pour des écrits qui choquent profondément. Que ses thèses soient rejetées ou abhorrées, elles relèvent de la sphère des idées, et non de la criminalité. Mais dans une Europe qui se targue de défendre la liberté de pensée, il a été broyé par une machine judiciaire impitoyable. Loin de défendre son droit à l’erreur, à la provocation intellectuelle, le Parlement européen a choisi de détourner les yeux. Défendre Reynouard n’est pas défendre ses idées, mais défendre un principe universel : celui de la liberté d’explorer, de questionner, même les idées les plus inconfortables.
Alain Soral et Ursula Haverbeck : figures diabolisées, libertés piétinées
Alain Soral, essayiste sulfureux, a subi un sort similaire. Diabolisé, condamné, il est devenu le symbole de la censure dans nos démocraties. Ce silence complice du Parlement face à la répression systématique de ses idées illustre une fois de plus l’hypocrisie de l’institution.
Le cas d’Ursula Haverbeck, militante révisionniste allemande, est encore plus révélateur. Décédée le 20 novembre 2024 à l’âge de 96 ans, elle avait passé ses dernières années en prison pour des propos controversés sur l’Histoire. Que l’on condamne ses idées est légitime, mais emprisonner une nonagénaire pour ses opinions ? Haverbeck n’était pas une menace physique, mais un symbole embarrassant pour des élites incapables de tolérer la dissidence. A chaque condamnation – en 2018, 2022, et encore en juin 2024 –, le Parlement européen a choisi le mutisme. Ces omissions montrent à quel point la liberté d’expression n’est protégée que lorsqu’elle sert les intérêts politiques dominants.
Soolking et Gaza : les mots interdits et les silences complices
Ajoutons à cela le chanteur Soolking, bâillonné pour avoir soutenu la Palestine, et l’inaction du Parlement face au génocide en cours à Gaza. Les images d’enfants ensevelis sous les décombres et les milliers de vies détruites n’ont suscité aucune tribune, aucune indignation publique. Pourquoi ce silence ? Parce que critiquer Israël ou défendre Gaza, même au nom des droits humains, reste un tabou que Bruxelles n’ose briser.
Un théâtre de l’hypocrisie
Ces exemples révèlent une vérité cinglante : le Parlement européen est devenu un théâtre où la liberté d’expression est célébrée ou enterrée, selon les caprices de la realpolitik. Les eurodéputés, qui se drapent dans la vertu lorsqu’il s’agit de condamner des régimes étrangers, ferment les yeux sur les injustices qui gangrènent leur propre continent. Cette indignation sélective n’est pas seulement hypocrite ; elle sape la crédibilité même des institutions européennes.
Un appel à la cohérence
Le Parlement européen doit choisir : défendre la liberté d’expression pour tous – même pour ceux qui choquent, dérangent ou remettent en cause l’ordre établi – ou admettre qu’il est un instrument de domination idéologique. Tant que des figures comme Dieudonné, Reynouard, Soral, Soolking, ou même Ursula Haverbeck continueront d’être sacrifiés sur l’autel de la censure, la posture de Bruxelles restera une insulte à l’idée de justice.
La liberté d’expression ne se divise pas. Elle est universelle, ou elle n’est rien. Bruxelles, en trahissant ce principe fondamental, n’offre qu’un masque de vertu dissimulant une lâcheté institutionnelle.
K. B.
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