Les Etats-Unis, Israël, la Turquie et les Emirats livrent la Syrie aux islamistes
Par Abdelkader S. – Nous avons, par précaution, attendu d’être plus à même de commenter la situation qui prévaut en Syrie avant d’informer nos lecteurs sur les derniers développements. Mus par les expériences passées, nous avons pris les informations relayées par les médias occidentaux et les chaînes de télévision des pétromonarchies du Golfe avec des pincettes, en attendant d’y voir plus clair. Nous avons pris le soin de comparer les nouvelles qui parviennent de Syrie en suivant, dans le même temps, la chaîne officielle syrienne. Ce dimanche 8 décembre, à 11h20, le signal de Syria News a été interrompu, au moment même où le journaliste lisait un communiqué de l’armée syrienne sur les avancées de cette dernière à Homs, Alep et Idlib.
La capitale syrienne est donc tombée entre les mains de ce que les médias occidentaux appellent les «rebelles» et l’«opposition armée», en réalité, des groupes islamistes armés à la solde des Etats-Unis, d’Israël et de la Turquie, qui ont scellé un pacte pour prendre le pouvoir en Syrie. Aux dernières nouvelles, le président Bachar Al-Assad aurait quitté le pays pour une destination inconnue. Le Premier ministre s’est adressé aux Syriens pour les rassurer quant à la suite des événements tragiques qui secouent le dernier bastion anti-israélien au Moyen-Orient.
Sur ces entrefaites, les images de Syriens manifestant leur joie dans les rues de Damas rappellent celles qui, il y a treize ans, en Libye et au Yémen, avaient suivi la chute de Mouammar Kadhafi et d’Ali Abdallah Salah. On sait ce qu’il est advenu de ces deux pays occupés par des puissances étrangères qui empêchent toute solution politique et qui s’y livrent une guerre proxy qui met aux prises les Libyens et les Yéménites pour le compte des Etats-Unis, d’Israël, de la Turquie, des Emirats arabes unis, de la France, de l’Arabie Saoudite et de tant d’autres Etats qui se disputent le pétrole et le gaz libyens et la position stratégique de l’«Arabie heureuse».
La prise de Damas par les islamistes est intervenue au moment même où les ministres des Affaires étrangères de Russie, d’Iran et de Turquie se réunissaient dans la capitale qatarie, Doha, pour discuter du dossier syrien. Ces trois pays étaient-ils au courant de l’imminence de la chute de Bachar Al-Assad ? Comment est-il possible qu’une guerre qui dure depuis treize ans puisse prendre fin après une offensive de quelques jours à peine ? Ce changement brutal qui vient de survenir en Syrie – nous n’avons pas encore toutes les données – indique clairement que des «choses» se sont passées dans le secret le plus total, ces dernières semaines. Y a-t-il eu des négociations entre le pouvoir syrien et l’opposition ? Y a-t-il eu un accord entre la Russie et les Etats-Unis, dans le cadre d’un deal après la victoire de Donald Trump à la dernière présidentielle ?
Avec la chute de Damas, Israël, qui a piégé le Hezbollah en lui faisant signer un accord de cessez-le-feu que l’armée israélienne n’a évidemment pas respecté, élargit son influence à la Syrie et, du même coup, affaiblit la résistance palestinienne. Le prochain pays à tomber dans les filets de l’entité sioniste sera la Turquie, dont l’islamiste Recep Tayyip Erdogan a fait un géant aux pieds d’argile. A force de jouer sur plusieurs tableaux, il finira par faire payer à son pays le prix fort.
A l’heure où nous rédigeons ces lignes, l’Algérie n’a pas encore réagi à la situation chaotique qui règne dans ce pays ami qui a fini par céder face à l’Axe du mal, après près de quatorze longues années de résistance.
A. S.
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