La lâcheté des islamistes : promoteurs du combat sacrificiel vicariant
Une contribution de Khider Mesloub – Mon présent texte a été initialement rédigé cet été, en juillet 2024. Je ne l’ai jamais publié. Je livre aux lecteurs la dernière version réactualisée.
On ne le répétera jamais suffisamment : le Hamas ne représente pas le «peuple palestinien». Comme le FIS et, à plus forte raison, son bras armé le GIA, en leur temps ne représentaient pas le «peuple» algérien. Quoiqu’ils affirmassent incarner les intérêts de l’ensemble des Algériens, combattre l’injustice sociale et se battre pour libérer le «peuple» algérien de la dictature du FLN.
A plus forte raison, les islamistes du Hamas ne représentent pas les travailleurs palestiniens. Le Hamas est une organisation islamiste réactionnaire, ennemi du prolétariat, a fortiori de l’émancipation humaine.
Le «peuple palestinien» a un ennemi fondamental : l’Etat d’Israël raciste et fasciste. Mais aussi, comme l’histoire nous l’a démontré, il a de nombreux ennemis dans son propre camp, à savoir les classes bourgeoises palestiniennes et arabes. Sans oublier les islamistes des pays voisins, notamment les djihadistes syriens, plus déterminés et prompts à combattre le régime de Bachar al-Assad que le régime fasciste et génocidaire israélien.
Une chose est certaine, la lutte du «peuple palestinien» n’est pas incarnée par des organisations palestiniennes autoproclamées. Encore moins par le Hamas, une organisation islamiste extrémiste, animée par un programme politique contre-révolutionnaire et suprémaciste islamique.
Du reste, les islamistes du Hamas ne luttent pas pour l’indépendance de la Palestine mais pour l’instauration d’un Etat islamique. Les membres du Hamas ne se battent pas en tant que combattants palestiniens, mais en tant que musulmans pour libérer la terre islamique du judaïsme. Leur combat s’inscrit dans une perspective confessionnelle et non pas nationaliste. Pour preuve. Comme l’a relevé un commentateur algérien, on constate une absence totale du slogan «Tahia Falastine» chez les «combattants» du Hamas au moment des tirs sur les objectifs sionistes. En revanche, le slogan «Allahou akbar» est constamment proféré. Les membres du Hamas n’ont pas la fibre patriotique, mais la foi islamiste. Cela étant, le 7 octobre 2023, le Hamas aura mené une opération armée suicidaire contre Israël, et non mené le «peuple palestinien» dans une lutte collective libératrice et émancipatrice.
Preuve. Depuis cette attaque-éclair, le Hamas (tout comme les organisations islamistes syriennes pilotées par Hayat Tharir Al-Sham) aura brillé doublement par sa lâcheté et sa perversité. Pire, par sa complicité dans le génocide et le nettoyage ethnique des Palestiniens de Gaza, commis par l’Etat nazi d’Israël, sous le patronage, la protection et avec la bénédiction du gouvernement américain et de nombreux pays européens.
D’abord, lâcheté exogène en attaquant avec perversité des civils israéliens désarmés, massacrés de manière barbare, en sachant avec quelle riposte militaire disproportionnée l’Etat terroriste sioniste répond habituellement contre les populations civiles palestiniennes. En effet, le Hamas ne pouvait pas ignorer que le régime fasciste israélien allait riposter avec une violence vindicative meurtrière contre l’ensemble des Palestiniens.
Ensuite, lâcheté endogène en livrant un fantomatique combat vicariant aux sadiques soldats israéliens au moyen de la population civile palestinienne, utilisée comme bouclier humain, population civile désarmée, livrée en victime sacrificielle expiatoire à la rapacité génocidaire de l’ensemble des colons fanatiques sionistes assoiffés de vengeance. Des colons suprémacistes sanguinaires adeptes de la loi talmudique du talion. Pour qui, au nom du principe irrationnel d’élection biblique érigeant les juifs en peuple élu, la mort d’un juif appelle la mort vindicative d’un million de goyim. La prise d’otage d’un seul juif exige la séquestration affamante d’un million de goyim.
Dès les premiers jours de la riposte israélienne, les dirigeants sionistes justifiaient leur offensive militaire par la prise d’otages des citoyens juifs et leur volonté d’éradiquer le Hamas. D’entrée de jeu, l’armée israélienne a aligné une armada de 400 000 soldats et réservistes pour mener sa riposte.
Or, en dépit de ce rapport de force asymétrique, qu’a fait le mouvement islamiste Hamas ? Au lieu de prévenir les massacres des civils palestiniens par la libération immédiate des otages israéliens, ôtant ainsi toute justification de poursuite de l’offensive militaire à Tsahal, l’organisation islamiste Hamas aura préféré ignorer délibérément la question du sort des otages israéliens, livrant les populations civiles gazaouies à la vengeance génocidaire des troupes militaires fanatiques sionistes durant plus d’un an. De même, puisque le régime fasciste israélien affirme vouloir uniquement combattre et éradiquer le Hamas, pourquoi ces combattants islamistes, adeptes de la martyromanie, n’ont-ils pas affronté directement les soldats israéliens sur les lignes de la frontière pour les empêcher de pénétrer à l’intérieur de Gaza, quitte à mourir tous en martyr, préservant ainsi la vie de leurs compatriotes civils qu’ils prétendent représenter et défendre ? De même, pourquoi les combattants islamistes du Hezbollah et de Hayat Tharir Al-Sham, adeptes de la martyromanie, n’ont pas mobilisé leurs troupes pour combattre les soldats israéliens, auteurs du génocide des Palestiniens ?
Au vrai, pour le mouvement islamiste palestinien Hamas, qui a toujours œuvré uniquement au renforcement de sa position politique, son hégémonie gouvernementale et sa reconnaissance diplomatique, la vie des otages israéliens a stratégiquement plus de valeur que la vie des Palestiniens. Le Hamas est prêt à sacrifier tous les Gazaouis pour assouvir ses ambitions politiques, concrétiser ses visées gouvernementales, se hisser sur la scène internationale comme l’unique représentant des Palestiniens. Comme les islamistes syriens viennent de sacrifier la cause des Palestiniens pour un strapontin gouvernemental à Damas.
Depuis maintenant plus de dix mois, le Hamas détient encore en otage 130 civils israéliens. A quoi lui servent ces innocents otages ? Apparemment comme monnaie d’échange pour exiger la libération des prisonniers palestiniens. Nous sommes tentés de s’écrier avec rage : tout ça pour ça ! Prendre 130 otages israéliens pour se contenter, durant des mois, de négocier diplomatiquement dans les luxueux hôtels du Caire ou de Doha la libération de quelques prisonniers palestiniens.
Apparemment, courageusement, le Hamas, dans sa dernière proposition de compromis négociée avec le gouvernement fasciste génocidaire israélien, aurait fixé le nombre de prisonniers palestiniens à libérer à 800. Ni plus ni moins. 47 000 Palestiniens, en majorité des enfants et des femmes, massacrés, 200 000 mutilés, 2 millions de sans-abri et affamés, pour obtenir la libération, non pas de la Palestine mais de 800 prisonniers (qui ont déjà un pied dans la tombe tant les années d’incarcération suppliciée auront laminé leur santé). Nous sommes contraints de s’écrier avec rage : tout ça pour ça ! (Les islamistes palestiniens du Hamas ressemblent aux islamistes algériens du FIS : pour une histoire d’annulation de l’élection, ils n’ont pas hésité à prendre en otage 30 millions de citoyens et de sacrifier 200 000 Algériens durant dix longues années, au cours des années 1990).
Tout ce combat sacrificiel vicariant pour arracher piteusement la libération de 800 détenus palestiniens éclopés des geôles israéliennes, tout en acceptant de maintenir 2,3 millions de Gazaouis captifs dans cette prison à ciel ouvert, Gaza. Un territoire devenu dorénavant un cimetière à ciel ouvert du fait de la famine qui y sévit. Mais ni une prison ni un cimetière pour les membres du Hamas, miraculeusement quasiment tous épargnés par les massacres de masse commis par Tsahal contre les Gazaouis.
Selon plusieurs sources, notamment israéliennes qu’on ne peut donc soupçonner d’être pro-Hamas, seulement 15% des «combattants d’un jour» du mouvement islamiste palestinien Hamas auraient été «neutralisés», morts non pas au combat mais sous les décombres des tunnels. Comment ont-ils fait pour échapper au largage incessant des tonnes de bombes de l’armée israélienne et à l’armada de Tsahal qui s’est emparée de l’ensemble du territoire de Gaza ? Mystère. Les valeureux combattants du Hamas auraient-ils été exfiltrés de Gaza pour être mis à l’abri dans un pays voisin arabe ?
Question : où le Hamas compte-t-il loger ces 800 prisonniers palestiniens «libérés», avec la destruction de 80% des habitations de Gaza, l’explosion de l’insécurité meurtrière en Cisjordanie ? Dans ses résidences luxueuses de Qatar ou d’Egypte ?
En tout cas, comme les vaillants combattants du Hamas sont épuisés par dix mois de combat armé livré frontalement, depuis leur cachette souterraine et exil doré qatarien, contre les soldats israéliens sur tout le territoire de Gaza, ils se sont résolus à réclamer, avec diplomatie, au gouvernement sioniste une «trêve». Question. Depuis quand un mouvement de libération nationale, censément engagé dans une offensive militaire victorieuse, réclame-t-il à la puissance occupante une trêve, renvoyant de facto, sine die, l’indépendance aux calendes grecques ?
N’était la tragédie des Palestiniens de Gaza, on baptiserait ces gesticulations guerrières du mouvement islamiste palestinien Hamas de tragi-comédie. D’aucuns diraient de manigances machiavéliques macabres tramées en faveur de l’entité sioniste. Comme les derniers événements en Syrie le confirment. Les combattants islamistes syriens ont observé un silence criminel durant un an devant le massacre génocidaire des Palestiniens, et quand ils se sont résolus à rassembler leurs troupes pour livrer un combat, ce n’est absolument pas pour se lancer contre les militaires israéliens mais contre leurs frères, les soldats syriens, non pas contre le régime nazi d’Israël mais le régime de Bachar al-Assad.
Selon plusieurs sources, le Hamas avait annoncé «étudier» (les membres du Hamas aiment beaucoup étudier, mais exclusivement la littérature islamique, tout comme leurs congénères syriens et algériens du FIS) une contre-proposition israélienne en vue d’une trêve dans les combats à Gaza ainsi que la libération des otages.
«Aujourd’hui, le Hamas a reçu la réponse officielle de [Israël] à notre position qui avait été remise aux médiateurs égyptiens et qataris», avait déclaré le numéro 2 de la branche politique du Hamas pour Gaza, Khalil al-Hayya. «Le mouvement étudiera cette proposition et soumettra sa réponse une fois son étude terminée», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le mouvement islamiste, comme se définit lui-même le Hamas, est en effet un simple mouvement : un mouvement gesticulatoire, dont la force militaire gesticulatoire n’est plus à démontrer. Le Hamas aura fait de la guerre de libération de la Palestine une épopée gesticulatoire. Ses gesticulations armées sont risibles. Voire cyniques. Car ses dérisoires et fugaces attaques exposent les populations civiles palestiniennes à la riposte génocidaire du gouvernement militariste israélien.
Quoi qu’il en soit, ses gesticulations armées n’impressionnent aucunement Tsahal. Et pour cause. Elles sont l’œuvre d’un groupe islamiste lilliputien et non de tout le peuple palestinien armé, malheureusement lâché depuis longtemps par ses dirigeants embourgeoisés et ses frères de religion, les dirigeants des pays arabes.
Le Hamas, cette mouche du coche, est tout juste capable de mener une furtive escarmouche. Et, surtout, comme à l’accoutumée, de tirer la couverture à soi. De même que leurs congénères islamistes syriens viennent de tirer les marrons du feu de l’embrasement de la région.
Tout comme, avec l’aide du Mossad, il a su éclipser par la force les vétérans de la lutte anticoloniale (OLP, FPLP, etc.), parfois par l’élimination physique, pour monopoliser et phagocyter le mouvement de libération palestinien laïc en lui imprimant une orientation dorénavant confessionnelle islamiste, le Hamas escompte, en effet, profiter de la remarquable mobilisation mondiale des manifestants pour tirer les marrons du feu. C’est-à-dire devenir un partenaire officiel incontournable pour négocier directement avec les dirigeants israéliens et américains une trêve.
Déclencher une «attaque éclair» meurtrière contre des civils israéliens pour libérer supposément et vaillamment la Palestine, prendre quelques dizaines de citoyens juifs en otage pour, au final, aboutir à se contenter de réclamer une trêve et la libération de quelques prisonniers éclopés, après avoir livré 2,3 millions de civils palestiniens à la riposte génocidaire de Tsahal, livré tout le territoire gazaoui à la désolation, voilà les hauts faits d’arme des combattants (d’un jour) des islamistes du Hamas.
Cette stratégie jusqu’au-boutiste, quoiqu’épouvantablement préjudiciable aux populations civiles palestiniennes de Gaza, semble réussir au mouvement islamiste palestinien. Comme le reconnaît du reste le général à la retraite Yaïr Golan qui, prenant à partie l’allié de longue date du Hamas, Netanyahou, a déclaré : «Au lieu de renforcer l’Autorité palestinienne et d’affaiblir le Hamas, il a fait l’inverse.»
Soit dit en passant, il est utile de rappeler les étroits liens qui attachent le Hamas islamiste et l’Etat «juif» raciste israélien. Netanyahou a toujours été le soutien indéfectible du mouvement islamiste. «Quiconque veut empêcher l’établissement d’un Etat palestinien doit renforcer le soutien au Hamas et lui transférer de l’argent. C’est une partie de notre stratégie», déclarait Netanyahou en mars 2019 s’adressant au groupe Likoud de la Knesset, propos rappelés par le journal Haaretz dans son édition du 9 octobre 2023. Deux mois avant l’attaque (prévisible car connue des services secrets israéliens) du Hamas, Netanyahou sommait les dirigeants qataris de régler leurs contributions financières mensuelles au mouvement islamiste palestinien (le Hamas bénéficie de 30 millions de dollars mensuels du Qatar).
Par leur opération éclair asymétrique du 7 octobre (une opération orchestrée ou, à tout le moins, camouflée par les stratèges de Tel-Aviv, les faucons de l’Etat sioniste raciste) menée contre la première puissance militaire de la région, soutenue et armée par tous les pays occidentaux, une puissance militaire réputée pour sa barbarie vindicative, les dirigeants du mouvement islamiste Hamas auront contribué à déclencher le plus grand génocide du XXe siècle. L’Histoire les tiendra comme complices du génocide des Palestiniens commis par l’Etat nazi d’Israël. De même que les combattants islamistes syriens, demeurés durant un an silencieux devant le génocide des Palestiniens, sont complices des sionistes israéliens.
Pour rappel, de nombreux dirigeants fondateurs du sionisme avaient également contribué, au cours des années 1930 et de la Seconde Guerre mondiale, par leur jusqu’au-boutisme fanatique nationaliste juif messianique et leur complicité criminelle avec le régime d’Hitler, au massacre des juifs européens commis par les nazis.
K. M.
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