La première mission assignée au régime islamiste de Damas par les Emirats
Par Mohamed K. – La chute de Bachar Al-Assad a dérouté plus d’un par sa fulgurance, alors que tout indiquait que les groupes islamistes armés qui avaient pris d’assaut la ville d’Alep allaient être, encore une fois, repoussés sans coup férir par les forces armées syriennes et russes. Mais tout s’est passé vite et il n’a fallu aux terroristes d’Al-Qaïda – que la CIA rebaptise à sa guise selon les circonstances – que quelques jours pour atteindre la capitale Damas et renverser Bachar Al-Assad.
Au-delà des analyses qui s’échinent à décrypter cette déconfiture foudroyante du pouvoir syrien face à un mouvement équipé d’armes rudimentaires fournies par la Turquie et financé par les Emirats arabes unis, le tout sur instructions des Etats-Unis pour le compte d’Israël, c’est l’avenir immédiat de la Syrie et de toute la région qu’il y a lieu de scruter à la loupe. Une série de questions demeurent en suspens, mais la plus importante demeure celle de savoir pourquoi la Russie a décidé d’accepter le départ précipité de Bachar Al-Assad et le transfert momentané de ses prérogatives présidentielles au Premier ministre, en attendant la prise de pouvoir officielle par les islamistes.
Ce qui est sûr, par contre, c’est la tendance de la nouvelle équipe dirigeante de la Syrie, après quatorze ans de guerre civile, entretenue par l’Occident jusqu’à ce qu’un accord ait été trouvé entre les différents belligérants externes qui dirigeaient la guerre par procuration, dans ce pays dont l’avenir est incertain. On retrouve, en effet, les mêmes images de l’Afghanistan après le retrait de l’armée soviétique, au milieu des années 1980, et celles de l’Irak, du Yémen et de la Libye après le changement des régimes rendus possibles par des interventions étrangères directes. Des jours sombres attendent le peuple syrien, sorti manifester sa joie de voir le «cauchemar» Al-Assad enfin terminé. Mais tout indique que le pays chemine vers le prolongement du conflit fratricide qui mettra aux prises les islamistes au pouvoir, les Kurdes et une fraction de l’armée fidèle aux idées baathistes.
Au cœur de ce chambardement, le nouveau régime, une fois installé et ses institutions mises en place, fera preuve de reconnaissance à ceux qui l’ont porté au pouvoir en annonçant la normalisation avec l’entité sioniste et la fin du soutien à la cause palestinienne. Il se dressera également contre la résistance chiite conduite par le Hezbollah libanais, lequel vient d’être neutralisé par un accord piège de cessez-le-feu. Le peuple palestinien perd un soutien crucial dans son combat contre l’occupant israélien. Le Hamas et le Hezbollah seront privés des armes que leur faisait parvenir l’Iran à partir de la Syrie qui perd à jamais son Golan.
M. K.
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