Recensement insidieux de l’INSEE : la traque des Maghrébins et des Africains
Par Nabil D. – Des syndicats et des organisations de défense des droits de l’Homme ont publié une tribune contre un recensement de la population commandé par le gouvernement français. Les signataires appellent les citoyens à «ne pas répondre à la nouvelle question sur le pays de naissance des parents», dans cette opération confiée à l’INSEE, l’Institut national de la statistique et des études économiques. «Le recensement est un bien public et y participer est un acte civique. Ceci clairement dit, nous appelons à ne pas répondre à une nouvelle question qui est introduite cette année sur le pays de naissance des parents», exhortent la LDH, la CGT, la FSU, le Mrap et l’USS.
«L’enregistrement de cette information est un pas vers une possible inégalité de traitement par l’Etat sur cette base», mettent en garde ces organisations syndicales et ces associations, qui expliquent avoir «plaidé auprès de l’INSEE, responsable pour le contenu du questionnaire, et de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil) pour que cette question ne soit pas ajoutée dans le bulletin du recensement». «Nous le faisons car aucune politique publique ne justifie que l’origine immigrée de nos parents soit collectée dans notre bulletin individuel. Cette question présente beaucoup de dangers», relèvent-elles.
«Alors que répondre à chaque question du recensement INSEE est obligatoire, ce n’est pas le cas pour cette nouvelle question. Là, dans le questionnaire, il sera bien indiqué que répondre à cette nouvelle question est facultatif. Il n’y a donc aucune obligation d’y répondre. Nos organisations appellent à un mouvement général de refus», insiste-t-on. «L’enregistrement de cette information est un pas vers une possible inégalité de traitement par l’Etat sur cette base. Les déclarations du président du Rassemblement national indiquant que des personnes d’origine étrangère, qui travaillent, qui ne font rien de mal, n’ont rien à craindre de son parti, disent clairement que ce serait un critère dans ses politiques d’extrême-droite», alertent ces organisations.
«Il ne faut pas qu’une information sur l’origine immigrée de chacune, de chacun, permette un suivi au travers des générations successives», ajoutent ces organisations qui affirment souhaiter que «de bons chiffres soient produits pour montrer les inégalités qui résultent des discriminations pratiquées en lien avec une origine étrangère, une couleur de peau, une religion supposée», en France.
«Au recensement, nombreux seront celles et ceux qui, spontanément, décideront de ne pas répondre à la question facultative sur le lieu de naissance des parents nés à l’étranger. Nous incitons chacune et chacun à faire de même pour que, par leur nombre, les refus de répondre envoient un message fort de refus d’être mis dans des cases liées à l’origine géographique, à la couleur de peau, à une religion présumée», concluent les auteurs de la tribune.
N. D.
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