Le revenant Darmanin reconnaît : «Il y a une violence plus débridée en France !»
Par Khider Mesloub – «Il y a une violence plus débridée dans notre pays», vient de reconnaître, ce mercredi 25 décembre, le nouveau ministre de la Justice de la France, Gérald Darmanin. En effet, en sa qualité d’ancien chef de la police la plus répressive du monde occidental, Darmanin n’ignore pas que son pays est, depuis des lustres, façonné et fasciné par la violence. Une violence débridée.
Depuis sa naissance, la France est imprégnée par la culture de la violence débridée. Toute l’histoire de la France est fondée par et pour la violence débridée.
Cette violence débridée émerge avec le fondateur de la France, Clovis, premier souverain chrétien des Francs. L’histoire des fondateurs de la France, le clan Clovis, fut une saga familiale au cœur de la violence et au corps porté pour la violence. Au fondement de cette France émergente s’établit le royaume de la violence. C’est par la violence que se bâtira le royaume de France. Dans ce royaume franc, la violence nourrit la violence. De siècle en siècle. De dynastie en dynastie. De République en République. Jacqueries, frondes, guerres civiles, guerres de religion, terreur de la Révolution française, campagnes napoléoniennes meurtrières, expéditions coloniales génocidaires, boucheries guerrières en 1914-18 et 1940-45, tels sont les hauts faits culturels de la société française belligène.
Dès la mort de Clovis, en 511 de notre ère, ses héritiers, avec leur vieille coutume du fratricide, mettent le royaume à feu et à sang. Ce royaume est déchiré par une permanente guerre civile. Rivalités, hostilités, haines, meurtres et, surtout, guerres, tels sont les fondements psychologiques, sociologiques et politique de la culture institutionnelle et populaire française. «Contrairement à la vertu, la violence survit longtemps à ceux qui l’ont manifestée», écrit Brian Aldiss. Tel est le substrat culturel de la France : la violence. Cette violence qui, telle une sangsue, lui colle au corps social et étatique. Pas étonnant. Car, comme le dit le proverbe, «Où est le mal s’attache la sangsue».
Par ailleurs, outre la violence, la France s’est bâtie dans la haine et par la guerre. Pour preuve. Historiquement, la France doit sa grandeur essentiellement à son armée, autrement dit à sa politique guerrière. Qui dit politique guerrière dit politique haineuse. La haine nourrit la guerre et la guerre nourrit la haine. La France ne doit pas sa puissance à son industrie. La France s’est bâtie par la force de ses baïonnettes et de ses navires de guerre. Non à la force du poignet industrieux de ses entreprises. Elle n’a jamais brillé par sa haute technologie industrielle. Mais par ses hauts faits de guerres, de conquêtes, de spoliation, d’expropriation, d’extermination. Ainsi, la violence est la marque de fabrique de la France. La violence est l’une des grandes industries françaises, qu’elle ne manque jamais d’exporter. D’exploiter à l’échelle industrielle.
Le peuple algérien pacifique peut témoigner de cette culture de la violence débridée importée sur son territoire par la France coloniale, subie dans sa chair. Durant 132 ans, soumis à une occupation sanguinaire, le peuple algérien a enduré la sauvagerie génocidaire des colons français. Ne pas perdre de vue que c’est la France coloniale qui a introduit, pour la première fois de l’Histoire, la technique de gazage (ancêtre des chambres à gaz), les sinistres enfumades employées contre les résistantes populations algériennes réfugiées dans des grottes.
En tout cas, le colonialisme français a commis pendant 132 ans des crimes d’une violence débridée inouïe, matérialisée par les exterminations de masse, les déportations et les tortures, sur fond de la haine et du racisme institutionnalisés, symbolisés par le code de l’indigénat.
Il est utile de rappeler que l’actuelle classe dominante, la bourgeoisie française, a imposé son pouvoir par la violence révolutionnaire, autrement dit par l’élimination de l’aristocratie, symbolisée par la décapitation du roi Louis XVI en janvier 1793. Tout au long du XIXe siècle, le peuple français, tout comme les classes régnantes françaises, respectivement pour manifester sa colère et pour imposer leur tyrannique gouvernance, ne durent s’exprimer politiquement que sur les barricades et par les bastonnades (1830, 1848, 1871).
Avec la Commune de Paris, la France officielle d’en haut dévoile sa figure hideuse en se livrant à un massacre génocidaire contre la France rebelle d’en-bas. Le bilan macabre de la Semaine sanglante (du 21 au 28 mai 1871) est effroyable : 40 000 morts, des milliers de Communards ou Fédérés proscrits ou déportés vers les bagnes de la colonie la plus éloignée de la métropole, la Nouvelle-Calédonie.
La culture de la violence débridée et de la haine meurtrière est profondément ancrée dans la société française. La mentalité belliciste gouverne ce pays. Les deux principaux bâtisseurs de la France impérialiste moderne ne furent-ils pas des militaires sanguinaires ? Le général Napoléon Bonaparte (connu pour ses campagnes militaires génocidaires menées dans toute l’Europe, responsables de plusieurs millions de morts) et le général Charles de Gaulle (président criminel : ne pas oublier que c’est lui qui a supervisé les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata du 8 Mai 1945. A l’époque président de la France, il a couvert par son autorité toutes les opérations génocidaires en Algérie. Bilan : 45 000 martyrs. Pourtant, ce criminel de guerre est auréolé de toutes les gloires). Sans oublier le maréchal Pétain, promoteur de la nazification de la France entre 1940 et 1945, qui a expédié dans les camps de concentration et d’extermination nazis plusieurs milliers de juifs.
Le va-t-en-guerre Macron, qui se prépare à envoyer des troupes contre la Russie, pays avec lequel il n’est pourtant pas officiellement en guerre, vient corroborer ce tempérament belliciste des Français, cette inclination pour la violence débridée sanglante, génocidaire (le gouvernement Macron ne soutient-il pas indéfectiblement l’Etat nazi d’Israël qui mène une guerre de proxy occidentale exterminatrice). Là où il y a un charnier implanté (ou à implanter), les charognards de l’Etat français accourent pour le surcharger d’autres centaines de milliers de cadavres, le submerger de sang des innocents. «Il coule dans le sang de mes veines la violence de mon père, sa rudesse, sa volonté féroce, une certaine cruauté même», a écrit la romancière française Katherine Pancol. Tel est résumé le tempérament du Français.
Aussi n’est-il pas surprenant que cette violence débridée française s’exprime également lors des manifestations et matchs de football, émaillés systématiquement par des affrontements, des destructions, des pillages. Le déchaînement récurrent de violence lors des manifestations et matchs de football s’inscrit dans cette tradition française marquée par la bellicosité. En France, la violence débridée est un rite social canonique, un mode d’expression normatif. Une composante comportementale institutionnelle (instinctuelle). Le représentant intellectuel de la France, Pierre Corneille, soulignait déjà à son époque : «La violence est juste où la douceur est vaine.» Comme la douceur fut toujours considérée comme vaine en France, la violence est devenue la juste et légitime attitude des Français.
Un autre représentant culturel français, Léo Ferré, a su résumer en deux strophes musicales la philosophie belliciste de la société française : «O ma sœur la Violence, nous sommes tes enfants», «Il faut faire l’amour comme on commet un crime.» Autrement dit, les Français, enfants de la violence, confondent amour et crime. Pour eux, haïr, violenter ou/et tuer, c’est aimer. La preuve : ils n’ont jamais reconnu les massacres commis en Algérie. Pour eux, ce fut une œuvre d’amour civilisationnelle apportée au peuple algérien. Le viol et le vol de l’Algérie furent un acte d’amour, non un crime contre l’humanité avec ses presque 6 millions de martyrs en 132 ans de colonisation.
En France, quelle que soit la manifestation (politique, syndicale, associative, estudiantine), les défilés revendicatifs dégénèrent régulièrement en affrontements avec les forces de l’ordre et les cortèges en émeutes. Peu importe la taille de la ville, fréquemment, une manifestation se transforme en heurts violents, en bataille rangée. Les magasins sont saccagés et pillés, les bâtiments officiels vandalisés, les mobiliers publics endommagés, les voitures brûlées. Les charges policières se caractérisent par leur barbarie, les interpellations par leurs méthodes musclées et brutales. Les manifestants sont gravement blessés par des tirs de LBD (arme sublétale fréquemment utilisée par les forces de l’ordre). Ainsi va la France de Clovis à Macron. De siècle en siècle, la France est ensanglantée systématiquement par des violences débridées multiformes. De génération en génération, régulièrement, les populations françaises s’entredévorent et s’entretuent par des conflits fratricides, ou déversent leur violence débridée sur des populations étrangères, bouc-émissaires, victimes expiatoires.
Pour paraphraser Léo Ferré, les Français font la violence comme il font l’amour : naturellement, instinctivement, bestialement, de manière de débridée. Car, dixit Katherine Pancol, «il coule dans le sang de leurs veines la violence (débridée) de leurs ancêtres, leur rudesse, leur volonté féroce, une certaine cruauté même». C’est dans ce séculaire climat délétère imprégné par la culture de la violence débridée, accentuée par la décomposition de la société française contemporaine qu’évoluent les enfants. Notamment les jeunes issus de l’immigration. La violence des jeunes s’est installée au cœur de la société urbaine française, de la cité «démocratique» bourgeoise. Cette violence débridée juvénile tend à se banaliser, comme si la brutalité était devenue l’unique norme de socialisation dispensée par la société déchirée par les inégalités sociales, polluée par l’esprit de prédation, «le chacun pour soi», la banalisation du mal.
En France, l’agressivité marque de plus en plus les relations interpersonnelles et sociales. Les incivilités, souvent gratuites, font partie désormais des moyens d’expression des jeunes, quelles que soient leur extraction sociale et origine ethnique. En France, d’aucuns déplorent l’absence de normes éducatives, de valeurs morales parmi les jeunes. Ces carences éducatives seraient responsables des comportements déviants de ces jeunes. Dans quelles structures de socialisation ces jeunes, par ailleurs privés d’avenir autre que de déréliction, pourraient-ils acquérir ces normes éducatives, quand les principales «valeurs» propagées par la société française contemporaine reposent sur l’appât du gain (l’argent), la course au profit, la rentabilité, la compétition, le culte de la performance, la réussite matérielle, le chacun pour soi, «la guerre de tous contre tous» ? En résumé, la banalisation du mal, culminant aujourd’hui dans le soutien inconditionnel apporté par le gouvernement Macron à la guerre génocidaire menée par l’Etat nazi d’Israël contre les populations civiles palestiniennes de Gaza et à la guerre irrationnelle et suicidaire russo-ukrainienne.
Pour rappel, dans la construction de l’identité des enfants, les adultes (familiaux et institutionnels) représentent un modèle identificatoire. Des imagos (l’imago représente le prototype de personnages – parentaux, enseignants, célébrités culturelles, politiciens – qui vont influencer de façon inconsciente la personnalité de l’enfant). Or, sur ce chapitre des imagos, en France de nos jours les adultes (en particulier les dirigeants) sont devenus des êtres affligés de vices rédhibitoires, dispensant un discours éducatif démagogique, fondé sur la glorification du cynique et tyrannique ego, hissé au rang de principe pédagogique universel, élevant au rang de morale normative le racisme, le bellicisme, le génocide.
Par ailleurs, toujours en France, cette perversion morale, cette violence désinhibée est exacerbée par l’apprentissage obligatoire dans les écoles de l’hymne national le plus belliqueux du monde, chanté à chaque commémoration. Chant guerrier hérité d’une époque sanguinaire, cet hymne est jugé trop agressif, trop violent par nombre de Français humanistes contemporains. «Les paroles sont épouvantables, sanguinaires, d’un autre temps, racistes et xénophobes. Il y a pas mal de paroles qui passent et certaines qui sont inécoutables», s’insurgeait l’acteur Lambert Wislon contre La Marseillaise. En effet, il suffit de rapporter ces quelques paroles sanglantes pour se convaincre de la violence débridée de cet hymne belliciste : «Aux armes, citoyens, formez vos bataillons. Marchons, marchons ! Qu’un sang impur abreuve nos sillons ! (…) Tout est soldat pour vous combattre. S’ils tombent, nos jeunes héros. La terre en produit de nouveau. Contre vous tout prêts à se battre !»
C’est dans cet environnement culturel imprégné par la violence institutionnalisée que sont élevés les enfants français. Notamment les jeunes issus de l’immigration. «Quand on a rencontré la violence pendant l’enfance, c’est comme une langue maternelle qu’on vous a apprise», note l’historien contemporain Ivan Jablonka.
La violence est le langage éternel de la France, la seule pédagogie dispensée au sein de la société. Les enfants de la République française s’en nourrissent abondamment. Notamment les jeunes issus de l’immigration. Parqués dans des cités de relégation, dans des quartiers dont les habitants sont captifs, en proie à de multiples discriminations et à l’exclusion sociale, les enfants d’immigrés sont victimes d’une opération doctrinaire d’ensauvagement de leur esprit, opérée par la funeste société française officielle fondée sur la violence débridée.
K. M.
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