A la tête d’une cinquième colonne de l’OTAN : le novo-bachagha cueille la Syrie
Une contribution de Saadeddine Kouidri – A la tête d’une cinquième colonne de l’OTAN, la énième depuis Daech, le novo-bachagha cueille la Syrie qui a été affaiblie par la guerre perpétuelle que lui livrent Israël et ses alliés, ses intégristes et par le long règne de Bachar Al-Assad, jusqu’à se faire cueillir comme un fruit mûr le 8 décembre 2024 par un mouvement dirigé par l’ancien chef terroriste islamiste Ahmad Al-Charaa. Sous le surnom d’Al-Joulani, il a ajouté à l’escarcelle des Etats-Unis, la Syrie, qu’il a «libérée» d’Al-Assad, tout en étant incapable de la protéger des bombardements d’Israël.
Sachant que le but principal des Etats-Unis au Moyen-Orient est l’expansion du sionisme, le peuple syrien semble perdre une seconde fois son pays pour n’avoir pas réussi à dégager Al-Assad comme d’autres peuples avaient dégagé Ben Ali en Tunisie et Bouteflika en Algérie.
Quand on affirme que De Gaulle était pour l’indépendance, alors qu’en vérité il a été acculé par la Révolution algérienne, à la seule issue qui lui permettait de sauver la France, on franchit la frontière qui sépare l’histoire des peuples à celle de la colonisation. Une frontière que le pouvoir colonial, après sa défaite, s’est attelée à gommer sans y parvenir malgré l’appui de toute sa Droite et la Réaction d’ici et de là-bas jusqu’à la création d’une commission officielle d’historiens franco-algériens. Récemment le président français n’a été à Mayotte, en vérité, que pour s’assurer que le cyclone Chido a tué tout le monde, comme tout colon qui se respecte, en affirmant que «le problème des urgences dans ce pays, c’est que c’est rempli de Mamadou». Dépité par la réalité, il aurait lancé aux survivants, qu’ils demeurent : «10 000 fois plus dans la merde» en France. Macron prouve encore une fois que ceux qui répètent à satiété depuis des siècles que ce pays, celui des libertés et de la démocratie, omettent de préciser que c’est de la liberté et de la démocratie bourgeoise qu’il s’agit, à l’instar de ces panneaux publicitaires de l’aéroport de Tel-Aviv aujourd’hui qui font la promotion de la solidarité entre chrétiens et juifs, en omettant d’afficher que c’est contre les musulmans qui sont hors des royaumes arabes, et permettre à leurs colons de tuer l’autre impunément, tout le temps.
Les peuples ont toujours résisté aux injustices de cette démocratie au prix de leur vie. Leurs luttes arrivent aujourd’hui à pouvoir accuser à leur tour les coupables qui sont en majorité de hauts fonctionnaires, d’ex-présidents qu’ils traînent devant la justice et qui font la Une des médias mainstream, pour corruption, vol, viol, détournement de biens publics de leur pays et d’autres. Ils éclipsent les truands dans les prétoires des tribunaux jusqu’à montrer à celles et à ceux qui se noient dans un verre d’eau que la démocratie bourgeoise est le problème majeur de l’Humanité.
L’historien Patrick Wolfe affirme que «le colonialisme de peuplement est comme une structure plutôt qu’un événement fondé sur l’élimination plutôt que sur l’exploitation de la population autochtone, le distinguant ainsi du colonialisme classique» et du protectorat. Ne pas les distinguer vous fait oublier que De Gaulle est parmi les tortionnaires dont les mains sont tachées de sang de millions d’innocents Africains.
On se demande quelle est cette paix régionale que les autorités syriennes annoncent vouloir instaurer quand Israël ne cesse de bombarder leur pays tout en réprimant une manifestation qui proteste contre leur présence. On peut dire que le pays passe de la dictature d’Al-Assad à celle de Netanyahou, à croire que les Syriens passent de la peste au choléra par une transition euphorique.
A travers l’histoire, l’idéologie n’est pas caduque, lorsque celui qui l’utilise est vaincu. La colonisation de peuplement n’est pas uniquement une action de meurtre et de rapine, elle est aussi une mentalité. Elle est qualifiée de néocoloniale lorsque l’amnésie a fait son effet. Les auxiliaires de la colonisation sont des centaines de milliers, et lorsque la majorité enlève l’uniforme de leur maître, ils baissent forcément le pantalon, mais pas forcément la tête.
Comme quoi, croire que le colonialisme de peuplement est enraciné uniquement dans la matérialité et, a contrario, que l’islamisme, par exemple, n’est que mental, faisant fi des mosquées, demeurent des pièges à cons élaborés dans les plus grands laboratoires de la culture impérialiste, que sont leurs universités, leurs cinémas, leurs médias, leurs arts, leurs distractions, leurs publicités pour affecter les sociétés à soumettre, les espaces à conquérir jusqu’à rabaisser toute République à un royaume où vit le sujet du roi et non le citoyen. Ils font que ni la culture ni les sciences ne demeurent neutres dans l’expansion du projet de société de la soumission aux plus riches.
La Palestine serait-elle le dernier bastion du colonialisme de peuplement, qui se perpétue depuis cinq siècles ? Rappelons que les juifs subissaient l’antisémitisme depuis presque 2000 ans avant qu’ils ne subissent la Shoah perpétrée par les Allemands nazis, avec la collaboration de la France de Vichy et de tous les racistes du monde.
L’alliance du juif et du chrétien au lendemain de la Seconde Guerre mondiale a été scellée non pas uniquement en contrepartie de terres palestiniennes mais, surtout, pour s’allier à leurs ennemis mortels. Cela demeure un paradoxe pour ceux qui réduisent le nazisme à «un mouvement, un parti politique, une stratégie ou un Etat», alors qu’il est «à voir comme un monde en soi, enraciné dans la matérialité, les croyances et les affects des sociétés et des individus». Le leader communiste bulgare Gueorgui Dimitrov disait : «Le fascisme est l’enfant terrible du capitalisme.» On peut dire aujourd’hui qu’il est l’ancêtre du sionisme.
Ce dernier ne poursuit pas les Arabes comme il est répété trop souvent, sinon il aurait qualifié le terrorisme d’arabe et non islamique. Il faut aussi rappeler que l’Iranien, par exemple, n’est pas arabe. Victime de l’antisémitisme, par ressentiment, il combat la liberté dont il a été privé trop longtemps sauf qu’il s’en prend aux Palestiniens et non à ses bourreaux qui étaient allemands. Il s’attaque aux plus faibles, comme le faisaient les racistes tout au long de l’histoire. S’il accole l’islam au terrorisme, c’est pour l’affaiblir davantage car il est le dernier paradigme, la troisième religion d’Abraham que le capitalisme a eu le malheur d’introduire en politique, suite aux deux autres pour s’en servir à affaiblir ses adversaires jusqu’à en faire des sujets et continuer son expansion en toute impunité comme aujourd’hui en Syrie. Son utilisation des religions a rendu l’intérêt du capitaliste sans limite, au point où son système politique est devenu hypertélique, le menant à commettre de plus en plus de monstruosité en Palestine.
Je termine par une sentence qui résume la magistrale intervention d’Ayméric Caron qui dénonce le silence de la France, complice du génocide en cours depuis trop longtemps : tous ceux qui se taisent sur ce qui se passe à Gaza se sont discrédités sur tous les sujets.
S. K.
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