Macron enfonce la France dans une mascarade politique d’un grotesque sans précédent
Par Mohamed El-Maadi – Voilà qu’Emmanuel Macron, dans un ultime pied de nez à toute cohérence, installe à Matignon ce vieux briscard de Bayrou, transformant définitivement l’Exécutif en refuge pour politiciens recyclés. Le Béarnais, qui paradait hier encore en donneur de leçons avec sa Haute Autorité de la transparence, se vautre aujourd’hui dans les dorures de Matignon, tel un moraliste déchu qui aurait troqué sa vertu contre un maroquin.
L’ironie atteint des sommets vertigineux avec la nomination de Darmanin à la Justice. Le voilà passé de chasseur à garde-chasse, ce caméléon ministériel qui transformait hier l’Intérieur en laboratoire de ses fantasmes sécuritaires. Le voici désormais gardien des libertés qu’il s’employait à rogner avec tant d’ardeur. Un retournement de veste si spectaculaire qu’il mériterait une médaille d’or aux Jeux olympiques de l’opportunisme politique.
Cette mascarade gouvernementale illustre la décomposition terminale d’un système politique où les principes se monnaient comme des jetons de casino. Macron, tel un croupier cynique, distribue les cartes ministérielles dans une partie de poker menteur où les seules règles sont celles de l’ambition personnelle et du reniement idéologique.
Le spectacle est d’autant plus pathétique que ces saltimbanques en costume-cravate osent encore parler de «responsabilité» et de «vision pour la France». Quelle vision, sinon celle d’un pays transformé en terrain de jeu pour égo surdimensionnés ? Quelle responsabilité, quand la seule constante de leur action est la trahison méthodique de leurs engagements ?
Dans les couloirs feutrés du pouvoir, les technocrates en service commandé s’emploient déjà à théoriser ce énième coup de théâtre politique. Les éditorialistes domestiqués y verront sans doute une «recomposition audacieuse», quand il ne s’agit que du dernier soubresaut d’un régime à bout de souffle, où les mêmes acteurs médiocres tournent en boucle dans un casting sans fin.
Bayrou, ce tartuffe moderne qui se rêvait en conscience morale de la République préside désormais aux destinées d’un gouvernement dont la seule boussole est le maintien au pouvoir. Quant à Darmanin, ce commis-voyageur de l’autoritarisme reconverti en garde des Sceaux, il incarne parfaitement cette génération politique pour qui les convictions sont des obstacles à contourner plutôt que des principes à défendre.
La démocratie française ressemble désormais à un théâtre d’ombres chinoises où les marionnettes changent de rôle sans changer de nature. Les ministères se négocient comme des parts de marché, les principes républicains se bradent comme des soldes d’hiver, et l’intérêt général n’est plus qu’une variable d’ajustement dans l’équation du maintien au pouvoir.
Cette République des copains et des coquins atteint des sommets dans l’art de la mystification politique. Les conflits d’intérêts deviennent des «synergies d’expérience», les trahisons idéologiques des «adaptations pragmatiques», et les échecs patents des «ajustements nécessaires». Le tout sous le regard complaisant d’une presse aux ordres qui transforme ce naufrage démocratique en feuilleton politico-médiatique.
Pendant ce temps, la France réelle contemple, médusée, ce ballet des apparatchiks où les mêmes figures usées jusqu’à la corde continuent leur danse macabre. Les citoyens, réduits au rôle de spectateurs impuissants, assistent à la transformation de leur pays en une oligarchie technocratique où le pouvoir tourne en vase clos, tel un manège sinistre dont les chevaux de bois auraient été remplacés par des carriéristes en costume trois-pièces.
Cette nomination de Bayrou et Darmanin n’est que le dernier acte d’une tragédie politique où les fossoyeurs de la République paradent en sauveurs de la nation. Le macronisme, cette entreprise de démolition des institutions déguisée en modernisation politique, atteint ici son paroxysme dans l’art de la confusion des genres et du grand n’importe quoi gouvernemental.
La gangrène politique qui ronge les institutions françaises n’est même plus dissimulée ; elle s’expose avec l’impudeur des régimes finissants, comme un cancer qui aurait métastasé jusqu’au sommet de l’Etat. Les rats dansent sur le pont du navire France, pendant que la cale prend l’eau de toutes parts. Et dans ce naufrage orchestré, Bayrou et Darmanin ne sont que les derniers avatars d’une classe politique en décomposition avancée, qui pue la fin de règne mais continue de parader comme si de rien n’était.
M. E. M.
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