Expulsion ratée d’un citoyen algérien : la France a commis une double faute
Par Nabil D. – Le ministre français de l’Intérieur a estimé que le renvoi par l’Algérie du ressortissant répondant au prénom de Boualem, était motivé par une volonté du gouvernement algérien d’humilier la France. Les médias français de tout bord en font des gorges chaudes, reprenant en chœur les propos condescendants de Bruno Retailleau à l’égard de notre pays.
Or, il s’avère que si l’Algérie a refusé d’accueillir ce citoyen détenteur de la nationalité algérienne, accusé de porter atteinte à la sécurité de la France en proférant des menaces contre les «opposants» activant à partir du territoire français, c’est parce que le ministre de l’Intérieur n’a pas respecté les formalités diplomatiques. En effet, toute expulsion est conditionnée par l’obtention d’un laissez-passer consulaire, alors qu’aucune demande en ce sens n’a été formulée auprès du consulat d’Algérie à Montpellier, où le concerné réside.
On voit bien que la tentative ratée d’expulser ce ressortissant algérien, établi de façon régulière en France, est une opération éminemment médiatique voulue par le ministre de l’Intérieur en coordination avec l’Elysée. Une opération qui s’inscrit dans la campagne de dénigrement qui vise l’Algérie et qui a atteint son paroxysme depuis le discours provocateur d’Emmanuel Macron, lequel a affirmé que l’Algérie «se déshonore» en mettant en prison l’agent Boualem Sansal. Le renvoi de l’expulsé a mis Bruno Retailleau et le gouvernement français dans une situation gênante vis-à-vis de l’opinion française qui découvre, ainsi, qu’elle est dirigée par des fanfarons.
Le successeur de Gérald Darmanin à la place Beauvau a commis une seconde infraction à la législation française, en embarquant le ressortissant algérien de force dans un avion en direction d’Alger, alors que son procès, prévu en février, ne s’est pas encore tenu. Le gouvernement est, de ce fait, passé outre une décision de justice qui n’a même pas encore été rendue, se faisant, dès lors, juge et partie à la fois, et privant l’Algérien de son droit inaliénable à un jugement équitable. C’est une violation flagrante de la loi, estiment des sources proches du dossier, qui relèvent que l’accusation qui lui est collée est fallacieuse, à partir du moment où les réseaux sociaux foisonnent d’intervenants autrement plus violents, notamment des Marocains à la solde du Makhzen, sans qu’ils soient jamais inquiétés.
Une grande panique s’est emparée du pouvoir illégitime français, dont le gouvernement éphémère sera bientôt dégagé par le Parlement, entraînant la France dans une crise politique grave, qui poussera le président à démissionner ou obligera des institutions habilitées à réclamer son départ, voire à actionner l’article 7 de la Constitution relatif à l’empêchement. Cet article stipule qu’«en cas d’empêchement constaté par le Conseil constitutionnel saisi par le gouvernement et statuant à la majorité absolue de ses membres, les fonctions du président de la République […] sont provisoirement exercées par le président du Sénat et, si celui-ci est à son tour empêché d’exercer ses fonctions, par le gouvernement. En cas de vacance ou lorsque l’empêchement est déclaré définitif par le Conseil constitutionnel, le scrutin pour l’élection du nouveau président a lieu […].»
Dans le cas français, rendu complexe par l’entêtement d’Emmanuel Macron à imposer un gouvernement qui n’est pas issu des formations ayant remporté les dernières législatives, le gouvernement tombera pour une seconde fois dans quelques semaines et ce sera, alors, soit au Parlement, soit à la rue d’exiger le départ du locataire de l’Elysée, pour en finir avec huit ans d’une double mandature catastrophique sur tous les plans.
N. D.
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