Les essais nucléaires sataniques français en Algérie : Béryl, brûlure pour 24 000 ans…
Le 1er mai 1962, à la veille de la proclamation de l’Indépendance, la France procède à un nouvel essai atomique dans la région d’In Ekker. Nom du tir : Béryl… Explosion dévastatrice.
In Ekker martyre
Béryl, substance minérale dont une sorte d’émeraude, pour les innocents, tandis que ce joyau, le béryl, est mentionné dans les textes bibliques comme l’une des pierres précieuses dont se serait paré le roi de Tyr considéré comme l’une des incarnations de Satan. On ne pouvait choisir mieux comme référence pour cette explosion nucléaire qui a surpris même ses auteurs, tellement la déflagration – pourtant sous-terraine – fut d’une puissance dépassant toutes les prévisions. Les radiations ont été si importantes que ni les masques ni les combinaisons, pas même les abris, n’ont pu protéger le personnel scientifique et militaire présent sur les lieux. Que dire des populations «indigènes» victimes de la barbarie coloniale ? La version française au sujet de «cet accident nucléaire» retiendra surtout la fuite du ministre des Armées de l’époque, Pierre Messmer, et son collègue du gouvernement chargé de la recherche scientifique, Gaston Palewski, tous deux réunis sur les lieux pour se féliciter des avancées technologiques de la France dans ce domaine stratégique de la dissuasion atomique.
Barbarie française
On pourrait s’attarder sur les causes à l’origine de l’accident, caractérisé par les fuites radioactives d’un essai qui prétendait se produire dans les entrailles d’un massif de granite du Taourirt Tan Afella, au nord de Tamanrasset, mais ce sont surtout les graves conséquences sur l’environnement et les populations autochtones qui doivent interroger l’opinion publique algérienne et internationale. Sujet trop longtemps occulté, voire censuré par l’Etat français qui ne veut toujours pas assumer ses responsabilités. Pour éviter les indemnisations dues aux victimes algériennes et françaises. Une volonté évidente de se soustraire au devoir de décontamination d’immenses sites pollués pour des milliers d’années. Le pays de Rabelais ayant ruiné son âme en engageant sa science sans conscience en terre colonisée, martyrisée pendant 130 ans d’ignominie. Champignon sur le gâteau que ces essais atomiques pour achever un peuple ayant subi la confiscation et le séquestre des terres, la féodalisation de l’agriculture, les massacres, les viols, la torture et la déportation des résistants dont les crânes ont été collectionnés, conservés comme des trophées dans les musées de la barbarie française.
Coupable déni
Il aura fallu plus d’un demi-siècle après l’Indépendance, mille demandes officielles de la part des autorités algériennes pour que Paris commence à reconnaître quelques cruels actes criminels perpétrés contre des martyrs le glorieuse Révolution. Cependant, dès qu’il s’agit des essais nucléaires, la France d’aujourd’hui se cabre, proteste, gesticule et minimise les faits dans un déni de la réalité conjugué à un refus catégorique de prendre en charge le volet de la réparation. Ni indemnisation financière à la hauteur du préjudice ni repentance sur le plan symbolique et moral. Pis, dans une dialectique honteuse qui inverse les rôles, des responsables politiques, dont l’actuel président Emmanuel Macron, osent accuser le gouvernement algérien d’abuser de «la rente mémorielle». Belle fuite en avant chez les destructeurs des atolls du Pacifique, bourreaux de paisibles populations du grand Sud algérien atteintes, sur plusieurs générations, par des cancers et malformations congénitales dues à l’hyper radioactivité. Si bien que c’est dans le reportage d’une chaîne de télévision française qu’on peut entendre ce terrifiant commentaire scientifique : «Après six ans d’essais nucléaires en Algérie, dans certaines zones, la radioactivité commencera à décroître dans 24 000 ans.» Césium 137, plutonium, déchets radioactifs qui ont contaminé depuis des décennies une vaste étendue du pays où la vie des hommes, de la faune ou de la flore a été perturbée à jamais.
Vent de vérité
Aujourd’hui, le gouvernement français, soumis à la férule de l’extrême-droite, s’efforce tactiquement de gâter les relations diplomatiques avec l’Algérie résolument indépendante et déterminée à défendre la mémoire des victimes décédées, mais aussi les droits des populations encore soumises aux très fâcheuses conséquences des essais nucléaires criminels. Le tir de Béryl a affecté les militaires et scientifiques français comme il a brûlé des Algériens et leur descendance en provoquant un grave traumatisme collectif. La décontamination attend toujours, alors que, récemment, un sirocco a emporté les grains rouge de sable saharien jusqu’à Marseille, la deuxième ville de France, en recouvrant les maisons, l’asphalte et les automobiles d’une pellicule de silice dont des prélèvements et analyses ont révélé une radioactivité anormalement élevée. Retour à l’envoyeur ou ironie du sort, quand le vent de la vérité souffle par-delà la Méditerranée pour rappeler, aux uns et aux autres, que l’Algérie a trop souffert de la barbarie française pour l’oublier.
N. M.
In El-Moudjahid
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