Diplomate sahraoui : «Nous achèterons des drones pour répondre au Maroc»
Par Houari A. – Le diplomate sahraoui Brahim Mokhtar a affirmé que les drones tueurs se trouvaient sur le marché et que l’armée sahraouie allait s’en procurer également, en réponse à une question du journal français L’Humanité sur l’usage par le Maroc de ce type d’armes moderne. «C’est une question de temps», a-t-il soutenu. Cet ancien ministre laisse entendre, ainsi, que la guerre qui oppose le Front Polisario aux troupes de Mohammed VI risque de connaître une escalade à l’avenir si le Conseil de sécurité de l’ONU ne prend pas ses responsabilités et n’accélère pas la tenue du référendum d’autodétermination empêché par Rabat et Paris.
Justement, au sujet de la France, l’ambassadeur sahraoui a expliqué que celle-ci, ayant perdu du terrain dans ses anciennes colonies africaines, cherche à s’y maintenir à travers le Maroc. «Je pense que la France officielle traverse une situation très difficile au niveau de l’Afrique, avec ce qui se passe au Sahel, le départ des forces françaises de plusieurs pays», a-t-il expliqué. Aussi, «il lui est nécessaire d’avoir un pied solide sur le continent, ce n’est pas possible en Algérie, même s’ils ont tout essayé, donc il ne restait que le Maroc», a-t-il étayé.
«L’autre versant, ce sont les intérêts économiques des entreprises françaises. Le Maroc a ouvert les portes pour les investissements, y compris au Sahara Occidental, en violation des accords européens. Je réaffirme toutefois que ce n’est pas nouveau, ni une surprise : la France officielle a toujours été contre nous, contre notre indépendance, notre droit à l’autodétermination», a dénoncé l’ambassadeur sahraoui. «La France a toujours bloqué toute résolution favorable aux Sahraouis au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU», a-t-il déploré, en assurant, toutefois, que «cela n’empêchera pas le peuple sahraoui de continuer sa lutte de libération».
Brahim Mokhtar a fait savoir que la République sahraouie envisageait des mesures juridiques contre la violation de son espace aérien par les compagnies européennes. «L’Europe a précisé que les espaces aériens du Sahara Occidental ne peuvent être inclus dans les dessertes marocaines des compagnies, mais, pour l’heure, cette décision n’est pas respectée», a-t-il fait remarquer, en notant que «le régime marocain essaie toujours de faire croire à son opinion que l’Europe est avec lui, que de grands pays reconnaissent sa prétendue souveraineté sur le Sahara Occidental», mais que les verdicts de la Cour de justice de l’Union européenne «le démentent».
A une question sur la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, l’ancien membre du gouvernement sahraoui a relativisé l’ampleur de ce que le Makhzen présente comme une série de victoires diplomatiques. Il explique que Donald Trump n’a reconnu cette souveraineté que sur un réseau social et non dans un document officiel, que la décision personnelle du chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, n’engage pas l’Espagne officiellement et que ce qui est perçu comme un revirement du président français, Emmanuel Macron, n’en est pas un, en réalité. «La France est intervenue militairement avec les avions Jaguar en 1977 [contre le Polisario]», a-t-il rappelé.
Le diplomate sahraoui a relevé que le Maroc «va se trouver dans une situation difficile», en raison des pressions de Donald Trump qui veut imposer au régime de Rabat d’accueillir les populations de Gaza, que les Etats-Unis et Israël projettent de déporter par la force. «S’il accepte les Palestiniens, ce sera une catastrophe, et s’il refuse, ce sera une autre catastrophe», a-t-il dit.
H. A.
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