Attaf et Albares se sont parlé en marge du G20 : le sujet qui fâche occulté ?

Attaf Albares
Ahmed Attaf et son homologue espagnol, à Johannesburg. D. R.

Par Kamel M. – Un communiqué du ministère des Affaires étrangères indique que le chef de la diplomatie, Ahmed Attaf, s’est entretenu, ce vendredi à Johannesburg, avec son homologue espagnol, José Manuel Albares, en marge de la réunion ministérielle du G20. Le communiqué fait savoir, entre autres, que l’Espagne a remercié l’Algérie pour sa contribution à la libération du ressortissant espagnol Navaro Canada Joaquim, janvier dernier.

Le ministère des Affaires étrangères, qui poursuit en reprenant les formules protocolaires d’usage, ne précise pas si l’épineux dossier sahraoui a été abordé, d’autant que la crise entre les deux pays a été provoquée par la reconnaissance par le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, de la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental, dans une missive aussi personnelle que confidentielle qu’il avait adressée au roi Mohammed VI. Un changement brusque qui avait poussé l’Algérie à rappeler son ambassadeur à Madrid.

Les relations entre l’Algérie et l’Espagne ont connu une désescalade, bien que le gouvernement espagnol ne soit pas revenu sur sa décision de s’allier au régime du Makhzen. L’Algérie avait pris une série de mesures de rétorsion, mais n’a pas arrêté la fourniture du gaz à la partie espagnole, pour ne pas pénaliser le peuple espagnol à cause d’une décision irréfléchie d’un responsable politique, dont l’attitude a suscité une ferme opposition, y compris dans son propre camp. Le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab, avait, par ailleurs, assuré que l’Algérie respecterait le contrat qui lie le groupe pétrolier national Sonatrach à son client espagnol. La livraison de gaz naturel liquéfié à l’Espagne se fait par voie maritime depuis la fermeture, côté algérien, du gazoduc traversant le Maroc.

Le changement de cap du gouvernement espagnol sur la question sahraouie, sous la conduite du Parti socialiste, n’a eu aucun impact sur cette dernière, les autorités espagnoles continuant de s’en tenir aux strictes résolutions des Nations unis, lesquelles exigent la tenue d’un référendum d’autodétermination et n’accorde aucun intérêt au plan d’autonomie, dont le président français, Emmanuel Macron, fait la promotion pour des raisons liées à la prédation des richesses minières et halieutiques sahraouies par les firmes françaises.

Le revirement inattendu de Pedro Sanchez a été expliqué par un possible chantage du Makhzen, dont on a appris qu’il avait inclus le Premier ministre espagnol dans sa liste des personnalités qu’il espionnait sans vergogne via le programme israélien Pegasus, avec la complicité du Mossad.

Il est très peu probable que la question du Sahara Occidental n’ait pas été inscrite à l’ordre du jour de la réunion entre les deux hommes, même si le cadre ne se prête pas à une discussion approfondie sur un sujet aussi complexe, en marge d’une rencontre multilatérale. On ne sait pas ce qu’Attaf et Albares se sont dits, ni si Madrid a rétropédalé pour corriger une erreur stratégique qui a failli détruire une vieille amitié solide entre les deux pays, fondée sur le respect mutuel et une coopération bénéfique pour les deux parties.

En dépit de la crise diplomatique, les mesures de rétorsion commerciales ont été levées côté algérien, tandis que l’Espagne ne s’est jamais servie de l’octroi des visas, dont le nombre n’a jamais été réduit, comme moyen de pression sur notre pays.

K. M.

Comment (14)

    Anonyme
    23 février 2025 - 9 h 34 min

    On en arrive presque à un point où l’on reprochera au ministère des Affaires étrangères de ne pas publier en ligne ses câbles diplomatiques, histoire d’apaiser les esprits.

    Pourtant, la semaine dernière, Trump a plongé un continent entier dans le chaos, et tout le monde a trouvé cela normal.

      Anonyme 3
      23 février 2025 - 14 h 58 min

      Trump a plongé un continent qui a occupé et exploité beacoup d’autres dans le chaos. Laissons les se bouffer entre eux. Trump sans le savoir est l’instrument d’une justice divine qui commence à bouger. Regardons avec beaucoup de satisfaction au lieu de le critiquer.

    Kadour El Vingtquatre
    23 février 2025 - 1 h 55 min

    La récente rencontre entre les ministres des Affaires étrangères d’Algérie et d’Espagne en marge du G20 marque un tournant diplomatique après la rupture provoquée par l’alignement de Madrid sur la position marocaine dans le dossier sahraoui. Cette reprise du dialogue offre une opportunité stratégique pour Alger : celle de replacer la question sahraouie dans sa réalité historique et de rappeler à l’Espagne qu’elle a été, et peut redevenir, un acteur clé pour l’application du droit international au Sahara occidental.
    L’Espagne, qui a une longue tradition anti-coloniale, est aujourd’hui piégée dans une contradiction : en cédant aux pressions marocaines, elle soutient indirectement une structure néocoloniale créée par la France sous Lyautey. Il est essentiel de souligner à Madrid que le Maroc, dans ses frontières actuelles, n’est pas une nation naturelle, mais une construction artificielle façonnée pour servir des intérêts impériaux. Ce fut le cas hier avec la France, qui y voyait un verrou contre l’Algérie indépendante, et c’est le cas aujourd’hui avec Israël et la France, qui y trouvent un levier pour préserver une influence déclinante dans la région.
    Le discours officiel marocain sur le Sahara n’est que la prolongation de cette logique. En abandonnant sa neutralité historique, l’Espagne s’est faite l’instrument d’une manœuvre où le Maroc ne joue qu’un rôle subalterne, celui d’exécutant des volontés étrangères. L’alignement du régime marocain sur des puissances extérieures est désormais flagrant, comme l’a démontré la récente déclaration d’Emmanuel Macron, qui, en affirmant la position de la France sur le Sahara, a révélé que le Maroc n’a même plus l’autonomie de porter son propre discours. Si la France parle à sa place, c’est parce qu’elle a compris que sa gestion indirecte du dossier sahraoui via Rabat ne fonctionne plus. Désormais, Paris doit monter en première ligne, signe évident de l’échec de son relais alaouite.
    Dans ce contexte, la diplomatie algérienne doit tirer parti d’un argument qui portera à Madrid : la question sahraouie n’est pas une simple querelle frontalière, mais la dernière résurgence d’un système colonial que l’Espagne elle-même a combattu dans son histoire récente. En rappelant que la présence marocaine au Sahara est une survivance de l’ordre néocolonial, l’Algérie peut s’adresser à l’Espagne en des termes qui résonnent avec ses propres principes et valeurs.
    Il s’agit donc d’adopter une approche claire et stratégique :
    1. Rappeler à l’Espagne son rôle historique** dans le Sahara occidental et l’incohérence de son abandon face aux pressions marocaines.
    2. Mettre en avant la nature néocoloniale du régime marocain**, non comme une question de rhétorique, mais comme une réalité historique démontrée par son alignement systématique sur des intérêts étrangers.
    3. Souligner que le dossier sahraoui est une question de décolonisation inachevée** et non un simple différend territorial.
    4. Encourager Madrid à adopter une posture souveraine**, en se libérant des pressions externes qui l’ont poussée à trahir ses propres principes.
    Cette ligne de négociation permettra non seulement de repositionner l’Algérie comme défenseur d’un principe universel, c.-à-d. le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes , mais aussi de placer l’Espagne face à ses propres contradictions. Il ne s’agit pas ici d’une simple tactique diplomatique, mais d’une démarche de fond visant à résoudre la question sahraouie en attaquant directement ses racines : le fait que le Maroc, en tant qu’entité politique contemporaine, n’est qu’un outil dans un dispositif qui doit être déconstruit, celui du néocolonialisme.
    L’Algérie a l’occasion de rappeler aux Espagnols qu’ils ne doivent pas se tromper de combat. L’histoire leur offre une opportunité de rectifier leur position et de ne pas se rendre complices d’une entreprise dont ils furent, il y a un demi-siècle, les premières victimes. À eux de choisir s’ils veulent être du côté de la décolonisation ou du côté de ceux qui perpétuent les héritages coloniaux sous de nouveaux visages.

    Anonyme
    22 février 2025 - 16 h 49 min

    Ce qui a fait changer la position de l Algérie vis-à-vis de l Espagne est mon avis la position de cette dernière en faveur des Palestiniens.
    Et oui, nous, Algériens sommes malheureusement très émotifs.
    Alors que les motifs qui nous ont éloignés de l Espagne n ont pas changé, pourquoi alors notre changement politique envers ce pays.
    C est pas du sérieux.
    Demain on pardonnera aussi à la France, parce Macron ou autre politique nous aurait adressé quelques jolis bons mots.
    J ai toujours pensé à que ce sont les principes qui guident notre politique, quitte à ne pas être pragmatique parfois, parce qu on a les moyens de notre politique.

    Belveder le retour
    22 février 2025 - 16 h 04 min

    Ca ne sert à rien de bomber le torse
    Rouler des mécaniques
    Pour reculer après
    Tout le monde a compris on joue la carte
    De l Italie parfois l’Espagne parfois L Allemagne parfois la chine parfois le Russie parfois les USa ..
    Les grands écarts ca fait mal aux..
    Ce n’est pas de la diplomatie
    C est un jeu de Girouette nuisible à la crédibilité de l Algerie
    Et pour qui?? Pour quoi ??

      Anonyme
      23 février 2025 - 0 h 16 min

      Le retour du clampin de la France.

      Anonyme 2
      23 février 2025 - 0 h 18 min

      Il n’y a point besoin de préciser le retour puisqu’il n’y a jamais eu d’aller .

    L'ESPAGNE N'A JAMAIS ETE AUSSI LOIN QUE LA FRANCE
    22 février 2025 - 13 h 16 min

    l’espagne a adopté une position très équilibrée, entre ne pas froisser le maroc dont elle colonise ceuta et mellila et ne pas enfreindre le droit international, en supportant les décisions de l’ONU.
    l’espagne n’a pas voulu donner au maroc, et à juste titre, le contrôle de l’espace aérien du sahara occidental, ce qui constitue un danger pour toute la région y compris pour l’espagne. et l’espagne respecte le droit européen, même si elle fait mine de ne pas être d’accord, alors qu’au fond ça l’arrange, et elle ne l’enfreigne pas, contrairement à la france.
    l’espagne connait très bien les marocains et le maroc, qui sont des traitres, des lâches et des vicieux. la france va les connaitre très bientôt, car les marocains se cachent derrière les algériens, et se font même passer pour des algériens, en france, et va s’en mordre les doigts, elle va regretter les algériens, et c’est écrit !
    les algériens retiendront ce sondage dans lequel 78% des français préfèrent les marocains et que seuls 20 % aiment les algériens. on prend notre mal en patience, et rira bien qui rira le dernier.

    la france quant à elle, elle va beaucoup plus loin. trop loin. normal cette colonisation marocaine en 1976 est l’oeuvre de la france, qui pense récupérer ses colonies en Afrique via l’expansionnisme marocain. mauriatnie et tous les pays du monde attention, la france et le maroc sont semblables et identiques, lâches , fourbes, vicieux et menteurs, ils vous jurent sur la tête de leurs propres enfants qu’ils ne vous trahissent pas, mais à la moindre occasion, ils vous détruisent et vous donnent un coup de poignard dans le dos. LES AMÉRICAINS LE SAVENT ET LES CONNAISSENT TRÈS BIEN. france en 1830 et maroc en 1963, ont fait pareil à l’algérie, mais l’algérie est un gros morceau, idiots qu’ils sont, ils ne connaissent pas l’histoire de l’algérie et de ses redoutables guerriers, et c’est eux qui vont être détruit, car allah soubhanou el qahar el moudhil est avec nous et JAMAIS avec eux.

    Mansour
    22 février 2025 - 11 h 26 min

    « Le revirement inattendu de Pedro Sanchez a été expliqué par un possible chantage du Makhzen, dont on a appris qu’il avait inclus le Premier ministre espagnol dans sa liste des personnalités qu’il espionnait sans vergogne via le programme israélien Pegasus, avec la complicité du Mossad. »
    >>>> Vous y croyez, vraiment ?

    Brahms
    22 février 2025 - 9 h 11 min

    Le MAROC a une dette de 31 milliards d’€ sur la France,

    Le créancier tient le débiteur et impose ses conditions, c’est la loi du surendettement. Quand on s’amuse avec l’argent, un jour, on en paie les pots cassés.

    L’argent, il faut le respecter sinon, il vous fera comprendre qui est le Maître. Cette méthode fonctionne pour un citoyen lambda ou un pays et l’Algérie avec le FMI en avait gardé un goût amer en 1988.

    Les richesses naturelles du pays ne doivent pas être bradées à vils prix en remerciant untel, il n’y a aucun merci à avoir, demain et après demain, ce sera toujours l’argent qui sera au milieu de la table.

    Pour s’en convaincre, rendez vous dans une galerie, si vous n’avez pas d’argent, le commerçant ne vous donnera rien du tout, il faudra payer pour avoir ou pour posséder.

    Le gratuit c’est très mauvais ça donne un mauvais signal, il faut toujours fixer un prix sinon, les gens profiteront toujours de vous, c’est la loi du marché.

    L'Oranais
    22 février 2025 - 8 h 31 min

    « Le changement de cap du gouvernement espagnol sur la question sahraouie, sous la conduite du Parti socialiste, n’a eu aucun impact sur cette dernière ». Je n’en suis pas si sur, car c’est à la suite de la décisions espagnole que Macron à reconnu à son tour la souveraineté marocaine sur cette région, voyant les nombreux contrats obtenus par Madrid auprès du makhzen.
    Par ailleurs, le fait que Alger ait renoué ses relations avec Madrid sans aucun résultat ni retour sur la question sahraouie laisse probablement présager à Paris la même chose.
    On fait tout un patacaisse, puis plusieurs mois après on revient docilement comme si de rien ‘était. Comment voulez vous que l’on soit pris au sérieux?

    Dr Kelso
    22 février 2025 - 7 h 56 min

    L’Espagne est toujours administrativement la « puissance » occupante …
    FREE WESTERN SAHARA
    FREE NAÂMA ASFARI

    Abou Stroff
    22 février 2025 - 7 h 14 min

    « Il est très peu probable que la question du Sahara Occidental n’ait pas été inscrite à l’ordre du jour de la réunion entre les deux hommes, même si le cadre ne se prête pas à une discussion approfondie sur un sujet aussi complexe, en marge d’une rencontre multilatérale. » souligne K. M..

    je pense qu’il faut être d’une naïveté maladive pour croire que le sort du peuple sahraoui puisse se régler ailleurs qu’au bout du fusil.

    en effet, lorsque l’armée sahraouie aura battu l’armée du makhzen et occupé le territoire sahraoui dans sa totalité, alors, l’espagne, la france, les usa et ………………….. même les martiens, reconnaitront la souveraineté des Sahraouis sur le Sahara Occidental.

    le reste, tout le reste n’est que de la prose indigeste pour niais confirmés.

    wa el fahem yefhem

    zardoff
    22 février 2025 - 6 h 54 min

    Tres bien que les Algériens choisissent l’Espagne comme destination d’immigration puisque les Francais « racistes ,islamophobes et laïques  » ne veulent plus des Algériens ,ainsi tout le monde sera content

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