Menace franco-marocaine : répondre par des manœuvres algéro-sahraouies ?
Par Kamel M. – Les Français ont franchi un nouveau pas dangereux dans l’action anti-algérienne. C’est à un véritable casus belli qu’est désormais confrontée l’Algérie, qui a réagi promptement à l’information faisant état de la tenue d’un exercice militaire entre les armées marocaine et française au plus près de nos frontières terrestres. Le ministère des Affaires étrangères a jugé impératif de convoquer l’ambassadeur de France à Alger, pour lui signifier le rejet catégorique de telles manœuvres qui portent gravement atteinte à la sécurité de l’Algérie, en lui demandant instamment de faire parvenir la réponse algérienne à sa hiérarchie, signe que les autorités algériennes, en tête desquelles le haut commandement de l’armée, ne saurait rester les bras croisés devant ce nouvel affront.
L’Algérie détient des leviers importants par lesquels elle peut riposter à cette démarche qui ne fera qu’envenimer les relations houleuses entre Alger et Paris, depuis que le président français a décidé, de façon unilatérale et par un comportement irréfléchi personnel, de reconnaître la marocanité du Sahara Occidental occupé, foulant aux pieds la légalité internationale et annihilant tout espoir d’une réconciliation sincère et durable entre l’Algérie souveraine et la France néocoloniale. Emmanuel Macron est conscient qu’il est allé trop loin dans les actions inamicales à l’égard d’un partenaire important que la France est en train de perdre, dans une conjoncture extrêmement défavorable à la partie française.
Priver les Français du gaz algérien, alors que l’Europe souffre d’une pénurie de cette énergie vitale depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et l’inintelligent boycott des livraisons russes, poussé jusqu’à saboter le gazoduc par lequel le Vieux Continent recevait son quota qui représentait la plus grande quantité importée, aurait des conséquences désastreuses pour les citoyens français, déjà en situation de grande précarité énergétique. Une rupture côté algérien impacterait irrévocablement l’industrie française qui verrait les prix augmenter de façon exponentielle, si la France devait compenser les quantités perdues auprès des Etats-Unis ou du Qatar, sans compter les retards que cela induirait.
Sur le plan militaire, si la France venait à maintenir l’exercice prévu avec l’armée de Mohammed VI, l’Algérie pourrait, à son tour, organiser des manœuvres militaires d’une grande précision, comme elle en détient une grande maîtrise sur le terrain, pour renforcer les capacités militaires sahraouies et mettre au point des tactiques de combat élaborées par la très expérimentée Armée nationale populaire, pour permettre aux forces armées du Sahara Occidental de gagner de nouvelles positions, voire, pourquoi pas, occuper des territoires derrière les lignes ennemies.
Beaucoup ignorent deux faits importants ayant marqué la guerre de libération que mènent les soldats sahraouis vaillamment face à l’occupant marocain. Le premier concerne les centaines de militaires marocains faits prisonniers par le Front Polisario et que l’ancien roi Hassan II a refusé de récupérer, pour ne pas dévoiler la grande bérézina subie par ses troupes. Le second, tenu secret à ce jour, a trait à une situation désespérée dans laquelle s’est trouvée une division de l’armée marocaine, au milieu des années 1980, encerclée par l’armée sahraouie. Devant son incapacité à desserrer l’étau, le commandant de ladite division a, alors, averti son état-major à Rabat que si des renforts n’étaient pas envoyés, il s’adresserait directement aux Algériens pour leur annoncer sa reddition.
Le roi du Maroc n’avait d’autre choix que de supplier le président Chadli Bendjedid d’intercéder auprès des responsables du Polisario pour lever le siège et laisser les militaires marocains regagner le Maroc. Le président Chadli, par humanisme, a chargé ses collaborateurs de prendre langue avec les responsables sahraouis pour leur demander d’ouvrir la voie à la division marocaine et d’éviter ainsi un bain de sang.
Si les états-majors français et marocain ignorent ces deux vérités, ils sont désormais informés. Sauf que l’inclination chafouine marocaine et la hargne revancharde française ont redoublé avec le temps, et l’Algérie, militairement apprêtée, recourra aux moyens humains et matériels gigantesques dont elle dispose, pour défendre son intégrité territoriale, si jamais celle-ci était menacée.
K. M.
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