Chimères impériales
Par Mohamed El-Maadi – Dans un acte de provocation à peine voilé, la France orchestre des manœuvres militaires avec le Maroc aux frontières algériennes. Cette démonstration de force n’est pas un simple exercice routinier, mais le symptôme d’une stratégie géopolitique plus vaste et inquiétante. La convocation de l’ambassadeur français n’est qu’un premier acte dans ce qui s’annonce comme une reconfiguration majeure des rapports de force en Afrique du Nord.
La France de Macron, englués dans ses contradictions internes et sa quête désespérée de pertinence internationale, tente de repositionner ses pions sur l’échiquier maghrébin. Cette politique s’inscrit dans une double logique : l’instrumentalisation du Maghreb dans sa confrontation avec la Russie et la tentative de maintenir une influence déclinante dans son ancien précarré colonial.
Les stratèges parisiens, dans leur arrogance caractéristique, semblent avoir oublié les leçons de l’histoire. L’Algérie moderne n’est plus cette nation qu’on peut intimider par quelques démonstrations martiales aux frontières. Notre arsenal militaire, notre expertise stratégique et nos alliances internationales font de nous un acteur majeur que l’on ne peut plus traiter avec condescendance.
La France joue un jeu dangereux en tentant d’intégrer l’Algérie dans sa confrontation avec la Russie. Cette tentative d’instrumentalisation du Maghreb dans le conflit OTAN-Russie révèle une lecture simpliste et périlleuse des réalités géopolitiques. L’Algérie n’est pas un pion sur l’échiquier occidental, mais une puissance souveraine avec ses propres intérêts stratégiques.
Le livre blanc de l’armée française, en identifiant l’Algérie comme potentiel adversaire, ne fait que confirmer ce que nous savions déjà : Paris n’a jamais véritablement accepté l’indépendance algérienne et continue de nourrir des fantasmes de domination régionale. Cette vision anachronique se heurte pourtant à une réalité implacable : l’Algérie dispose aujourd’hui des moyens de sa politique et de sa défense.
L’alliance franco-marocaine, soutenue en coulisse par les réseaux sionistes, tente de dessiner une nouvelle carte géopolitique de la région. Mais ce calcul néglige un facteur essentiel : la résilience et la détermination du peuple algérien. Chaque provocation ne fait que renforcer notre cohésion nationale et notre résolution à défendre notre souveraineté.
La France doit comprendre que ses manœuvres d’intimidation sont contre-productives. En choisissant la voie de la confrontation, elle risque de précipiter exactement ce qu’elle prétend vouloir éviter : une déstabilisation régionale majeure. Le peuple français, déjà critique envers les aventures militaires de Macron, doit prendre conscience des conséquences désastreuses d’une politique étrangère irresponsable.
L’heure n’est plus aux non-alignés, certes, mais l’Algérie n’a pas besoin de choisir un camp : elle est son propre camp. Notre politique de défense, nos alliances stratégiques et notre position géopolitique nous permettent de faire face à toute menace, d’où qu’elle vienne.
La réponse algérienne doit être calibrée et multidimensionnelle : diplomatique, militaire, économique et informationnelle. Nous devons exposer au monde la dangereuse escalade française tout en renforçant nos capacités de défense et nos alliances stratégiques. La France découvrira, peut-être à ses dépens, que l’Algérie de 2025 n’est pas celle qu’elle imagine dans ses projections néocoloniales.
Cette crise révèle une vérité fondamentale : la France reste prisonnière de ses chimères impériales, incapable de concevoir une relation équilibrée avec ses anciennes colonies. Mais le temps des empires est révolu, et l’Algérie, forte de son histoire et de ses capacités, est prête à défendre ses intérêts vitaux face à toute menace, aussi sophistiquée soit-elle.
M. E.-M.
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