Documentaire censuré par la France : République du mensonge et du colonialisme génocidaire

Rachida Dati
Rachida Dati, ministre de l'Imprimatur. D. R.

Une contribution de Khaled Boulaziz – La France, où les droits de l’Homme sont élevés au rang de religion, se vautre pourtant dans une hypocrisie crasse lorsqu’il s’agit d’assumer ses crimes. Elle érige des principes universels comme des dogmes intangibles, distribue les leçons de morale au reste du monde, tout en enterrant soigneusement les chapitres les plus ignobles de son histoire. Cette nation, si prompte à dénoncer les exactions d’autrui, tremble dès qu’il est question de lever le voile sur ses propres abominations. Preuve en est, une fois de plus, avec la censure du documentaire «Algérie. : la section des armes spéciales» par France Télévisions, un acte de lâcheté institutionnelle révélant l’incapacité pathologique de l’Etat français à affronter son passé colonial.

La vérité, c’est que la France ne peut tolérer que soient exposées ses exactions, ses massacres et son usage criminel d’armes chimiques contre ceux qu’elle prétendait civiliser. La Guerre d’Algérie a été une orgie de barbarie, et l’occupant français, incapable de vaincre la détermination du peuple algérien, n’a reculé devant aucune ignominie. Tortures systématiques, viols, exécutions sommaires, villages rasés au napalm, armes chimiques expérimentées sur des populations civiles. Voilà le bilan de cette République donneuse de leçons.

L’histoire du colonialisme français en Algérie est jalonnée d’horreurs méthodiques, de massacres soigneusement planifiés, d’expérimentations létales sur des populations entières. Dès 1845, l’armée française inaugure ses méthodes d’extermination avec les enfumades de Dahra : des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants sont poussés dans des grottes avant d’être asphyxiés par les fumées de feux allumés à l’entrée. «Il faut que ces gredins crèvent ici comme des renards», déclara le général Cavaignac, maître d’œuvre de ce premier crime de guerre méthodique. Plus tard, en 1852, le massacre de Laghouat marque une autre étape de la barbarie impériale : bombardements incessants, assauts sauvages, puis une extermination systématique des survivants. Hommes exécutés, femmes et enfants vendus comme esclaves, une boucherie absolue sous couvert de «pacification».

Mais la France ne s’arrêta pas là. Elle porta l’ignominie à son paroxysme avec l’utilisation massive d’armes chimiques, un crime que le documentaire censuré par France 5 entendait exposer. «450 génocides chimiques», selon certaines sources, furent orchestrés pendant la Guerre d’Algérie, pulvérisant du gaz toxique sur des populations rebelles, expérimentant sur les corps de civils la nouvelle doctrine de la guerre chimique moderne. Cette vérité insupportable, cet héritage criminel, la France refuse obstinément de l’admettre, préférant l’ensevelir sous un silence complice. Ces atrocités ont été perpétrées sur tout le territoire algérien, touchant aussi bien les combattants que les populations civiles, ciblant les montagnes, les forêts, les villages entiers considérés comme «zones interdites».

Les archives de l’armée française, bien que jalousement gardées, laissent entrevoir l’étendue du carnage : des bombes toxiques testées sur les moudjahidine de l’Ouarsenis, des substances mortelles répandues dans les grottes des Aurès où s’étaient réfugiés des familles entières, des largages aériens d’armes chimiques sur les résistants du Djurdjura, en Kabylie. Les témoignages des rares survivants évoquent des morts foudroyantes, des corps calcinés de l’intérieur, des agonies interminables provoquées par des gaz asphyxiants. On sait aussi que l’armée française a expérimenté des armes bactériologiques dans le Sud algérien, là où les essais nucléaires se déroulaient en secret.

Ces crimes, soigneusement effacés des manuels scolaires et absents du récit officiel, constituent pourtant une tache indélébile dans l’histoire de la République. L’Algérie n’a pas seulement souffert du plomb et du feu, elle a été le laboratoire des pires expérimentations militaires d’un pays qui se prétend civilisé.

Benjamin Stora, le chantre du projet mémoriel, n’a pas osé ouvrir ce grand chantier, préférant se cantonner aux petites histoires du grand colonialisme. Ce pseudo-historien de la réconciliation a navigué dans les eaux tièdes du compromis, évitant soigneusement de mettre à nu la machine criminelle qui a ravagé l’Algérie. Son rapport, attendu comme un tournant, n’a été qu’un exercice de contorsion intellectuelle destiné à ménager l’ego meurtri de la France. Plutôt que de s’attaquer aux vérités les plus gênantes, il a choisi d’édulcorer l’horreur, d’enrober la violence dans des formules policées, loin de la radicalité nécessaire à un véritable travail de mémoire. Une trahison intellectuelle qui illustre bien la couardise des élites françaises dès qu’il s’agit d’affronter leur propre monstruosité.

Et, aujourd’hui, que fait la France ? Elle persiste dans son déni, réduit au silence les voix qui osent parler. Jean-Michel Apathie, journaliste qui n’a fait que dire la vérité sur l’horreur coloniale, est la cible d’une meute de réactionnaires hystériques. La diffusion d’un documentaire exposant l’usage d’armes chimiques aurait constitué une preuve supplémentaire de l’inhumanité d’un régime qui, sous couvert d’universalité républicaine, n’a fait que répandre le feu et le sang. Il fallait donc l’empêcher à tout prix.

Cette censure est une énième démonstration de la peur pathétique qui ronge les élites françaises dès qu’il s’agit d’Algérie. Car, derrière cette peur, se cache une culpabilité inavouée, celle d’un Etat criminel qui, après avoir semé la mort, s’accroche désespérément à son récit falsifié. Mais l’histoire ne se tait pas indéfiniment. La vérité, même étouffée par la censure et la lâcheté, finit toujours par triompher.

Qui donc viendra encore nous chanter les bienfaits de la colonisation ? Quel sinistre imposteur aura l’outrecuidance de nous affirmer que cette terre n’a pas été arrachée par le fer et le feu, souillée par les crimes d’une République aux mains rouges de sang ? Et, surtout, qui osera encore prêter une oreille aux élucubrations de charlatans comme Bernard Lugan, ce falsificateur en chef, ce propagandiste de bas étage qui hurle à qui veut l’entendre que le Maroc aurait été dépossédé de ses terres ?

Quelle infamie de voir ces nostalgiques de l’empire, ces misérables hérauts d’une grandeur bâtie sur des monceaux de cadavres, s’accrocher désespérément à leurs illusions coloniales, niant jusqu’à l’évidence d’une histoire écrite avec le sang des peuples opprimés. Mais qu’ils le sachent : leur récit est mort, leur mensonge éventré, et aucune censure, aucune distorsion ne pourra plus masquer l’abomination du passé colonial français.

K. B.

Comment (7)

    OmarO
    13 mars 2025 - 18 h 25 min

    Et un documentaire Algérien sur les évènements d’Oran de juillet 1962 c’est pour quand sur nos chaines de télévisions

    DZ
    13 mars 2025 - 17 h 34 min

    dur d assumer son passe tragique

    Dr Kelso
    13 mars 2025 - 16 h 57 min

    La France censure : « faîtes ce que je dis mais surtout pas ce que je fais ».
    Je reprends encore une ÉNIÈME fois @Anonyme 13/07/19 :
    Un raciste restera toujours un raciste.
    Il est temps pour nous Algériens de changer notre politique envers cette France pour le bien de l´Algérie.
    Une des priorités de la nouvelle république….est de régler le contentieux historique avec la France!
    La France devra ou pas demander pardon pour ces crimes, c est son affaire: on ne peut pas exiger de la grandeur de celui qui n´en a pas.
    Mais on doit obligatoirement exiger des réparations pour 132 années de crimes et d’exploitation de pillage.
    C est même une question d’estime de soi!
    Sans omettre la guerre terroriste sioniste par procuration la décennie noire.

    Balou
    13 mars 2025 - 16 h 56 min

    Dis-donc là sur la photo ce ne serait la momie de Ratiti IV, qui fut scribe sous le règne de Macronophis V???

    cenure ??
    13 mars 2025 - 16 h 42 min

    Comment çà « censure » alors qu’on a bien vu le documentaire passé sur une chaîne française ?? Bon ce n’est pas TF1 mais quand même.

      Luca
      13 mars 2025 - 18 h 53 min

      Toute la grande histoire de ALGÉRIA , ainsi que tous ses talents Algériens sont censurés en france, depuis toujours, depuis même avant les couloirs du temps et la chasse au pipeau

    Anonyme
    13 mars 2025 - 16 h 14 min

    la bonne à tout faire ! après sarko c’est le tour de qqun d’autre avec ses lubies.

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