Quand Paris implique Alger dans un film d’espionnage tiré par les cheveux
Par Karim B. – Il n’est pas utile d’entrer dans les détails déroulés gauchement par les médias français pour comprendre que cette histoire d’espionnage qui impliquerait l’Algérie est cousue de fil blanc. Les concepteurs de ce nouveau scénario ridicule ont multiplié les grossières erreurs, tel le voleur novice qui laisse ses empreintes partout sur le lieu de sa forfaiture. Le lecteur lambda complètement éloigné des affaires liées au renseignement se rend compte sans effort que le montage est tiré par les cheveux, œuvre de spécialistes de la manipulation en panne d’imagination.
Ainsi, on apprend que les services secrets algériens auraient recruté un fonctionnaire au ministère français de l’Economie pour récolter des informations sur les opposants algériens demandeurs d’asile auprès d’une employée à l’Office français de l’immigration. Un circuit tortueux pour traquer des «opposants» sur lesquels l’Algérie détient tous les renseignements dont elle a besoin, sans avoir à recourir à une telle gymnastique.
Si les services de sécurité algériens devaient enrôler un espion au sein d’une institution financière aussi importante que Bercy, ce n’est certainement pas pour fliquer de petits rigolos hissés au rang d’«opposants au régime», mais pour scruter à la loupe des chiffres, des contrats, des missions et autres négociations importantes que la France mènerait et qui constituerait un enjeu capital pour l’Algérie en sa qualité de partenaire stratégique, en dépit des relations chaotiques qui caractérisent les deux pays.
Ce lapin sauté recuit par les services français, via des médias dont on a compris depuis le déclenchement du génocide à Gaza qu’ils sont loin de jouir de l’impartialité dont ils se targuent, mijote avec un autre plat parisien impliquant supposément des «agents algériens» qui auraient tenté de soudoyer des éléments du mouvement raciste du MAK, considéré comme terroriste en Algérie, mais qui bénéficie de la bienveillante protection du gouvernement français. Il est servi à la table contiguë à celle de la patronne de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI, ex-DST), qui vient de confesser que son département pâtit grandement du tarissement des renseignements précieux qu’elle recevait de ses homologues algériens, dans le cadre de la coopération sécuritaire.
La France officielle – gouvernement et Parlement – et officieuse – médias et «experts» – multiplie les faux pas et démontre un amateurisme invraisemblable dans la gestion de la crise que le président Macron a provoquée en décidant de façon individuelle de faire faire à la France un virage à 180 degrés dans l’affaire du Sahara Occidental, un territoire qu’elle occupe par procuration et dont elle pille éhontément les richesses.
«En France, le ridicule ne tue pas, on en vit», l’a si justement dit l’écrivain Henri Jeanson.
K. B.
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