L’arrière-boutique

France inégalités
La France prône l’égalité ? Certes, mais surtout dans les brochures. D. R.

Par A. Boumezrag – Ah, la République ! Majestueuse, immaculée, drapée de principes universels qu’elle exhibe fièrement en vitrine. Liberté, égalité, fraternité : trois mots magiques, gravés sur le fronton des édifices publics, scandés dans les discours, chéris dans les manuels scolaires. Une belle promesse, une fable rassurante. Car, derrière la vitrine, dans l’arrière-boutique, la mécanique est tout autre.

Les républicains – ou du moins ceux qui se parent de ce titre – sont les vaillants gardiens de cette devanture scintillante. Ils en astiquent les dorures, en vantent les mérites, en défendent l’intégrité. Mais, une fois la porte de service franchie, ce ne sont plus des principes qu’on applique, mais des règles du commerce bien rôdées : réseautage, clientélisme, entre soi et, bien sûr, l’incontournable langue de bois.

La République prône l’égalité ? Certes, mais surtout dans les brochures. Dans l’arrière-boutique, on sait bien que certains naissent plus égaux que d’autres. Les écoles d’excellence ouvrent les portes des ministères, tandis que les quartiers populaires héritent d’un discours méritocratique qui sonne comme une douce ironie. On leur vend l’ascenseur social, mais celui-ci est souvent en panne, réservé aux passagers VIP ou bloqué à l’étage des privilèges héréditaires.

La République est le sanctuaire de la liberté ? Quelle belle idée ! En façade, tout le monde peut parler, débattre, contester. Dans l’arrière-boutique, on classe, on filtre, on canalise. Il y a les voix respectables et les voix qu’on marginalise. L’espace public est ouvert mais surveillé, balisé. La critique est tolérée, à condition qu’elle ne dérange pas trop les circuits d’influence bien établis.

Quant à la fraternité, ce doux idéal solidaire, elle s’évapore souvent en coulisses. On la brandit en période de crise, en appelant à l’unité nationale, mais dans l’arrière-salle, on privatise les richesses et on mutualise les sacrifices. On prêche la cohésion sociale, tout en fragmentant méthodiquement la société en castes bien distinctes.

Alors, faut-il brûler la vitrine et saccager l’arrière-boutique ? Pas nécessairement. Mais peut-être faudrait-il cesser d’admirer béatement la devanture et exiger que l’arrière-boutique ressemble enfin à ce qu’elle prétend vendre. Une République qui ne serait pas qu’un concept marketing, mais une réalité tangible. Une République qui ne serait pas un théâtre d’ombres, où la lumière n’éclaire que le décor.

En attendant, la boutique tourne toujours. Les républicains de vitrine continueront d’animer la devanture avec de grands discours. Et les clients désabusés continueront de scruter la vitrine en sachant trop bien ce qui se trame derrière le rideau.

Mais voilà que le décor tremble. La façade se fissure, la peinture craque. Parfois, une grève éclate, un mouvement de contestation secoue les fondations du bel édifice. Alors, dans l’arrière-boutique, on s’agite. On rafistole à la hâte, on change les slogans, on repeint les murs. Les vieilles recettes sont ressorties : promesses de réformes, consultations, quelques têtes qui tombent pour calmer la plèbe. Et puis, tout reprend son cours.

La République, ce grand magasin du symbolisme, sait se réinventer sans jamais se transformer. Les acteurs changent, les rideaux sont tirés, mais le spectacle reste le même. On feint de redistribuer les cartes, alors qu’on ne fait que les mélanger pour donner l’illusion du changement.

Alors, combien de temps encore avant que l’arrière-boutique ne déborde ? Avant que les clients lassés ne cessent d’admirer la vitrine pour exiger d’entrer dans la pièce interdite ? Car, si l’illusion persiste, si le fossé entre le décor et la réalité continue de s’élargir, il ne restera bientôt plus qu’une alternative : renverser la boutique ou la laisser sombrer sous son propre poids.

La République survivra-t-elle à ses propres contradictions, ou finira-t-elle par être emportée par les illusions qu’elle cultive ? La réponse ne dépend pas seulement des républicains de vitrine, mais de ceux qui, un jour, oseront pousser la porte de l’arrière-boutique.

Comme le disait si bien George Orwell : «En temps de tromperie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire.»

A. B.

Comment (4)

    Luca
    17 mars 2025 - 21 h 30 min

    Des fonctionnaires de la corruption et du nazisme

    Mohamed El Maadi
    17 mars 2025 - 14 h 30 min

    La Belle et la Bête : Portrait d’une France monstrueuse

    La France, cette vieille courtisane fardée qui se drape dans ses oripeaux républicains, ose encore donner des leçons de vertu. Quelle ironie mordante que cette nation, passée sous tous les fascismes comme une catin sous ses clients, prétende aujourd’hui incarner la morale universelle.

    Pendant que l’Algérie, jeune beauté farouche, se dressait fièrement contre ses oppresseurs, la France écartait les cuisses devant l’Allemagne nazie. Cette même France qui, quelques années plus tard, torturait avec une délectation sadique les fils et les filles de l’Algérie combattante.

    Regardez-la aujourd’hui, cette matrone décatie, agitant son index moralisateur vers les autres nations. Elle qui a connu toutes les collaborations, qui s’est vautrée dans toutes les compromissions, ose parler de dignité. Ses « valeurs républicaines » ? Un rouge à lèvres mal appliqué sur une bouche qui a trop servi.

    L’Algérie, elle, porte ses cicatrices comme des médailles. Chaque marque de torture est un testament de sa résistance. Pendant que la France se donnait aux bottes nazies, l’Algérie préférait mourir debout que vivre à genoux.

    Aujourd’hui encore, la France refuse d’ouvrir ses archives, cache ses crimes comme une vieille prostituée dissimule ses maladies honteuses. Elle préfère légiférer sur les crimes des autres, pointant du doigt des génocides lointains pendant que les cadavres algériens débordent de ses placards.

    Cette République, qui a ouvert ses cuisses à tous les totalitarismes du XXe siècle, continue de se présenter comme une vestale immaculée. Quelle farce ! Ses « principes » sont aussi factices que sa prétendue résistance, aussi creux que ses discours sur la démocratie.

    L’Algérie, malgré les viols, les tortures, les mutilations, s’est relevée. La France, elle, continue sa descente pathétique, se raccrochant à ses mythes coloniaux comme une vieille catin à ses souvenirs de jeunesse.

    Qu’elle continue donc, cette France sénile, à distribuer ses leçons de morale d’une main tremblante. L’Histoire connaît la vérité : pendant que l’Algérie se battait pour sa liberté, la France collaborait avec ses violeurs. Elle reste ce qu’elle a toujours été : une nation qui confond grandeur et prostitution morale, valeurs et compromissions.

    La véritable noblesse appartient à l’Algérie, cette combattante indomptée. La France, elle, n’est qu’une vieille maquerelle qui tente de faire oublier son passé de collaboration en jouant les duchesses outragées.

    lhadi
    17 mars 2025 - 13 h 15 min

    « Sans la liberté de blâmer, il n’y a point d’éloge ». Le citoyen algérien, que je suis, fait sienne cette maxime pour lever le voile du silence sur la vérité, celle qui ne ment jamais à la vérité, c’est-à-dire la réalité. Elle exige à chacun de dépasser sa particularité pour ne plus se limiter à l’exaltation complaisante d’une impuissance pratique qui autorise paradoxalement tous les renoncements et tous les cynismes.

    
Au jour d’aujourd’hui, la politique ne suscite plus de grandes passions. Les citoyens sont désabusés. L’abstention gagne des points et on constate la bonne santé du premier parti d’Algérie : celui des abstentionnistes.

    Pourquoi ? Parce qu’elle tend à être représentée de plus en plus par des individus moins compétents et moins honnêtes. Ces politiques, dont la seule conviction est l’absence de conviction, ne véhiculent aucun projet de société, aucune vision, aucun grand dessein pour l’avenir si ce n’est s’auréolé du changement dans la continuité : en d’autres termes : faire du neuf avec de l’ancien.

    Pour que l’Algérie, prytanée de talents, s’émancipe du travail de Sisyphe : c’est-à-dire du bricolage permanent qui obère tout développement d’un Etat fort qui respectera les biens sacrés que sont les droits inaliénables de l’homme et du citoyen, d’une république qui prospère sur le plan économique et qui est juste sur le plan social, d’une Algérie puissante qui dispose d’une voix propre sur le plan international et qui défende à l’intérieur le principe de laïcité – l’Algérie musulmane n’est pas une république islamique -, il importe de changer le système politique de notre pays, devenu complètement obsolète, vers une structure nouvelle permettant d’y réaliser rapidement et démocratiquement les réformes nécessaires au maintien de la cohésion nationale et de sa crédibilité internationale.

    
Comment ?

    
En faisant appel à la nouvelle génération de cadres et de responsables attachée à l’unité nationale, ayant le sens de l’intérêt public et animée d’une volonté profonde de redresser puis de moderniser et de développer l’appareil productif ; en faisant appel aussi à tous les intellectuels emblématiques des lumières ; ces élites modernisatrices qui s’identifient au progrès, à la science, aux forces productives et à la rationalité.

    
Pourquoi ?

    
Parce que des transformations – politiques, économiques, sociales et culturelles – répondant non seulement aux besoins des citoyennes et des citoyens mais aussi aux intérêts les plus élevés de la nation, sont nécessaires afin que le pays d’un million et demi de martyrs ne soit plus source de critiques, de soubresauts chroniques et in fine de chaos.

    
Pour des raisons de réalisme et d’élargissement de la solidarité afin de concilier justice sociale et efficacité économique, ceux qui administrent le pays doivent s’affranchir du jeu de miroir de la société spectacle et épouser la conscience révolutionnaire qui, seule, alliée à l’efficacité du monde moderne, peut mettre un terme aux erreurs et aux errements d’une gouvernance qui considère l’intelligence comme une menace et la compétence comme un danger.

    
L’opinion publique, de façon majoritaire, et au nom de la  nation indivisible et de l’intérêt général, souhaite, dans la pratique algérienne, un Périclès qui ne trahit pas le trust qui lui est confié (trust voulant dire à la fois : mandat, confiance et finalité du bien commun) et plus profondément encore, un réformateur qui limite les conséquences du système algérien d’inspiration soviétique qui empêche la jeune nation algérienne de connaitre exactement les maux dont le pays souffre encore au jour d’aujourd’hui.

    C’est dans la compréhension du sens de cette analyse que nous devons puiser la volonté et la capacité d’infléchir le cours du système d’un autre âge en butte à toute thérapie pour guérir notre pays, ô combien malade de l’incompétence et de l’incohérence.

    
Fraternellement lhadi

    ([email protected])







    Anonyme
    17 mars 2025 - 11 h 08 min

    Les binationaux ne feront la guerre à aucun peuple!

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