Ultimatum lancé à l’Algérie : François Bayrou se libère et fait machine arrière
Par Nabil D. – Le Premier ministre français affirme prôner la «fermeté» mais pas la «fermeture du dialogue» avec l’Algérie. C’est ce qu’indique la chaîne française BFMTV qui a obtenu ces propos, ce mardi matin, en marge d’une rencontre organisée à Matignon consacrée à un sujet qui n’est pas lié à la crise algéro-française. François Bayrou semble s’être libéré de l’emprise de son ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dont on attend la démission, par ailleurs, s’il va jusqu’au bout de son annonce faite au quotidien Le Parisien, selon laquelle il claquerait la porte dans le cas où son plan de «riposte graduée» ne serait pas pris en compte par sa hiérarchie.
La réponse anticipée des autorités algériennes, qui ont clairement fait savoir à leurs homologues française, par le biais de l’ambassade de France à Alger, que la liste des soixante Algériens touchés par une OQTF que Paris veut imposer à l’Algérie était rejetée dans le fond et dans la forme, devait précipiter le départ de Bruno Retailleau. Mais ce dernier, qui a démontré qu’il bluffait, a, au contraire, réagi en affirmant vouloir riposter au refus de l’Algérie de se soumettre à ses desideratas liés à des calculs politiciens internes à la France.
Dans cette cacophonie qui dénote une incohérence totale au sommet de l’Etat français, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a demandé que l’ambassadeur de France à Alger soit rappelé, comme première réponse immédiate à la réaction négative algérienne de ce lundi. La macronie rejoint ainsi le Rassemblement national, dont la cheffe de file maintient le cap dans sa politique raciste et xénophobe, en exhortant son pion au sein du gouvernement, Bruno Retailleau, à mettre en œuvre au plus vite sa «riposte graduée» car, lui a-t-elle signifié à demi-mot, sa patience a des limites. Marine Le Pen exigera-t-elle d’Emmanuel Macron le limogeage de l’agité de la place Beauvau et son remplacement par un autre ministre qu’elle lui prescrira dans le cadre du deal passé entre elle et le président dont elle a sauvé ce qui lui reste de son mandat calamiteux, après la débâcle des législatives face au parti de Jean-Luc Mélenchon ?
A Paris, on commence à entendre des voix qui, jusque-là, de manière zélée, étaient alignées sur la doctrine rigide du ministre de l’Intérieur contre celle plus souple du chef de la diplomatie qui, tout en manœuvrant prudemment pour éviter d’être lynché par les médias de Bolloré et Drahi, s’était dit prêt à se rendre à Alger pour discuter avec son homologue algérien de vive voix de ce dossier épineux. Le président Macron avait rejoint Jean-Noël Barrot, en se disant convaincu que les responsables des deux pays ne pouvaient pas continuer à se parler par presse interposée. Ces voix estiment que le fait que l’Algérie veuille la tête du ministre de l’Intérieur peut éviter que la crise aille plus loin car, en définitive, elle ne met pas aux prises un Etat contre un autre, mais un Etat contre un membre du gouvernement considéré comme persona non grata.
Dès lors, plus son renoncement ou son congédiement se fera vite, plus les chances sont grandes que le processus d’une désescalade s’enclenche et permette de tourner la page rapidement de ce qui est considéré comme le conflit le plus grave qui ait opposé les deux pays depuis l’indépendance. Un conflit qui aura vu la relation tumultueuse entre les deux capitales frôler la rupture totale.
N. D.
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