Cherchez l’erreur : un Français juge un procès à Alger sur une chaîne marocaine

Xavier Driencourt
Xavier Driencourt, officier traitant de Boualem Sansal. D. R.

Par Abdelkader S. – Si le ridicule ne tue pas, il ne fait néanmoins qu’enfoncer Boualem Sansal pour la condamnation duquel les Français font tout ce qui est en leur pouvoir. Le plus verveux et verbeux d’entre eux n’est autre que l’ancien ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, qui a été sollicité par une chaîne de télévision marocaine pour commenter le réquisitoire prononcé par la partie civile dans un procès qui se tient en Algérie. Cherchez l’erreur !

Le curieusement très engagé diplomate français a déclaré, sans craindre de faire rire ses auditeurs, que si Boualem Sansal est jugé en Algérie, c’est parce qu’«il a dîné avec moi avant de se rendre à Alger». Xavier Driencourt attribue cette affirmation au président Tebboune et s’en sert comme nouvel argument pour discréditer le verdict prévu le 27 mars prochain, avant même qu’il soit rendu. L’officier traitant de Boualem Sansal tente ainsi de banaliser sa relation avec son agent et, surtout, de corriger son erreur monumentale en ayant dévoilé cette rencontre qui a eu lieu la veille de l’aller sans retour du «talentueux écrivain».

En se lâchant sur cette séance de travail nocturne, Xavier Driencourt a fait preuve d’un amateurisme que lui reprochent ses collègues de la DGSE, cat il venait de dévoiler au grand jour la relation qui lie l’ancien cadre du ministère algérien de l’Industrie aux services secrets français, qui le briefent avant chacun de ses déplacements dans son pays d’origine – en vérité, d’accueil, étant de descendance marocaine.

Si le grief d’intelligence avec une puissance étrangère n’a pas été retenu par la chambre d’accusation contre Boualem Sansal, c’est uniquement en raison du fait qu’il a quitté ses fonctions depuis longtemps et que, de toutes les façons, les chefs d’inculpation qui l’ont conduit devant le juge sont suffisamment graves pour lui valoir une peine d’emprisonnement. Celle-ci ne devrait cependant pas être à la mesure de la nocuité de ses actes, comparativement au grave préjudice qu’il a cherché à causer au pays – atteinte à l’intégrité territoriale –, pour des raisons humanitaires, vu son âge avancé et son état de santé fragile.

Le Makhzen et le régime de Paris n’auront ni aidé Boualem Sansal ni incité la justice algérienne à politiser le procès de ce personnage intrigant qui a profité des largesses, voire de l’étrange permissivité des autorités algériennes durant de longues années, sans jamais avoir été inquiété. Si ce dernier a fini par être arrêté et jugé, ce n’est pas tant son incarcération qui étonne, mais la lenteur avec laquelle l’Etat a sévi contre ce ressortissant algérien qui s’est rendu en Israël en 2012, muni d’un document de voyage algérien, alors que cela est strictement défendu – à l’époque, il n’avait pas encore la nationalité française –, si bien que cette interdiction formelle était inscrite noir sur blanc sur l’ancienne version du passeport algérien.

A. S.

Comment (4)

    Sprinkler
    21 mars 2025 - 18 h 49 min

    C’est l’hôpital qui se moque de la charité…Pour avoir conté fleurette sur un oreiller à une passade, un fonctionnaire de Bercy s’est fait serrer au motifs fumeux que sa douce d’un soir lui aurait soufflé dans l’oreille quelques menus secrets sonnants et trébuchants sur une tripotée d’opposants au régime algérien…Et ça demande à la justice algérienne de lever les écrous sur cette ordure de SENT SELLE !!!

    Anonyme
    21 mars 2025 - 18 h 01 min

    Des Maztolines Makhnez +. Un C……. Que pouvait il en sortir ?? Pitoyable Sansal , lui qui pensait qu il côtoyait des Lumières «  francis » au point ou il s est VENDU , lui et son Alter ego Daoud , comme le dernier Défenseur de la Langue française en Algérie !!!!!

    Remarques …….quand on y repense à la ……….génétique …….

    CAFTAN ALGERIEN
    21 mars 2025 - 18 h 00 min

    Décidément, les hommes politiques français se réduisent au niveau insectivore.
    On comprend mieux pourquoi la France est dans une falaise sans échelle…Bon voyage dans le trou noir de la misère au sens large du terme !!!

    L’Algérie est souveraine
    La Justice algérienne a tranché
    Point à la ligne.

    Brahms
    21 mars 2025 - 17 h 49 min

    Attention, il accuse même la Marine Algérienne, je pense qu’il a pas mal d’éléments :

    Arrivée par bateau, voiture ouvreuse, rabatteur et nourrisse… « Un trafic qui a des similitudes avec le trafic de drogue sauf que dans ce cas la marchandise n’est pas de la résine de cannabis mais des humains », introduit ce vendredi Nicolas Bessone le procureur de la République de Marseille.

    Il est venu annoncer ce jour le démantèlement de réseaux de passeurs de migrants et l’interpellation de 19 personnes, à Marseille, Perpignan et en Espagne. Dans le détail, il s’agit de trois réseaux différents – dont l’un a cessé de fonctionner à la fin de l’année 2022 –, mais qui étaient capables de travailler de concert pour transporter des candidats à l’immigration depuis l’Algérie et l’Espagne jusqu’en France et parfois dans des pays d’Europe du Nord.

    Soupçon de corruption de la marine algérienne

    L’enquête commencée en novembre 2023 sur un renseignement d’Europol a démontré que les opérations les plus conséquentes étaient dirigées par un Marseillais, âgé de 23 ans, qui organisait l’acheminement des migrants depuis la ville côtière de Mostaganem, en Algérie, jusqu’à Murcie, en Espagne.

    Un trajet de 160 milles nautiques (300 kilomètres) complété à l’aide d’un bateau semi-rigide de 8,5 mètres, équipé d’un puissant moteur hors-bord et dans lequel une dizaine de passagers s’entassaient contre la somme de 9.000 euros par personne. Le pilote était pour sa part payé 18.000 euros par trajet et lors des auditions, a été évoqué par l’un des mis en cause le versement de 18.000 euros à des agents de la marine algérienne pour qu’elle ferme les yeux.

    Après leur arrivée en Espagne, les migrants étaient ensuite pris en charge par une seconde équipe depuis le Perthus et la Jonquera, à la frontière française où moyennant entre 150 et 300 euros par personne, ils étaient transportés par les petites routes pyrénéennes jusqu’à la gare de Perpignan, voire de Montpellier ou Toulouse.

    Ces réseaux bénéficiaient en outre de la complicité de logeurs, pour l’essentiel issus de l’entourage des trafiquants et d’un hôtelier de Perpignan peu regardant. En tout, les enquêteurs estiment que près de 1.700 personnes, en majorité de nationalité algérienne, mais aussi provenant d’Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, sont entrées illégalement en France par ces réseaux.

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