L’Algérie va annoncer son retrait de la coquille vide qu’est la Ligue arabe ?
Par Kamel M. – Quand le chef de l’Etat affirme que «les combines qui se trament au sein de la Ligue arabe ne nous concernent pas» et que «l’Algérie refuse que sa présence dans celle-ci se résume à cautionner le fait accompli», cela signifie que le boycott du dernier Sommet extraordinaire du Caire par le président Tebboune est loin d’être un état d’âme passager. La crise panarabe est profonde et l’Algérie a décidé d’en finir avec les traditionnelles participations formelles aux réunions de cette organisation, qui est passée de la coquille vide à carrément une menace pour la sécurité du monde arabe.
Jusqu’où ira l’Algérie dans son rejet du fonctionnement archaïque de la Ligue arabe et de l’accaparement de ses instances par certains Etats membres, que le président Tebboune a évité de nommer dans ses nombreux commentaires critiques à ce sujet ? Le retrait pur et simple de l’Algérie est-il envisagé ? Il faut rappeler, en effet, que la position algérienne vis-à-vis de nombreuses questions sensibles qui concernent la région, et ce, depuis de longues années, sont aux antipodes des mésalliances nouées par un certain nombre de pays arabes qui nuisent aux intérêts de l’ensemble des membres de la Ligue. Ces alliances, notamment avec Israël, ont, de fait, fait imploser l’organisation panarabe, dont l’existence même semble compromise.
Le président Tebboune a notamment cité la cause palestinienne dans sa dernière intervention télévisée de ce samedi. Et c’est précisément cette question qui pourrait faire éclater la Ligue arabe. Une poignée d’Etat membres ont voulu en monopoliser le traitement pour éviter que des pays comme l’Algérie, la Tunisie, le Liban et l’Irak, entre autres, opposent leur voix et empêchent la réalisation des plans ourdis lors des réunions secrètes qui se tiennent entre les dirigeants émiratis, égyptiens, jordaniens, marocains, bahreïnis, etc., d’un côté, et leurs parrains israéliens et américains de l’autre, dont ils reçoivent la feuille de route à faire voter par une majorité soumise.
Les premiers différends sont apparus lors des soulèvements qui ont secoué les pays arabes dirigés par des régimes républicains et que les monarchies du Golfe, conduites à l’époque par l’Etat nain du Qatar, avaient voulu renverser dans le cadre du plan de reconfiguration du Grand Moyen-Orient, pensé de longue date par les Etats-Unis et mis en branle en 2011 à partir de la Tunisie. Le feu, qui s’est étendu à l’Egypte, à la Libye, au Yémen et à la Syrie, a fait tomber les dirigeants de ces pays, le dernier ayant capitulé aura été le président syrien, qui aura résisté quatorze longues années, avec le nombre de morts et d’exilés que la guerre civile a provoqués. Non seulement la Syrie a été détruite, mais elle a désormais à sa tête un régime théocratique adoubé par Ankara, Tel-Aviv, Washington et Bruxelles, capitale européenne.
L’avis tranché du président Tebboune a le mérite d’éclairer sur l’avenir de la Ligue arabe, qui devra se réformer radicalement, comme le demande l’Algérie. Au cas contraire, elle cheminera fatalement vers sa transformation en un club fermé, que composeront les quelques dignitaires arabes qui ont choisi de se mettre sous le parapluie israélien et d’aborder la question palestinienne à contre-courant de la volonté de leurs peuples, dont la colère est momentanément étouffée.
K. M.
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