Exclusif – Un expert militaire : «L’ANP a une capacité de détection sophistiquée»
Par Mohamed El-Maadi – Algeriepatriotique a sollicité un expert militaire pour donner son avis éclairé sur l’affaire du drone armé malien abattu par la défense antiaérienne de l’ANP à Tin Zaouatine. «Cet incident est loin d’être anodin», explique-t-il, en précisant qu’«il révèle plusieurs niveaux de lecture stratégique». Selon lui, «le choix d’utiliser un drone Akinci n’est pas fortuit. Ce drone possède une signature radar particulièrement faible, ce qui le rend difficile à détecter. Le fait que l’Algérie ait pu le repérer et l’intercepter démontre une capacité de détection précoce sophistiquée», relève l’expert, qui a requis l’anonymat.
«Cette démonstration technique va certainement amener plusieurs pays à revoir leur approche et leur stratégie militaire», prédit-il, en soulignant que «c’était clairement une tentative de tester les capacités de défense aérienne algériennes, mais le résultat n’est probablement pas celui escompté par les instigateurs». «Cette provocation, poursuit-il, démontre aussi une escalade dans les moyens employés pour tester la réactivité algérienne».
«L’analyse géopolitique est aujourd’hui cruciale car elle permet d’anticiper plutôt que de réagir», fait remarquer notre source, selon laquelle, «dans le contexte actuel, comprendre les dynamiques profondes est vital». «On identifie trois dimensions essentielles : l’anticipation stratégique pour détecter les menaces émergentes, la construction d’alliances fiables et la protection des intérêts nationaux», note-t-elle, en ajoutant que «cette analyse permet d’éviter les pièges de la réaction émotionnelle et de l’isolement diplomatique».
«Les risques sont multiples», relève l’expert militaire. «D’abord, une tentative de déstabilisation par l’intérieur via des groupes armés ou des réseaux d’influence. Ensuite, une guerre économique visant les ressources et les marchés algériens. Le scénario le plus probable est une stratégie de tension progressive, combinant provocations militaires, guerre médiatique et pressions diplomatiques. Les adversaires de l’Algérie cherchent à l’épuiser plutôt qu’à l’affronter directement», développe-t-il, en estimant que «le risque d’une déflagration majeure existe». «Le Maroc, explique-t-il, avec ses alliances avec Israël et certains pays du Golfe, représente le sous-traitant d’une guerre proxy. Les Emirats arabes unis investissent massivement dans la région. La présence de conseillers militaires étrangers et l’influence croissante de puissances régionales comme la Turquie créent une situation volatile. La stratégie probable serait une guerre hybride plutôt qu’un conflit conventionnel», constate-t-il.
A la question de savoir comment l’Algérie peut se prémunir contre ces agressions qui se répètent, notre interlocuteur se dit persuadé que «la réponse doit être multidimensionnelle». «Sur le plan militaire, le renforcement des capacités de surveillance électronique et des systèmes de détection avancée est primordial. Au niveau économique, l’Algérie doit diversifier ses partenariats et développer ses régions frontalières pour créer des zones de stabilité. La diplomatie active reste essentielle, notamment en renforçant les liens avec les pays partageant les mêmes préoccupations sécuritaires», étaye-t-il. «Mais la meilleure protection reste la doctrine militaire défensive algérienne et sa capacité à maintenir une dissuasion crédible. L’expérience montre qu’une réponse ferme mais mesurée est souvent la plus efficace», considère-t-il.
Notre source indique que l’Algérie «dérange par sa position unique et stratégique». «D’abord, renchérit-il, c’est l’un des rares pays de la région sans dette extérieure, ce qui lui confère une indépendance décisionnelle rare. Sa position géographique en fait un pivot incontournable entre l’Europe, l’Afrique et le monde arabe. Les réserves en hydrocarbures du pays, couplées à des infrastructures énergétiques développées, lui donnent un poids considérable dans l’approvisionnement européen, particulièrement dans le contexte géopolitique actuel».
«Mais ce qui dérange le plus, c’est probablement sa doctrine militaire autonome. L’Algérie a développé une force de défense considérable sans dépendre d’une puissance étrangère, contrairement à d’autres pays de la région. Cette indépendance stratégique, associée à son refus constant de s’aligner sur les blocs traditionnels, contrarie les tentatives d’influence extérieure», analyse notre source, en rappelant que l’Algérie «maintient des relations équilibrées avec la Russie, la Chine et l’Occident, tout en gardant une position ferme sur les questions régionales comme la Palestine ou le Sahara Occidental».
«L’histoire a également forgé une culture politique réfractaire aux ingérences étrangères. Cette posture dérange ceux qui voudraient remodeler la région selon leurs intérêts. La stabilité algérienne dans un environnement régional troublé constitue un obstacle aux projets de redécoupage d’influence dans la région», conclut notre source.
M.E.-M.
Comment (13)