Pourquoi le «soutien» de Marco Rubio au plan marocain est un attrape-nigaud
Par Kamel M. – En courant à Washington chercher une confirmation du soutien de la nouvelle administration américaine à la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, le ministre marocain des Affaires étrangères n’a, en réalité, rien obtenu de nouveau. «Ce n’est pas une surprise, loin s’en faut», explique une source diplomatique à Algeriepatriotique, qui rappelle qu’il s’agit, ni plus ni moins, de la «proclamation de décembre 2020 qui est répétée, même si les termes peuvent sembler plus explicites», indique notre source.
«En réalité, il faut prendre la déclaration du secrétaire d’Etat américain dans son ensemble et ne pas la fragmenter, comme le font les responsables marocains pour tromper leur propre opinion, à laquelle ils font passer pour vraie une illusoire victoire diplomatique dans le dossier sahraoui, alors qu’il n’en est absolument rien», précise notre source. «Dans les faits, aussi bien la France que les Etats-Unis, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, atténuent leur soutien au très hypothétique plan d’autonomie marocain en précisant clairement et sans aucune ambiguïté que la solution au conflit du Sahara Occidental doit être acceptée par les deux parties», poursuit notre source. «Cela signifie tout simplement que les Marocains n’ont rien obtenu et qu’ils doivent se rasseoir bien malgré eux à la table des négociations avec les représentants de la République sahraouie», développe-t-elle.
Selon notre source toujours, le déplacement de Nasser Bourita à Washington «est lié à la discussion qui aura lieu le 14 avril courant à New York, sur la base du rapport que l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, l’Italo-Suédois Staffan de Mistura, présentera au Conseil de sécurité, après sa dernière tournée dans la région».
La question fondamentale pour le Conseil onusien est de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental, rappelle-t-on. La situation des droits humains au Sahara Occidental demeure notamment un sujet de préoccupation pour les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, indiquent des sources médiatiques. Ces dernières relèvent que, dans son dernier rapport sur la Minurso, publié le 1er octobre 2024 et couvrant les développements de l’année précédente, Antonio Guterres s’était dit «préoccupé» par le manque d’accès «persistant» du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH) au Sahara Occidental, en raison des entraves dressées par le régime marocain.
«Le HCDH n’a pas pu se rendre au Sahara Occidental pour la neuvième année consécutive malgré de multiples requêtes officielles et en dépit de la résolution 2703 (2023) dans laquelle le Conseil de sécurité encourage un renforcement de la coopération, notamment par la facilitation de ces visites», avait dénoncé le secrétaire général de l’ONU.
Comme on le voit, parallèlement au discours pro-marocain des dirigeants américains et français, les Nations unies, au Conseil de sécurité desquelles ils siègent en permanence, maintiennent le cap sur le référendum d’autodétermination comme unique cadre pour le règlement de la question de décolonisation du territoire sahraoui illégalement occupé par le Maroc. Les monts et merveilles que Paris et Washington font miroiter au naïf et cupide régime de Rabat ont pour seul but de piller les richesses sahraouies, pour le premier, et soumettre le Maroc à Israël, pour le second.
K. M.
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