Comment l’Algérie fait plier ses voisins hostiles sans bouger le petit doigt
Par Nabil D. – Il aura suffi que l’Algérie verrouille ses frontières avec le Mali et interdise le survol de son espace aérien aux avions à destination et en provenance de ce pays pour que la situation y devienne intenable. Les échos qui parviennent du Nord-Mali indiquent, en effet, que l’onde de choc de la grave crise sociale provoquée par l’arrogance du régime putschiste de Bamako prélude un changement politique radical imminent dans le pays.
La colère gronde depuis que les marchandises et le carburant importés frauduleusement d’Algérie ont tari et que des compagnies aériennes ont décidé de supprimer la desserte malienne pour des raisons commerciales – le contournement du ciel algérien augmente la consommation de kérosène et la durée des vols. A Bamako, des voix s’élèvent contre l’attitude hostile d’Assimi Goïta vis-à-vis du voisin algérien et sa soumission au régime marocain, sans que cela n’ait rapporté quoi que ce soir aux Maliens, sinon une exacerbation de la misère qui annonce une implosion à très court terme.
La visite du ministre turc des Affaires étrangères à Alger, Hakan Fidan, quelques semaines à peine après la destruction d’un drone malien acheté auprès d’Ankara, a achevé de convaincre les Maliens que cet «incident» n’a aucunement influé sur les relations entre l’Algérie et la Turquie et que, au contraire, la coopération va en se renforçant dans tous les domaines, y compris militaire. La célérité avec laquelle l’armée algérienne a abattu le drone de fabrication turque aura servi de leçon aussi bien aux Etats qui pouvaient encore douter de la capacité de l’Algérie à repousser toute attaque d’où qu’elle vienne et quels que soient les moyens utilisés, mais aussi à la Turquie qui aura ainsi vécu un test grandeur nature des faiblesses de son appareil qu’elle vantait comme impossible à intercepter et à abattre.
Le régime de Bamako s’est tourné vers la Mauritanie pour tenter une intermédiation avec les autorités algériennes avant que la situation ne dégénère dans le nord du pays, où le prix du carburant a été multiplié par sept et les denrées alimentaires se font de plus en plus rares, menaçant d’une grande famine. Les populations de la partie septentrionale du Mali souffrent, comme les Marocains vivant dans les villes proches des frontières avec l’Algérie, des contrecoups de l’arrogance mal placée de leurs dirigeants, contre lesquels, d’ailleurs, des manifestations sont organisées pour exiger leur départ.
Au Mali comme au Maroc, les citoyens s’insurgent contre la politique anti-algérienne de leurs gouvernements autocratiques, si bien qu’à Tanger, les manifestants ont été jusqu’à scander des slogans de l’armée algérienne en soutien aux victimes du génocide à Gaza. Un message fort destiné à un Makhzen plus fragile que jamais et fortement perturbé par ce soulèvement contre sa soumission à Israël.
L’Algérie n’a pas besoin de mobiliser son impressionnante armada pour faire plier les régimes de ces deux pays. Il lui suffit de fermer les vannes de ses richesses dont elle tolérait la contrebande pour permettre aux voisins directs de subvenir à leurs besoins. Ces derniers devront faire tomber les responsables de leur déconvenue pour aspirer à retrouver leur vie confortable d’avant, grâce à l’incommensurable générosité algérienne.
N. D.
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