Politique myope
Par Mohamed El-Maadi – La realpolitik et ses positions opportunistes ignorent une vérité fondamentale : les certitudes diplomatiques d’aujourd’hui peuvent devenir les menaces de demain. L’histoire récente démontre que les alliances et les rapports de force évoluent parfois brutalement, transformant des «solutions» en nouveaux problèmes.
L’incohérence occidentale est flagrante : condamner «l’expansionnisme russe» tout en validant des occupations territoriales ailleurs révèle une diplomatie à géométrie variable. Cette approche sape la crédibilité du droit international et crée des précédents dangereux qui reviendront hanter leurs auteurs. Comment pourra-t-on demain exiger d’Israël qu’il se retire des territoires syriens occupés, quand aujourd’hui on légitime d’autres occupations ?
Le concept du «grand Maroc» représente une vision expansionniste inquiétante. Cette carte, qui englobe des territoires de pays voisins, rappelle d’autres projets d’expansion territoriale qui ont déstabilisé des régions entières. Une ambition qui trouve aujourd’hui des soutiens irresponsables auprès de puissances occidentales privilégiant leurs intérêts immédiats à la stabilité régionale.
Les conséquences sont prévisibles : une course aux armements régionale s’intensifie déjà. L’Algérie, directement concernée par ces ambitions expansionnistes, renforce logiquement ses capacités militaires. Dans un monde où le droit international est bafoué, qui pourrait lui reprocher, demain, de développer un programme nucléaire militaire ? L’histoire montre que seule la dissuasion nucléaire garantit véritablement la souveraineté d’un Etat face aux appétits expansionnistes.
Les puissances occidentales, en validant des situations contestées pour des intérêts à court terme, participent à la création d’un précédent dangereux. Quelle garantie avoir les Etats de la région peuvent-ils face à des ambitions territoriales qui ne cachent même plus leur caractère expansionniste ? Cette politique myope pourrait transformer rapidement la Méditerranée occidentale en nouvelle zone de confrontation majeure, où la force primera définitivement sur le droit.
M. E.-M.
