Retailleau veut livrer deux journalistes marocains aux tortionnaires du Makhzen
Par Houari A. – Deux journalistes marocains, Adnane et Dounia Filali, ont rendu public un communiqué dans lequel ils dénoncent «la situation de persécution administrative» qu’ils subissent actuellement sur le territoire français. «Nous sommes un couple de journalistes marocains, titulaires d’une double protection internationale, l’une accordée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l’autre par les autorités françaises. Depuis 2022, le tribunal administratif a, à plusieurs reprises, enjoint la préfecture de Paris à exécuter des jugements nous reconnaissant le droit au séjour en France. Cependant, ladite préfecture – relevant de l’autorité de la préfecture de région et du ministère de l’Intérieur – refuse systématiquement de se conformer à ces décisions de justice», alertent-ils.
«Pire encore, à chaque relance de notre part, la préfecture réagit en émettant des mesures d’éloignement illégales vers le Maroc, en totale contradiction avec les protections internationales et nationales dont nous bénéficions. Ces mesures bafouent de manière flagrante le principe de non-refoulement, pourtant garanti par le droit international et le droit français», s’inquiètent ces journalistes, qui constatent avec regret qu’«au lieu d’appliquer les décisions définitives du tribunal, la préfecture prend des décisions contraires à celles-ci, allant jusqu’à [nous] priver de tout droit, dans un déni de justice manifeste». «Cet acharnement administratif, que nous qualifions de persécution politique, ne peut plus durer», poursuivent-ils.
«Comment un pays qui se revendique comme la patrie des droits de l’Homme peut-il permettre qu’une autorité administrative se soustraie aux décisions judiciaires, au mépris du principe fondamental de la séparation des pouvoirs ? Comment peut-on, en Europe, vivre une situation qui s’apparente à un régime autocratique, où les décisions de justice deviennent lettre morte dès lors qu’elles dérangent certaines orientations politiques ?» interrogent les deux journalistes menacés par le régime despotique de Rabat encouragé par le gouvernement français.
«Par ce communiqué, nous en appelons à la vigilance des médias, des acteurs politiques – toutes tendances confondues – et de la communauté internationale. Si nous ne pouvons obtenir justice auprès de ceux qui nous persécutent, que la violence administrative et l’inhumanité de leur comportement soient, au moins, révélées au grand jour», soulignent les deux journalistes marocains, qui rappellent que, du fait de cette situation, ils sont privés de tout document d’identité.
«Depuis 2022, toutes les décisions judiciaires rendues en notre faveur reconnaissent notre droit au séjour sur le territoire français. Pourtant, la préfecture s’entête à ne pas les exécuter, dans un mépris total de l’Etat de droit», s’indignent-ils, encore.
Le cas de ces deux journalistes marocains confirme les abus de pouvoir dont se rend coupable le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a vu deux expulsions de ressortissants algériens refusées par les autorités algériennes, dont une a été invalidée par la justice française.
H. A.
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