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Quand le Cassandre Ilyes Zouari se ridiculise avec ses prophéties apocalyptiques sur l’Algérie

Une contribution de Khider Mesloub – «En passant à l’anglais, l’Algérie commettrait la deuxième plus lourde erreur de son histoire, après celle de 1962 lorsqu’elle s’était jetée dans les bras de l’URSS», estime l’anticommuniste primaire llyes Zouari, le président du Centre d’étude et de réflexion sur le Mondefrancophone (CERMF), une officine néocoloniale qui œuvre à la défense de l’impérialisme français sous couvert de francophonie.

Ces propos ont été tenus dans un entretien de cet essayiste tunisien avec une chaîne YouTube dirigée par l’autre agent de l’impérialisme français Abdou Semmar, connu pour sa proximité avec le régime des généraux génocidaires de Tel-Aviv et le royaume médiéval alaouite.

Et Zouari d’affirmer péremptoirement : «L’Algérie va détruire son avenir si elle remplace le français par l’anglais.»

Pour rappel, le cassandre Ilyes Zouari n’est pas à sa première prédiction apocalyptique sur l’Algérie. Déjà en 2023, dans une tribune, il prédisait un avenir cataclysmique à l’Algérie, après avoir affirmé que «l’Algérie est devenue le pays le moins riche du Maghreb». Il concluait son article par ce pronostic catastrophiste : «L’Algérie risque un effondrement et la faillite à l’horizon 2029.»

Le mercenaire francophile tunisien est un piètre prospectiviste. Pire, c’est un mauvais analyste. S’il y a un pays qui risque un effondrement et une faillite manifestes, non pas à l’horizon de la décennie prochaine, mais aujourd’hui, c’est bien la France.

Cela dit, pour revenir à son entretien diffusé sur la chaîne YouTube Algérie Part, à l’entendre le français serait le sésame de la réussite scolaire de l’Algérie, au-delà duquel il n’y a point de salut. Le français serait la langue de l’épanouissement intellectuel et du développement économique.

Comment Zouari peut-il proférer de telles allégations au moment où le système éducatif français est en pleine déliquescence, fabrique des analphabètes. Au moment où le pays de Molière s’effondre économiquement ? La France, dont l’enseignement est pourtant dispensé exclusivement en français, détruit, non seulement l’avenir des élèves, mais également l’avenir de son économie. Au point de jeter ses dirigeants et ses citoyens dans les bras du fascisme, le racisme, l’islamophobie, le populisme. Drôle de langue qui ne prémunit pas ses locuteurs de l’effondrement moral, ni son économie de la débâcle.

N’en déplaise au propagandiste idéologue libéral Ilyes Zouari, l’école française est devenue une structure de décervelage et l’antichambre de France travail (chômage). La France, pays des Lumières, longtemps dotée d’une langue lumineuse, aujourd’hui sombre dans la médiocrité. Son système scolaire est en faillite. Sa population verse dans l’obscurantisme politique, l’intégrisme populiste. Son Etat, dans le racisme institutionnel et le bellicisme international. La langue française, hier langue des révolutionnaires, est devenue l’idiome des réactionnaires. Hier langue du progrès, elle est devenue parlure de la régression.

Le français : langue coloniale hégémonique  

Raison de plus pour bannir cette langue des écoles algériennes car elle est associée, désormais, au déclin culturel et à l’effondrement économique de la France.

C’est la politique adoptée par les autorités algériennes : le bannissement progressif du français de l’enseignement et de la société.

En effet, dans le cadre de la politique d’arabisation et de la généralisation de l’anglais dans l’enseignement, en particulier du secteur scolaire privé, le français est abandonné.

L’apprentissage de la langue française recule tandis que l’anglais gagne du terrain dans les écoles algériennes. Des réformes éducatives ont baissé le volume horaire consacré au français, passé de quinze à onze heures par semaine dans l’enseignement primaire. Cette rentrée 2025, les facultés de médecine et de pharmacie ont même échangé le français pour l’anglais. En 2023, les autorités algériennes avaient déjà interdit l’application du programme scolaire français dans les écoles privées.

Au-delà du système éducatif algérien qui jette au rebut la langue de Molière, tout le pays est en train également de troquer le français pour l’anglais. La compagnie aérienne Air Algérie a récemment pris la décision d’imprimer ses billets en anglais et en arabe. Et plusieurs entreprises nationales ont adopté la même mesure de substitution du français par l’anglais. Ainsi, lentement mais sûrement, méthodiquement, l’Algérie évince du pays le français.

Pour mémoire, historiquement, à l’époque coloniale, en Algérie colonisée le français était l’unique langue enseignée dans le système éducatif. A l’indépendance de l’Algérie, l’emprise linguistique et culturelle française perdure durant les deux premières décennies, au cours des années 1960-70. Cette emprise se manifeste par l’imposition du français comme langue d’enseignement et l’exportation de programmes scolaires calqués sur le modèle métropolitain. En dépit de l’arabisation de l’enseignement, la domination de la langue française perdure encore au cours des années suivantes, notamment sous forme de coopération éducative, en particulier parmi les élites algériennes francophones et francophiles qui inscrivent massivement leurs progénitures dans les écoles privées dispensant un enseignement en français. Depuis l’indépendance, les écoles françaises, l’attribution de bourses et le financement d’institutions culturelles ont constitué les leviers principaux de cette influence postcoloniale que l’Algérie a commencé, ces dernières années, d’abord à limiter, puis à supprimer de son paysage éducatif et culturel.

Cela étant, la récente mesure d’interdiction de toute aide française aux écoles privées algériennes s’inscrit dans un contexte plus large de redéfinition de la politique éducative algérienne et de distanciation progressive vis-à-vis de l’ancienne puissance coloniale.

Sans surprise, l’interdiction de toute aide française aux écoles privées algériennes dispensant un enseignement en français a suscité de vives réactions des deux côtés de la rive méditerranéenne. En particulier parmi l’élite algérienne francophone, qui désapprouve cette interdiction. Et pour cause ! Elle la prive désormais de ce «visa-scolaire-permanent» permettant à sa progéniture de faire carrière en France, leur véritable pays de cœur, l’Algérie étant considéré comme un simple pays de transition.

Historiquement, la langue française a toujours été, non pas l’héritage de l’Algérie, mais l’apanage d’une certaine élite algérienne, arrogante et orgueilleuse. Par ailleurs, ces intellectuels algériens francophones reprennent à leur compte ce vieux mythe répandu par les ex-colonisés francophones d’après lequel en s’affranchissant de la colonisation française, c’est-à-dire en devenant politiquement indépendants du pouvoir métropolitain, les ex-colonisés francophones se seraient automatiquement libérés, et de l’idéologie bourgeoise associée à la francophonie et de la tutelle de l’ancienne puissance coloniale. Une chose est sûre, la maîtrise de la langue française ne confère pas au locuteur francophone algérien la souveraineté identitaire et culturelle, encore moins elle lui permet de se réapproprier ses racines.

Quoi que l’on puisse dire à propos d’une langue, à plus forte raison d’une langue coloniale hégémonique comme le français, elle ne se cantonne pas à un système de communication. Elle véhicule aussi une culture, renvoie à une histoire et influence la pensée. Influence culturelle qu’elle continue d’exercer par-delà l’époque coloniale. Notamment en Algérie parmi les élites intellectuelles, les politiciens, défenseurs acharnés de la langue française.

«La langue française est notre butin de guerre»

Sans conteste, la langue, en fonction de son contenu philosophique et politique et des forces économiques qui la portent, peut se révéler réactionnaire ou révolutionnaire.

Pour justifier leur défense de la langue française, les élites et politiciens algériens ont toujours argué qu’il s’agit d’un «butin de guerre», selon la formule de Kateb Yacine, leur parangon. Une chose est sûre, s’il y a «butin linguistique français», c’est un butin qui ne profite qu’à une petite caste d’intellectuels, d’hommes politiques et d’affaires, de cadres et d’universitaires. Un riche butin que ces élites algériennes francophones et francophiles ne manquent pas de monnayer et de le faire fructifier dans leur commerce néocolonial en expansion.

Ironie de l’histoire, le paradoxe c’est que, au cours des 132 ans de colonisation, l’Algérie n’a jamais été francophone. Les Algériens étaient exclus et du système scolaire et de l’espace politique colonial français.

En réalité, la francophonie, au sens linguistique du terme désignant l’ensemble des citoyens libres et des institutions indépendantes qui utilisent le français comme langue d’usage, d’enseignement et de l’administration, a été instauré concrètement au lendemain de l’indépendance de l’Algérie en 1962. Par la minoritaire élite francophone. D’aucuns diraient francophiles. La «francisation» scolaire et administrative des Algériens a commencé en 1962. Elle est l’œuvre du nouvel Etat indépendant algérien. Autrement dit, au cours des années 1960-80, l’Algérie indépendante aura mieux développé la langue française que la France coloniale. Ne pas perdre de vue qu’en 1962, à l’indépendance de l’Algérie, 92% de la population étaient analphabètes.

Cependant, contrairement à ce que laisse entendre nombre d’intellectuels algériens, les Algériens, en devenant indépendants, ne sont pas devenus propriétaires de la langue de leurs anciens maîtres. La langue du colonisateur demeure la propriété de la France, des Français. Les Algériens bénéficient seulement de l’usufruit de la langue de Molière. Ils disposent du droit d’usage de la langue française sans avoir le titre tricolore de propriété.

D’ailleurs, les élites intellectuelles et culturelles de l’Hexagone ne sont nullement dupes de cette prétention des ex-colonisés de s’attribuer les mérites de l’usage de la langue française. En France, les élites comme la classe politique établissent systématiquement une distinction entre la littérature «française» et la littérature «francophone». La première renvoie aux œuvres littéraires produites par les écrivains français de souche, la seconde désigne les productions littéraires des écrivains allogènes originaires du Maghreb et de l’Afrique. Notamment d’Algérie. En tout cas, la langue française ne peut être considérée comme un butin de guerre, mais plutôt un levier de domination culturelle, politique et économique.

Pour rappel, c’est à Kateb Yacine que l’on doit la popularisation de cette spécieuse formule proférée sous forme de slogan, de tirade théâtralement débitée : «La langue française est notre butin de guerre.»

Son impertinent cri de ralliement s’adressait assurément à ses congénères lettrés vivant dans leur tour d’ivoire, c’est-à-dire la petite caste d’intellectuels francophones fabriquée par la France coloniale par la grâce de la langue d’allégeance : le français. Car ce slogan ne pouvait concerner les 92% d’Algériens analphabètes, pour qui le français était personnifié par le colon, incarné par Bugeaud et Bigeard, et non pas par Molière et Victor Hugo.

Kateb Yacine devait avoir une mentalité de pauvre pour s’imaginer riche avec son dérisoire «butin de guerre» concédé mesquinement par la France coloniale. Tout comme le mercenaire francophile tunisien Ilyes Zouari est persuadé appartenir à l’élite intellectuelle et culturelle française par le seul fait de sa maîtrise de la langue de Molière.

En fait, dans le cas de ces élites algériennes francophones, au vrai il ne s’agit pas d’un butin de guerre, mais plutôt d’un bulletin d’adhésion à la langue française coloniale. Et, par extension, à la culture de ses titulaires. Au paradigme politique et philosophique de la France, en vertu du principe que toute langue, à plus forte raison en position d’hégémonie, véhicule les représentations sociales, les systèmes de valeurs et les schèmes de pensée intrinsèquement liés au pays tutélaire. La preuve par le mercenaire Ilyes Zouari, défenseur acharné de la francophonie, Boualem Sansal, l’alter ego de Zouari, qui siège au cercle des «algérianistes» de l’OAS et chez «Frontières», l’organe de propagande de l’extrême-droite fascisante en France.

Pour autant, lorsqu’on emploie l’expression «butin de guerre», cela implique que nous aurions (algériens) pris possession d’un immense trésor inestimable qui nous aurait prodigieusement enrichi.

Or, à l’époque coloniale, dans le cas de la langue française, celle-ci n’avait jamais permis aux «indigènes algériens» de s’enrichir intellectuellement, encore moins de prospérer scientifiquement. Pour preuve : à l’indépendance, seuls 8% de la population algérienne étaient de faon rudimentaire scolarisés. Kateb Yacine lui-même n’a pu dépasser le cycle secondaire ; il n’a même pas obtenu son baccalauréat.

Aussi le français n’a-t-il jamais constitué notre butin de guerre. En revanche, le Français (colonial) nous a toujours mené une putain de guerre (d’extermination simultanément démographique, culturelle, cultuelle, civilisationnelle, linguistique).

De nombreux Algériens francophones et francophiles, pourfendeurs de l’arabisation de l’enseignement algérien, avec leur mentalité de colonisé expliquant leur amour immodéré de la langue et de la civilisation françaises pourtant en pleine putréfaction, peuvent reprendre à leur compte cette proclamation de foi servilement déclamée par le poète malgache Jacques Rabemananjara en 1959 à propos de la langue française : «Nous nous sommes emparés d’elle, nous nous la sommes appropriée, au point de la revendiquer nôtre au même titre que ses détenteurs de droit divin.»

Voilà : la langue française est devenue leur langue sacrée, au point de vouloir sacrifier la langue maternelle et officielle du peuple algérien : l’arabe, pourtant réellement langue sacrée, étant la langue du Coran. Sans oublier «la langue» amazighe pour les berbérophones, pourtant «langue» matricielle. Ces langues vernaculaires qui renferment tout un fond sensible collectif, tout un imaginaire collectif structurant la culture et la personnalité du peuple algérien, sur lesquelles surfe d’ailleurs la France coloniale, à travers une promotion folklorique.

Cette autre proclamation de foi française écrite par un auteur haïtien au début du XXe siècle peut également être appropriée par ces Algériens sectateurs de la francophonie : «Notre langue est française, françaises sont nos mœurs, nos coutumes, nos idées et, qu’on le veuille ou non, française est notre âme.»

L’âme de ces Algériens culturellement néocolonisés est incontestablement française, comme leur arme est la langue française, ce butin de guerre fièrement revendiqué comme faisant partie intégrante du patrimoine linguistique algérien.

La «cinquième colonne culturelle»

C’est avec cette arme française que ces hommes liges de la France, adoubés par l’Elysée, comptent tuer l’âme algérienne, assassiner notre culture plurielle, ressusciter la suprématie culturelle française. Assiéger l’Algérie avec leur cheval de Troie : le français, ce système linguistique pirate infiltré dans le logiciel intellectuel et éducatif de l’Algérien. S’introniser, au terme de leur Odyssée néocoloniale, rois de l’Algérie francisée. Franchisée. C’est-à-dire une Algérie devenue succursale de la France.

Comment un butin de guerre instrumentalisé par des Algériens francophiles, cette «cinquième colonne culturelle», pourrait devenir triomphalement le trophée de guerre de la France impérialiste contemporaine, si l’Algérie continue à souscrire à ce bulletin d’adhésion linguistique néocoloniale. A cette francophilie néocoloniale défendue par l’idéologue tunisien Ilyes Zouari ?

Pour revenir au Cassandre Ilyes Zouari qui prédit un avenir catastrophique à l’Algérie «si elle remplace le français par l’anglais», ce Tunisien ferait mieux de s’intéresser à l’état de délabrement du système éducatif français, où la langue anglaise est une exigence dans la recherche universitaire et scientifique (loin du folklore gaulois).

Comme nous l’indiquions plus haut, l’école française est devenue une structure de décervelage et l’antichambre de Pôle Emploi (chômage).

Le système éducatif français se transforme année après année en champ de ruines. Il est au bord du naufrage. A plus forte raison le français est-il en déclin. A l’instar de la France en voie de tiers-mondisation, le français également est en train de s’appauvrir. Les jeunes n’ont plus de vocabulaire et ne savent plus écrire. Certains enseignants s’alarment de la baisse de la maîtrise du vocabulaire. La faillite de la langue touche à la fois l’orthographe, la grammaire, le vocabulaire, la lecture, l’écriture et la compréhension du sens de ce qui est lu ou écrit. Et elle est pluri-générationnelle, puisqu’elle concerne aussi bien les enfants, les adolescents et les jeunes que les adultes. Selon plusieurs études, seulement un tiers des élèves de 3e écrit lisiblement. Cette faillite de la langue touche aussi presque toutes les catégories sociales d’appartenance des élèves, y compris les enfants de l’«élite».

Ces deux dernières décennies, en France, l’échec scolaire, matérialisé par la baisse du niveau en français et en mathématiques, et couronné par le décrochage scolaire, c’est-à-dire l’abandon des études, constituent un véritable fléau social.

En témoigne : 44% des jeunes en France avouent avoir rencontré des difficultés scolaires. Par ailleurs, 12,9% des jeunes de 15 à 29 ans sont sans emploi, ni formation ou simplement déscolarisés. Certes, selon les statistiques ministérielles, le nombre de décrocheurs est en nette diminution, comparé aux années 1980 où près de 40% des jeunes sortaient de l’école sans diplôme ou avec le seul brevet.

En France, alors que le niveau scolaire des élèves ne cesse de baisser comme toutes les études le prouvent, notamment celle de l’OCDE publiée le 5 décembre 2023, le nombre de bacheliers augmente curieusement d’année en année, pour atteindre 90% de réussite au baccalauréat (en 2021, le taux de réussite au bac avait atteint près de 94% et même 97,5% en filière générale. Le record absolu est de 95% de reçus en 2020, toutes filières confondues). Aujourd’hui, plus de 94% d’une génération sont susceptibles d’atteindre miraculeusement le niveau du bac, contre un jeune sur dix dans les années 1960, sept sur dix dans les années 1990. A la lumière de ces pourcentages de «réussite au baccalauréat», une conclusion s’impose. En France, l’école capitaliste de masse est devenue une structure éducative occupationnelle, préparatoire au chômage. Mais également un espace de concentration de main-d’œuvre potentielle soustraite des statistiques du chômage.

Pour leur donner l’illusion de la réussite et de la progression dans le cursus scolaire et universitaire, l’éducation nationale française distribue généreusement aux étudiants des diplômes (baccalauréat, licence, master), comme on leur fait accroire qu’ils sont montés dans le démocratique ascenseur de l’ascension sociale qui, en vertu de l’idéologique credo méritocratique de «l’égalité des chances», les hissera au sommet du succès professionnel, de la réussite sociale.

Cela étant, en France, le diplôme, quel que soit le cycle universitaire, est devenu la peau d’âne derrière laquelle tout un chacun dissimule son ignorance, camoufle sa vacuité intellectuelle. De sorte que la fabrique des crétins a abouti à une crétinisation de la France.

En France, l’entrée dans la vie active s’effectue de plus en plus tardivement. Aussi, avec une perspective d’études supérieures démesurément rallongée (5 années après le Bac), et une extension du temps d’accès à un travail stable, les jeunes n’entament-ils leur carrière professionnelle qu’à un âge avancé, entre 25 et 30 ans. De sorte qu’un jeune aura passé plus de 20 ans sur les bancs de l’école pour, in fine, se retrouver sur les bancs de touche de la vie sociale. Vingt ans de débauche scolaire «scolastique» pour échouer à Pôle Emploi faute de débouché professionnel. La massification de l’enseignement supérieur est une mystification intellectuelle. Elle ne reflète pas une augmentation significative du niveau scolaire des étudiants, aux connaissances encyclopédiques réellement de plus en plus réduites du fait de la segmentation des sciences, de la parcellisation des savoirs (et de la concurrence des réseaux sociaux, auprès desquels les jeunes vont s’informer et, donc, se former ou se déformer). Cette massification est une donnée purement statistique, symbolisée par le gonflement du nombre des diplômés opéré par la politique permissive d’inscription dans le cycle supérieur.

L’école française s’adonne à une forme d’élevage intensif d’étudiants en batterie opéré dans ses structures éducatives pondeuses de savoirs déficients. Chaque année elle déverse une juvénile population salariée potentielle sur le marché du travail lilliputien. Une population scolaire qui passe davantage de temps à se former que les générations précédentes. En France, la durée moyenne des études a doublé.

L’ironie de l’histoire, c’est que, une fois achevé leurs études, la situation sociale de la majorité des étudiants sera semblablement identique à celle des jeunes prolétaires depuis longtemps exclus du système éducatif. Ces étudiants, quoique munis de leur diplôme, ne rentrent pas immédiatement (voire jamais) dans la vie active. Et quand certains réussissent à y rentrer, c’est par «la voie de garage», par des emplois sans issue contractuelle pérenne. Dans une société marquée par la McDonalisation et l’Ubérisation, ces étudiants intellectuellement édentés s’inscrivent dans une carrière professionnelle dentelée.

C’est ce que confirme un rapport de la Commission européenne sur la France : «La structure du marché du travail apparaît de plus en plus segmentée et les inégalités scolaires augmentent. Les demandeurs d’emploi ont un accès très limité à la formation, l’accès des moins qualifiés à l’apprentissage décroît et les résultats éducatifs des moins diplômés s’effondrent.» Et en France, «les inégalités éducatives liées au contexte socio-économique sont parmi les plus élevées des pays de l’OCDE. Le lien entre l’éducation et le marché du travail est toujours plus faible et l’accès à l’apprentissage décroît, spécialement pour les moins qualifiés. Plusieurs groupes de population sont maintenant plus exposés au risque de pauvreté, à l’exclusion sociale.»

En conclusion, l’idéologue tunisien Ilyes Zouari ferait mieux de s’inquiéter du sort des élèves français livrés à l’ignorance et privés d’avenir par un système éducatif et un modèle économique en plein effondrement.

Il n’y a qu’à regarder le premier de la classe en France, Emmanuel Macron, qui a raté non seulement (à deux reprises) le concours d’entrée à l’Ecole normale supérieure, mais surtout a lamentablement échoué ses deux présidences à observer dans quelle situation de crise multidimensionnelle catastrophique il a entraîné la France.

K. M.

17 Commentaires

  1. Quelles que soient les circonstances de la vie qui peuvent donner la richesse à l’un et réduire l’autre à la pauvreté, et que la nature ait doté les êtres humains d’aptitudes et de compétences plus ou moins grandes, tous ont en commun d’être fait de poussière et d’être promis à la poussière, comme le dit le Prophète. Aussi faut-il que maitres, chefs, gouvernants et « seigneurs » abandonnent tout sentiment de supériorité par rapport au peuple, tout sentiment de charité à son endroit car, en l’occurrence, la charité n’est qu’une forme de condescendance. De tels sentiments doivent céder la place à la foi en l’égalité et la justice.

    Ces sentiments doivent devenir un élément de notre vision des choses et de notre jugement, un élément fondateur de notre sentiment national. Alors et alors seulement, nous pourrons nous convaincre tous que chacun de nous a droit à une vie utile et digne, et que l’enseignement et la culture, sous toutes leurs formes, sont la voie que nous devons suivre pour y parvenir. Alors, nous croirons tous ensemble que l’enjeu et la valeur de l’enseignement sont ceux de la vie même.

    C’est dans le cadre de cette société démocratique que l’indépendance, acquise au prix du sang, pourra être préservée et qu’il sera possible de construire une société forte militairement, économiquement, socialement et culturellement. Tout cela ne peut se faire que par le savoir et l’enseignement.

    La liberté et l’indépendance ne sont qu’un moyen de parvenir à un but : l’édification de la civilisation, qui est fondée sur la culture et le savoir, et sur la force et la richesse qui en découlent. Cela exige la construction d’une armée fière et puisante, la mise en place d’une économie nationale moderne et l’instauration d’une indépendance scientifique, artistique et littéraire. Pour cela, il n’y a qu’une seule voie : assoir l’enseignement sur des bases solides.

    Une politique de l’éducation nationale doit définir, dès le début, les objectifs généraux et les étapes transitoires en même temps qu’elle doit proposer des lois de programme pluriannuelles qui mettront le train de l’éducation nationale sur les rails de l’excellence.

    On ne doit pas perdre de vue qu’une politique démocratique et moderne de l’Education nationale doit répondre aux impératifs économiques, sociaux et culturels du développement de l’Algérie et garantir le droit de chacun à l’éducation initiale et permanente qui épouse notre siècle.

    Fraternellement lhadi

    ([email protected])

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  2. Cet esclave Tunisien à une proche à l’institut du monde arabe une certaine Faouzia Zouari qui fait la propagande pour le Parlement des écrivains francophones et l’UMA .
    Son genre de femme c’est sa copine Rachid Dati rien qu’évoquer leurs noms en pense aux moquettes et fauteuils qu’elles ont usées..

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  3. L’auteur n’a pas lu kateb Yacine pour relever les circonstances de ce qu’il qualifiait de butin de guerre. L’anglais est indispensable sans conteste, mais le français est nécessaire car des millions d’Algériens le pratiquent.

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    • Anglais est la langue de l’Innovation.
      La seule raison pour laquelle le FRANÇAIS ne doit pas être Élimine totalement du Paysage c’est qu’il existe un Nombre Important de CADRES FRANCOPHONE qu’on ne peut pas GASPILLER.
      Il faudrait bien gérer un MULTI-LINGUISME de TRANSITION
      .
      Il faut juste Préciser le PÉRIMÈTRE STRATÉGIQUE D’APPLICATION PRIORITAIRE de Chaque Langue.
      .
      Mobilité professionnelle en ALGÉRIE
      Mobilité professionnelle INTERNATIONALE
      CULTURE SCIENTIFIQUE
      LITTÉRATURE
      BUSINESS
      LÉGISLATION
      LITTÉRATURE
      BUSINESS

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  4. Mr Aghion Co-lauréat du Prix Nobel d’Economie 2025 insiste sur le fait qu’il n’y a de Développement Que par l’Innovation.
    La destruction créatrice est inhérente a l’ Innovation dont il faut attenuer les effets par des politiques éducative , Sociales …

    Le Développement Économique est tout autant MORAL et CULTUREL que MATÉRIEL!
    Cf. J. Mokyr / Prix Nobel d’Economie 2025

    Joël Mokyr démontre que pour reproduire le succès de la révolution industrielle de l’Angleterre implique un Environnement CULTUREL,
    (Des institutions Inclusives qui permettent la Diversité d’Opinion est aussi requise selon Daron Acemoglu – Nobel 2024)
    Un Environnement Culturel qui entretient le pluralisme des Idées ,incite à la Curiosité et l’Ouverture et la capacité a tester et absorber des Idées et des Connaissances Nouvelles
    .
    L’Evolution Culturelle procède par Imitation , par débat et par l’Adaptation des Institutions Culturelles et de la Connaissance
    Il est nécessaire développer une Infrastructure Culturelle qui Valorise la RÉSOLUTION des PROBLÈMES et tolère l’Incertitude.
    .
    La LANGUE véhicule Aussi des Normes sur Qui peut Penser , Experimenter, Tester , ou se tromper… car même L’ÉCHEC est une EXPÉRIENCE.
    .
    L’Introduction de l’ANGLAIS est une ÉVOLUTION NATURELLE de la Société et de l’Economie ALGÉRIENNE.
    C’est le Sens du PROGRÈS

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  5. Malek Haddad avait dit  » la langue française est mon exil » avant de cesser d’écrire, il n’était pas d’accord avec Kateb Yacine, depuis ses livres ne sont plus édités en France, victimes d’une censure non déclarée.

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  6. Ben oui , c’est bien une erreur de « passer » du Français à l’Anglais. En effet, il n’est pas productif du tout de supprimer la langue française pour la remplacer par la langue anglaise. L’Algérie est francophone (et non francophile) par le hasard de l’histoire, après 132 ans de colonialisme comme par exemple l’Egypte est anglophone pour les mêmes raisons historiques.

    Pour moi il est tout simplement utile d’introduire en plus l’anglais à l’école et de lui consacré un volume horaire adéquat à côte du français. Ces deux langues étrangères sont très UTILES (voire stratégiques) pour le pays, et on s’en fiche de la France, du Royaume Unis et de leurs gouvernements. Les langues étrangères sont précieuses pour notre pays dans une planète qui devient de plus en plus un village, et ce n’est pas faire preuve d’allégeance que de les encourager.

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  7. Le français comme « butin de guerre » comme le proclamait Kateb Yacine a-t-il vraiment un sens aujourd’hui quand on sait que c’est à travers cette langue que des félons et des agents à la solde de puissances étrangères attaquent l’Algérie, son histoire, son peuple, ses dirigeants, ses institutions dont son ANP, véritable colonne vertébrale du pays.
    C’est à travers cette langue qu’une certaine classe politico-médiatique extrémiste et ouvertement islamophobe font continuellement de l’algerian bashing. La thématique algérienne instrumentalisée à l’excès de la part de personnalités politiques discréditées quand viennent le moment des élections. La ligne éditiorale ostensiblement raciste et anti-algérienne de médias de l’extrême droite française ultra sioniste.
    Le français comme « butin de guerre » comme l’écrivait Kateb Yacine n’a plus de sens car la guerre ne s’est jamais arrêtée.

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    • cher compatriote @Fodil Dz , pardon de vous le dire mais c’est une grave erreur de faire disparaître la langue française pour la remplacer par l’anglais. On n’a même pas besoin d’explications , tellement c’est évident et clair comme de l’eau de roche. Continuer à apprendre le français se n’est pas être francophile. Le solution intelligente et logique est de développer les deux langues en même temps avec des volumes horaires adéquats et pour l’une et pour l’autre. On s’en fout de Macron, de Retailleau ou de Keir Starmer ou de Trump ou de je ne sais qui. D’ailleurs on s’est fâcher avec des pays arabes , des monarchies du golf, avec l’Egypte mais on a gardé la langue arabe et pourtant il y en a même qui disent qu’on n’est pas réputé être des arabes.

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      • Ma chère compatriote Halima, c’est un point de vue que j’émets en français …

  8. Je pense que le remplacement du français par l’anglais est complètement antinationale, au regard de l’importance de la communauté algérienne en France. Car, le remplacement du français par l’anglais érigerait, à terme, un fossé entre les algériens d’Algérie et les algériens de France, ce qui serait dommageable pour les deux « communautés ».

    En outre, militer pour le remplacement du français par l’anglais est le signe d’une schizophrénie certaine, d’une fuite en avant irrationnelle et d’une catastrophe annoncée, à moins que l’on soit prêt à défendre l’idée saugrenue que les futurs 50 millions d’algériens vont TOUS se mettre à publier dans la revue « Nature » ou dans la revue « Applied Econometrics » ou dans la revue « Annual Review of Astronomy and Astrophysics » ou ……. (En fait, l’anglais ne peut servir qu’à une minorité d’universitaires, pouvant publier à l’étranger, dont le nombre est quasi-négligeable par rapport à la masse des universitaires qui se contentent de grignoter la part de rente qui leur est allouée par le pouvoir qui gère la distribution de la rente).
    Ceci étant souligné, la plupart des algériens n’auront jamais besoin de maîtriser la langue anglaise puisqu’ils se contenteront d’un vocabulaire de 4000 mots au maximum de « francalgérien » pour vivre heureux.

    Moralité de l’histoire: des tubes digestifs ambulants n’ont nul besoin d’une langue sophistiquée pour appréhender un vécu qui se résume en deux « activités » principales: consommer ce que d’autres produisent et déféquer.

    En termes crus, pour engager un débat sur les langues, il faudrait d’abord engager le débat essentiel sur le travail et la production (la langue fait partie de la superstructure et reflète l’infrastructure tout en participant à sa transformation). une société, qui ne produit pas des biens matériels, ne produira pas les concepts qui appréhenderont son vécu et sa dynamique.
    Pour faire court, le débat sur la langue est un débat byzantin qui tourne en rond car, la base sur laquelle il repose est constituée par un plein idéologique (chaque camp défend une position qui ne transparaît guère dans l’argumentation) que les protagonistes essaient, par tous les moyens, d’évacuer.

    PS: je pense que la décision de remplacer le français par l’anglais est une décision irréfléchie et démagogique qui sert, en premier lieu, à dissimuler la stérilité remarquable de nos augustes dirigeant quant à la réalisation d’un projet de société en rapport avec les contraintes et les enjeux du moment, d’une part et et à « aveugler », d’autre part, les francophones (qui ont la possibilité de voir le monde autrement qu’avec des lunettes religieuses, entre autres) pour mettre tout le monde au même BAS niveau. Je rappelle qu’une langue n’est pas neutre et sert toujours des intérêts inavoués.

    Wa el fahem yefhem

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  9. Allez en France et assistez à une conférence académique — ou même à un événement destiné aux praticiens — et vous constaterez que les présentations sont rarement faites dans la langue de Molière, même au pays de Molière. Pour moi, c’est la preuve la plus claire que le verdict est tombé. À l’image de la France elle-même, la langue française perd progressivement de son aura, et sa superbe ne subsiste plus que dans l’esprit de ceux d’entre nous qui ont vécu toute leur vie en francophones, souvent incapables de réaliser qu’il est désormais essentiel d’offrir à nos enfants la possibilité de maîtriser une langue étrangère bien plus utile, qui leur offrira de bien meilleures perspectives dans la vie. La France et sa langue ressemblent à un navire qui coule — et nous, Algériens, n’avons aucune raison de sombrer avec.

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    • @Algérien Pur Et Dur , il est vrai que l’anglais est la langue la plus utilisée dans les revues scientifiques en général, mais la langue française est elle aussi utilisée dans des publications scientifiques de haut niveau. Vous confondez le régime pourri de Macron et sa politique économique et sociale avec la valeur et la portée de la langue française. L’Algérie n’a aucun intérêt à faire disparaitre la langue française au profit de la langue anglaise. On n’a même pas besoin de faire une thèse sur çà pour le comprendre.

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  10. Je ne prétendrai jamais détenir la vérité et j’aime bien les arguments mais seulement quand ils sont étoffés. Have a good and blessful day.

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  11. Deux questions à un doro me viennent à …………….. l’esprit.

    1ère question à un doro: puisque nos augustes dirigeants ne cessent de nous répéter que nous sommes des « arabo-amazigho-musulmans », pourquoi ne pas remplacer le français par l’arabe et/ou le tamazigh* et augmenter le temps imparti à l’enseignement religieux pour construire l’arabo-amazigho-musulman-type* ?

    2ème question à un doro: que signifie le remplacement du français, langue de la (l’ex?) puissance coloniale par l’anglais, langue de le 1ère puissance impérialiste du moment, si ce n’est le remplacement d’une dépendance par une ……………….. autre dépendance?

    Réponse gratuite: je laisse aux experts le soin de répondre, avec soin, à ces questions hautement stratégiques, pour ne pas dire existentielles.

    * Je rappelle, pour les non-avertis, que la langue n’est pas uniquement un moyen de communication mais est, aussi et surtout, un véhicule idéologique qui justifie des rapports sociaux historiquement déterminés et qui imprègne le système de pensée de ceux qui l’utilisent.

    En termes crus, contrairement aux apparences, la langue n’est pas neutre.

    Wa el fahem yefhem.

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  12. Il y a des analystes, et puis il y a les Madame Soleil de la francophonie. Ilyes Zouari appartient à cette seconde école : celle qui confond la prospective avec la prophétie et la langue avec la loyauté.
    À chaque prise de parole, il brandit l’épouvantail de l’anglais comme si Shakespeare allait débarquer à Alger avec un drapeau. L’Algérie, dit-il, commettrait là sa « deuxième plus lourde erreur historique », rien que ça, après 1962. Un jugement de pythie plus que d’expert.

    Le problème, c’est que ses oracles ne survivent jamais au réel. Tandis qu’il annonce le désastre linguistique, des pays africains et asiatiques combinent français, anglais et langues locales sans effondrement civilisationnel. Pendant qu’il fustige le pragmatisme algérien, la recherche mondiale continue, elle, à se publier en anglais — et les économies émergentes à en tirer profit.

    Zouari, président d’un centre dont personne ne peut citer un rapport majeur, vend la nostalgie francophone comme d’autres vendent l’eau bénite : à ceux qui ont peur du présent. Il s’imagine gardien d’un temple alors qu’il n’est que le chantre d’un monopole linguistique révolu.
    Ses prévisions ne valent pas méthode : elles sentent la naphtaline d’une France d’hier plutôt que la lucidité d’un monde qui parle plusieurs langues sans renier la sienne.

    Bref, derrière la rhétorique grandiloquente, rien qu’un moraliste en surchauffe, prophétisant dans le vide. L’histoire, elle, avance sans demander sa permission.

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