Une contribution d’Ali Akika – Il est des gens parmi la secte des «experts» qui nous expliquent que l’histoire de la tragédie de la Palestine a commencé le 7 octobre 2023. Avant cette date, ce pays était, selon ces devins, une paisible contrée où la vie s’écoulait le plus normalement du monde. Il faut modestement rappeler des faits historiques et remettre les pendules à l’heure pour parler de la situation actuelle qui n’est que la continuation de la tragédie d’un peuple mais aussi le signe que ce même peuple ne veut pas sortir de l’histoire, et il n’en sortira pas… Et ce ne sont pas les élucubrations de «notre» secte qui vont effacer l’histoire, le rêve des occupants.
C’est pourquoi il n’est pas inutile de rafraîchir la mémoire à ceux qui oublient naïvement, ou à dessein, que «l’histoire» écrite par les occupants est toujours un tissu de manipulations sorti de leur honteuse fabrique de mensonge. Aussi vais-je rappeler que la lutte armée contemporaine des Palestiniens a commencé le 1er janvier 1965. Elle fut l’œuvre d’El Açifa (tempête), branche armée du Fatah.
Par cet acte, la résistance a voulu envoyer un message au peuple palestinien mais aussi aux régimes des Etats arabes voisins. Message, limpide et non négociable, avait pour nom l’indépendance de la décision politique palestinienne. La séquence ouverte le 7 octobre 2023 est la continuation de la lutte de libération d’un pays occupé.
Ainsi, lutte armée et indépendance politique sont deux piliers qui déplaisaient et continuent de déplaire à certains régimes de pays arabes. Car dans ces Etats, le peuple palestinien réfugié a subi une répression féroce en Jordanie en 1970 qui obligea la résistance à s’installer au Liban. Quelques années plus tard, le même drame se reproduisit au Liban où le massacre de Sabra et Chatilla eut lieu, sous la surveillance de l’armée israélienne qui, incapable d’occuper Beyrouth, chargea pour cette sale besogne des phalanges fascistes libanaises.
A partir de ces deux événements, les Palestiniens ont tiré des leçons de leur histoire, se battre chez eux et ne jamais plus se laisser chasser de leur terre. Ces faits historiques et leurs leçons n’effleurent pas l’esprit des hâbleurs, aussi bien en Occident que chez les castes féodales du monde arabe. Outre leur formatage idéologique et l’utilisation outrageuse de la «novlangue», nos hâbleurs jugent la situation en Palestine avec des lunettes embuées et les yeux dans le guidon…
Venons-en au cessez-le-feu à Gaza et au déplacement du président américain à Tel-Aviv et à Charm El Cheikh où s’est tenu un forum qu’il présida. Trump, parrain de cette cessation des combats pour le compte de Netanyahou, a tenu à inviter des hôtes de sa cour «royale» de vingt pays qui ont adoubé le «miracle» du président américain. Le cessez-le-feu de Trump accompagne un plan en vingt points censé ouvrir la voie à une paix «éternelle» (c’est son expression). En vérité, si l’on veut échapper au piège du spectacle style Hollywood, le cessez-le-feu est le produit d’un rapport de force où l’Amérique a mis toutes ses forces pour sauver le soldat Netanyahou et ensuite espérer réduire le problème palestinien à une équation supportable par Israël.
Le président américain n’est pas mécontent d’offrir le cessez-le-feu à Netanyahou qui courait depuis deux ans derrière une improbable «victoire». Trump avait déjà, en juin dernier, sauvé la face à Netanyahou qui pensait envoyer ses avions en Iran aussi facilement qu’à Gaza dont les défenseurs étaient démunis de défense anti-aérienne. Tout le monde, en juin dernier, avait assisté à la communication téléphonique publique et filmée de Trump qui ordonna à Netanyahou de faire revenir ses avions pour ne pas saboter l’arrêt des combats «négocié» par ses services avec l’Iran. Par ces deux «petites» humiliations des cessez-le-feu de Gaza et d’Iran, Trump voulait donner une leçon à Netanyahou, qui se vanta en privé qu’il tenait dans ses mains les présidents américains.
Trump voulait faire, comme ses prédécesseurs, laisser agir Israël tant que ses opérations militaires bénéficiaient aussi à l’Oncle Sam. Tous les présidents américains ont procédé ainsi. On pense au président américain Eisenhower, en 1956, qui donna 24 heures à Israël pour évacuer le Sinaï à l’ombre de deux puissances nucléaires, la France et l’Angleterre qui avaient envahi l’Egypte pour récupérer le canal de Suez ou bien se faire payer la perte de cette voie internationale dorénavant nationalisée. Je pense aussi à Bush père, ancien directeur de la CIA qui menaça de couper les aides si Shamir, Premier ministre, refusait de s’asseoir à la table de négociation de Madrid qui avait déblayé la route des futurs Accords d’Oslo. Les ultimatums d’Eisenhower et de Bush nous renseignent sur les réactions des Etats-Unis quand leurs intérêts sont menacés ou simplement gênés par un mauvais élève qui oublie que sa survie ou sa sécurité dépendent de la puissance américaine. Du reste, Trump se conduit aujourd’hui en Ukraine comme Eisenhower qui évita à son pays une guerre mondiale après l’ultimatum de l’URSS présidé par Boulganine. Ce dernier avait menacé d’user de bombes atomiques contre les agresseurs franco-anglais-israéliens. Le président de l’ex-URSS voulait protéger son nouvel et seul allié dans la région, l’Egypte de Nasser qui venait de renverser la monarchie de son pays en 1952.
La «souveraineté» d’Israël dans les girons des Etats-Unis
Il y a une autre image de dépendance encore plus humiliante pour Israël que celle de girons. C’est celle de vassalité dont fut affublé Netanyahou par la presse israélienne. Pourquoi cette violence des mots de cette presse ? La raison est du côté des négociations pour les échanges de prisonniers qui sont passées des mains du Mossad aux conseillers de Trump dirigés par Steve Witkoff. Ce dernier était en négociation avec la résistance palestinienne à Doha. Le bombardement du Qatar par Israël a sorti de ses gangs Witkoff qui alerta Trump qui fit convoquer Netanyahou à la Maison-Blanche et l’obligea à s’excuser auprès de l’émir du Qatar.
Voulant se prémunir d’une nouvelle entourloupe de Netanyahou, Trump exigea que l’accord de cessez-le-feu soit signé en présence de Witkoff. Ce dernier se déplaça en Israël et assista à la réunion du gouvernement où Netanyahou devait signer le cessez-le-feu négocié par les Etats-Unis. On n’a jamais vu un Etat souverain ouvrir les réunions du gouvernement à des officiels étrangers. Si on ajoute les hauts gradés de l’armée américaine installés à Tel-Aviv pour surveiller l’application sur le terrain du cessez-le-feu, on se demande ce qu’est devenue cette «souveraineté» d’un Etat qui se vantait et laisser croire à sa capacité de résistance à l’Oncle Sam.
Toutes ces infos ont fuité dans la presse mondiale et explique la colère de certains journalistes israéliens qui ont qualifié de vassalité le comportement de Netanyahou devant Trump pressé d’inscrire à son tableau de chasse une nouvelle guerre. En vérité, les services américains savaient que la victoire était une chimère et sa durée pouvait retarder l’application du plan de Trump avec les pays de la région. En un mot, les Américains savent que toute guerre s’arrête quand l’un des acteurs de la confrontation n’a plus les moyens de la continuer ou bien la continuation de la guerre lui coûte trop cher et ne garantit pas même un début de victoire. En restant droit dans ses bottes en maintenant ses certitudes en de chimères victoires, Netanyahou attira les foudres que lui balança Trump au visage : «Tu ne peux pas faire la guerre à tout le monde !» A cela, il faut ajouter la pétition de quelque 500 hauts officiers de l’armée et du renseignement israéliens qui connaissent le coût de la guerre en termes de morts, de blessés et ses conséquences sur la situation économique et sociale, l’isolement diplomatique, la condamnation de l’opinion mondiale, etc. Pareille situation compliquerait la politique américaine avec les pays arabes, les Etats-Unis redoutant leur rapprochement avec l’Iran ou bien la réaction des peuples, à l’image de la chute du Shah d’Iran, un événement qui joua un rôle dans la non-réélection de Carter.
Le Moyen-Orient à l’aube d’une nouvelle carte géopolitique ?
La situation actuelle et les tensions qui montent crescendo rappellent la chute de l’empire ottoman qui fut détrôné par la Grande-Bretagne en 1920. Aujourd’hui, c’est l’Oncle Sam qui est aux commandes dans la région. Et sa course contre la montre à vouloir éteindre le feu de la guerre entre le Pakistan et l’Inde, entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie et ailleurs est une tentative de remodeler le Moyen-Orient pour neutraliser des puissances comme la Russie et la Chine mais aussi l’Iran. Il faut garder un œil sur l’Iran, vu la place que Trump lui a consacré devant la chambre des députés à Tel-Aviv. Je fais allusion à la chute de l’empire ottoman car cette région a toujours attiré conquérants et prédateurs depuis l’Antiquité. Il faut dire qu’elle fut le berceau de grandes civilisations, de grands empires, Grèce, Perse, Rome et enfin de l’islam. En plus d’être la terre de trois religions, c’est une contrée/carrefour de trois continents et à l’heure du pétrole/gaz et des routes de commerce où se livrent des batailles féroces de nos jours.
Hier, c’était l’Occident, y compris les Ottomans (prise de Constantinople) qui dessinèrent la carte du Moyen-Orient. Depuis la Seconde Guerre mondiale, les dynamiques de l’histoire ont continué leurs œuvres de bouleversements politiques. Aujourd’hui, la région est traversée par de contradictions profondes dues à la présence de puissances étrangères mais aussi par celles qui divisent les pays à régime plus ou moins républicains à ceux fondamentalement féodaux. La chute de l’empire ottoman s’est soldée par l’apparition de régimes républicains nourris de l’idéologie de mouvements nationaux et la disparition de certains régimes monarchiques et féodaux en Egypte, en Irak, Libye et même l’Iran de Mossadegh, qui fut renversé par le couple CIA et MI6.
Conclusion. Si la cause de la Palestine est revenue sur la scène internationale en faisant bouger les chancelleries et mobiliser l’opinion mondiale, la Palestine le doit à la justesse de sa cause et la bravoure de son peuple. Sa lutte a révélé l’impuissance du droit international abandonné et livré à un Etat qui se sert de sa puissance économique et militaire et en usant et en abusant de son droit de véto au Conseil de sécurité de l’ONU. La question palestinienne s’avère être une question de haute politique avec des implications géopolitiques et géostratégiques d’abord sur les pays de la région. Ensuite en direction de grandes puissances qui ne peuvent laisser les Etats-Unis maîtres du jeu dans une région-carrefour reliant les trois continents.
Pour l’heure, on voit seulement les actes de l’Oncle Sam qui se démène à la fois pour protéger Israël et neutraliser l’Iran. Derrière ce double objectif, les Etats-Unis visent à offrir des «accords d’Abraham» élargis à l’Arabie et être «l’ami» de l’Iran (c’est le souhait exprimé par Trump à Tel-Aviv dans son discours au Parlement). En clair, Trump veut offrir «la paix et la sécurité», offre que la région paierait en pétrole/gaz et en dollars pour combler une partie de la dette abyssale des Etats-Unis.
Et, cerise sur le gâteau, la Chine «coupée» d’un Iran «neutralisé» ne pourra plus acheter du pétrole iranien qu’elle paie en yuan. Ce plan «merveilleux» s’ajoutera aux sept guerres «arrêtées» en Asie centrale et en Afrique (citées plus haut) et évitera à l’Oncle Sam de faire la guerre à la Chine. Mais ces sept guerres ne sont pas les sept cavaliers de l’apocalypse qui pourront intimider la Chine ou l’Iran.… On a le droit de rêver, sauf qu’il faut rappeler que Trump avait construit lors de son premier mandat les «accords d’Abraham» et aussitôt redevenu simple citoyen, il apprit, et a été surpris comme tout le monde, par l’opération palestinienne du 7 octobre. Pour finir, avant le 7 octobre, on a voulu effacer la Palestine par la «magie» du déni des réalités, en oubliant que l’histoire est, par définition, mouvement et dynamique.
Répéter une erreur et sous-estimer un adversaire ou un ennemi, c’est risquer de se noyer dans les marécages de son arrogance. Oui la Palestine est debout, encore et toujours combattante.
A. A.




Excellente contribution.
Allah yrahmoum
FREE PALESTINE
Certains régimes arabes voient dans la lutte palestinienne le symbole de leurs échecs et de leurs trahisons.
Les états arabes qui ont normalisé avec l’entité sioniste ont tout simplement abandonné et trahi la noble et juste cause palestinienne. Et ce n’est pas le sommet de Doha qui va nous faire croire le contraire.
Une soumission qui n’a fait qu’accentuer les fractures au sein d’un monde arabo-musulman déjà fortement déstabilisé.
Palestine vivra ! 🇵🇸
Palestine vaincra ! 🇵🇸
La Palestine et l Algérie vivront ila YOUM DINE: inchAllah