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La vraie victoire

Par Abdelkader S. – Il existe des métamorphoses qui valent plus que de longues réformes, des changements silencieux mais profonds qui redonnent foi en la beauté du sport. Ce qui se passe depuis quelque temps au stade de Tizi Ouzou en est l’illustration la plus éclatante. Là où régnaient naguère la tension, les invectives et les comportements indignes de la ferveur sportive, s’installe désormais une atmosphère de communion, de respect et de joie partagée.

Car, à Tizi Ouzou, le spectacle ne se limite plus au carré vert. Certes, la JS Kabylie continue d’émerveiller par son jeu et sa ténacité, mais ce sont surtout les tribunes qui offrent aujourd’hui les plus belles images, celles d’un public venu célébrer le football dans sa dimension la plus noble. Là où autrefois grondait la colère, s’élève désormais un chœur de familles, d’enfants rieurs, de femmes fières d’arborer les couleurs de leur club, et de vétérans qui retrouvent, le cœur apaisé, le plaisir de supporter.

Ce changement, presque miraculeux, a rendu au stade sa véritable vocation. Un lieu de rassemblement et de fête populaire. On n’y voit plus ces rangées de forces de l’ordre, alignées telles des remparts entre les joueurs et leurs admirateurs. L’ordre, à Tizi Ouzou, n’est plus imposé. Il est incarné. Il se lit dans les sourires, dans la retenue des gestes, dans le respect mutuel qui s’instaure entre les générations.

La plus belle image de cette renaissance restera sans doute celle du gardien de but de la JSK, Mohamed-Idir Hadid, ce lundi, son enfant dans les bras, fêtant la victoire au milieu des siens. Symbole éloquent d’un football retrouvé, d’une passion domestiquée sans être étouffée, d’une émotion qui se transmet avec douceur.

Tizi Ouzou prouve ainsi que la culture du sport peut être vectrice de progrès social, que le civisme n’est pas un vain mot lorsqu’il s’allie à l’amour d’un club et au sens du collectif. Ce renouveau du public de la ville des genêts est une leçon pour tout le pays. Le football, lorsqu’il est vécu avec dignité, peut redevenir une école de vie et un creuset de fraternité.

A Tizi Ouzou, on ne vient plus crier sa colère, mais partager un bonheur. Et cela, à bien des égards, vaut toutes les victoires.

A. S.

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