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Violations et atrocités au Soudan : Guterres appelle à mettre fin au cauchemar

Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a appelé mardi à mettre un terme au «cauchemar» de la violence au Soudan, mettant en garde contre une crise qui est « en train de devenir incontrôlable » dans ce pays.

Guterres a exhorté les parties en conflit à «venir à la table des négociations, (et) mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant».

«La crise horrifiante au Soudan (…) est en train de devenir incontrôlable», a-t-il averti lors d’une conférence de presse en marge du deuxième sommet mondial pour le développement social à Doha (Qatar).

Selon l’ONU, des dizaines de milliers de Soudanais ont fui l’avancée des combats dans une vaste région à l’est du Darfour, un peu plus d’une semaine après la prise de la ville d’El-Fasher, par les Forces de soutien rapide (FSR).

Le conflit au Soudan opposant l’armée soudanaise et les FSR a fait des dizaines de milliers de morts, déplacé près de 12 millions de personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, estiment les Nations unies.

De son côté, le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) avait averti lundi que les atrocités commises par les FSR dans la ville d’El-Fasher pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.

«Ces atrocités s’inscrivent dans un contexte de violence plus large qui ravage toute la région du Darfour depuis avril 2023. De tels actes, s’ils sont avérés, pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome», texte fondateur de la cour, avait déclaré dans un communiqué le bureau du procureur de la CPI, qui siège à La Haye.

R. I.

2 Commentaires

  1. Il faut sanctionner durement les états qui fournissent les armes à l’origine des massacres au Soudan. Les émirats arabes unis sont un véritable poison facteur de déstabilisation. Cet état voyou doit répondre de ces actes.

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  2. (…)
    Alors que l’opinion mondiale s’épuise à commenter Gaza, un autre enfer s’est ouvert plus au sud. Le Soudan saigne dans le silence. Depuis avril 2023, deux armées s’y déchirent : l’armée régulière et les Forces de soutien rapide (RSF), milice née des Janjawids du Darfour, déjà responsables de massacres en 2003. Mais derrière cette guerre civile se cache un acteur de l’ombre, discret, méthodique, et riche à en étouffer la vérité : les Émirats arabes unis.

    Abou Dhabi n’a pas seulement choisi un camp, il a acheté la guerre. En finançant, armant et soutenant logistiquement les RSF, les Émirats ont transformé le Soudan en terrain d’expérimentation d’une nouvelle forme d’ingérence : le mercenariat d’État. Des cargaisons d’armes transitent par le Tchad, des drones décollent d’Amdjarass, des fonds circulent via des sociétés-écrans à Dubaï. Les RSF, soutenues par cet argent du Golfe, ont ensuite rasé des villes, violé des femmes, exterminé des populations entières dans l’ouest du pays. Le Darfour, redevenu un cimetière à ciel ouvert, paye le prix du partenariat stratégique d’Abou Dhabi.

    L’or est la clé du crime. L’or du Darfour, extrait des mines contrôlées par la milice, finance les armes qui tuent les civils. Dubaï en est le cœur battant. En 2024, près de 30 tonnes d’or soudanais y ont été importées sans traçabilité claire. Le métal précieux, arraché à la terre ensanglantée, entre dans les circuits légaux du marché mondial. Les raffineries émiraties lavent le sang dans le silence des transactions. Chaque lingot qui brille à Dubaï porte les empreintes des charniers d’El-Geneina. Les Émirats ont transformé la souffrance en ressource et le génocide en commerce.

    Quand Khartoum a osé accuser, Abou Dhabi a nié. En mars 2025, le Soudan a porté plainte devant la Cour internationale de justice pour complicité de génocide. La Cour a rejeté la plainte, non par manque de preuves, mais parce que les Émirats avaient verrouillé d’avance leur immunité. Réserve juridique, clause d’exception, droit contourné : la diplomatie émiratie avait tout prévu. Le crime reste impuni, parce que la loi a été écrite pour que le pouvoir échappe au jugement.

    Pendant ce temps, la communication d’Abou Dhabi soigne son image. L’émirat organise des sommets humanitaires, parle de paix, finance des ONG, distribue quelques sacs de farine à Port-Soudan. Le contraste est obscène. Le même État qui arme une milice criminelle se met en scène en sauveur des victimes. Sous le vernis de la modernité et de la charité, se cache une mécanique froide de prédation et d’influence.

    Cette duplicité s’inscrit dans un projet plus vaste. Les Émirats avancent leurs pions sur la mer Rouge, contrôlent des ports, achètent des terres, signent des contrats miniers. Le Soudan n’est qu’une pièce de plus sur un échiquier africain où Dubaï veut devenir le banquier et le maître des routes commerciales. Ce modèle repose sur une logique simple : financer le chaos, puis acheter la reconstruction. C’est la géopolitique comme un business plan, la guerre comme investissement.

    L’Europe, elle, regarde ailleurs. Les Émirats sont des partenaires trop précieux pour qu’on ose parler de leurs crimes. Le gaz, les marchés, les contrats pèsent plus que les cadavres. Les capitales occidentales se taisent, leurs banques encaissent l’or, leurs entreprises signent des accords. Le génocide soudanais se poursuit dans une indifférence dorée.

    Le résultat est glaçant. Le Soudan n’est plus seulement une guerre africaine, c’est un miroir mondial. Il montre jusqu’où un petit État du Golfe peut acheter la respectabilité en finançant la mort. Les Émirats arabes unis ont bâti un empire sur la neutralité apparente, la finance opaque et le cynisme diplomatique. Ils se présentent comme médiateurs de la paix pendant qu’ils alimentent la guerre. Ce n’est plus de la politique étrangère, c’est une entreprise de domination.

    Le Darfour n’est pas un accident de l’histoire, c’est le produit d’un système. Un système où l’argent remplace la morale, où l’influence vaut plus que la vie humaine, où les crimes s’effacent sous les gratte-ciel. Pendant que Dubaï s’illumine, le Soudan brûle. Le sang noir de l’Afrique nourrit la gloire blanche des tours du Golfe. Et dans ce troc macabre, les Émirats arabes unis ont acheté non seulement l’or du Soudan, mais le silence du monde.

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