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Frédéric Pons Pilate

Par Khaled Boulaziz – Frédéric Pons, avec son article du 21 novembre dans Le Figaro Histoire – «De la colonisation à la rente mémorielle : les lourds secrets d’un régime algérien aux abois» –, nous offre un cas d’école de journalisme partisan. Le colonel de réserve y dissèque l’instrumentalisation par Alger du passé colonial pour masquer ses échecs actuels : corruption, répression, alliances douteuses.

Mais Pons, fidèle à sa ligne pro-israélienne, évite soigneusement le miroir. Et si la France, elle aussi, vivait d’une rente mémorielle bien plus sophistiquée ? Une rente qui, en 2025, élève un capitaine au rang de général pour des raisons symboliques, tout en refusant aux Algériens les plans des champs de mines posés par l’armée française. Qui des deux pays abuse vraiment de la mémoire ? Réponse : la France et son éléphant rose sioniste y est pour beaucoup.

Pour lui, la «rente mémorielle algérienne» est un vampirisme : recycler les horreurs de 1830-1962 (enfumades, massacres de Sétif) pour justifier une haine antifrançaise et détourner l’attention des urnes truquées ou des coffres vides. Fair enough, diront les conservateurs. Mais appliquons le même scalpel à la France.

En 2025, Paris excelle dans l’art de la mémoire sélective. On commémore ce qui arrange, on enterre ce qui dérange. Prenez l’affaire Dreyfus, ce scandale strictement français de la fin du XIXe siècle, où un capitaine de confession juive, Alfred Dreyfus, fut injustement condamné pour trahison sur fond d’antisémitisme rampant. Réhabilité en 1906, il mourut en 1935 au grade de lieutenant-colonel. Et voilà que, le 18 novembre 2025, le gouvernement français le promeut posthumément au rang de brigadier-général – une décision symbolique, claironne-t-on, pour lutter contre l’antisémitisme contemporain.

Symbolique, vraiment ? Dreyfus était juif, et l’affaire, bien que strictement française, comme l’admettent les historiens, est aujourd’hui brandie comme un bouclier contre toute critique d’Israël. Cette promotion, saluée par le Crif et les médias israéliens, n’est pas anodine. Elle renforce le narratif d’une France éternellement coupable de son passé antisémite, justifiant ainsi un alignement inconditionnel sur Tel-Aviv. Pons, qui n’a jamais critiqué les colonies israéliennes ou les frappes criminelles sur Gaza, applaudirait sans doute. Après tout, il défend Israël comme un «rempart contre l’islamisme». Mais cette rente mémorielle française – recycler Dreyfus pour polir l’image pro-sioniste de Paris – pue l’hypocrisie. Pourquoi exhumer un fantôme juif français pour des enjeux géopolitiques actuels, si ce n’est pour museler les voix antisionistes taxées d’antisémites ?

Maintenant, contrastons avec le traitement réservé à l’Algérie. Pendant la guerre d’Indépendance (1954-1962), l’armée française a posé des millions de mines le long des frontières algéro-marocaines et algéro-tunisiennes, les fameuses lignes Challe et Morice. Ces champs de mort continuent de tuer civils, bergers, enfants, piégés des décennies plus tard. Alger réclame depuis des années les plans précis pour déminer. Réponse de Paris ? Un refus poli ou des cartes partielles et inexactes, sous prétexte de «secrets militaires» ou de non-responsabilité postcoloniale.

 En 2025, rien n’a changé. La France traîne des pieds, arguant que le temps a effacé les traces, pendant que des vies explosent. C’est la rente mémorielle à l’envers : oublier commodément les crimes coloniaux pour ne pas payer la facture, ni en excuses, ni en aide technique.

Qui abuse de la mémoire, Pons ? L’Algérie, qui commémore ses martyrs pour souder une nation en construction ? Ou la France, qui élève Dreyfus au pinacle pour flatter son lobby sioniste, tout en laissant des mines françaises mutiler des Algériens ?

Cet éléphant rose – l’influence sioniste sur la politique française – est flagrant ici. Le Crif dicte la ligne. On honore Dreyfus pour «combattre l’antisémitisme», mais on ignore les demandes algériennes, car l’Algérie soutient la Palestine. Résultat : une diplomatie française otage de Tel-Aviv, où critiquer Israël vaut excommunication médiatique, tandis qu’accuser l’Algérie est un sport national.

Pons incarne cette duplicité : pro-Israël sans faille, il tape sur la «rente» algérienne pour mieux masquer celle de la France. Journalisme ? Plutôt propagande. Il est temps d’ouvrir les yeux. La mémoire n’est pas une rente, c’est un outil. Et, en France, c’est le sionisme qui le manie, au détriment d’une réconciliation réelle avec l’Algérie. Tant que Paris refusera de voir son éléphant rose, ses leçons sur la mémoire des autres resteront des farces.

K. B.

2 Commentaires

  1. La france patauge dan la merde avec ses menteurs ses pervers ses voleurs ses corrupteurs ses aboyeurs ses charlatans ses plagiaires ses blagues artistiques etc….
    Elle ne peut ni n’a le droit de parler de l’Algérie avec de la haine ou du mépris car cette Algérie est glorieusement plus magnanime plus digne plus attachée a la morale universelle et surtout plus protectrice pour son peuple. nous d’en bas nous disons à la france de rester longtemps dans son état merdique.

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  2. Et pourtant, il est facile de la contrecarrer, si c etait le cas: tout simplement reconnaitre humblement ses crimes et voila, que le « Regime Algerien n aurait plus de grain a moudre ».
    La verite, c est que c est la France qui deforme une verite historique, a savoir vendre ses crimes coloniaux comme apports civilisationnels aux sauvages que nous etions.

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