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Comment la visite ardemment souhaitée par le pape Léon XIV en Algérie est commentée à Rome

De Rome, Mourad Rouighi – Dans un contexte arabo-musulman qui a beaucoup changé, l’Algérie est restée fidèle à son histoire plurimillénaire et à son enracinement civilisationnel, malgré pressions et médisances. Elle s’apprête à accueillir le pape Léon XIV, avec au centre de cette visite une adhésion commune et renouvelée au pôle de référence privilégié, que sont la culture de tolérance et du respect de tous.

Bien que placée sous le signe du «fils du pays» Saint-Augustin, un des autres thèmes de la visite de Léon XIV sera de saluer la vaillance d’un peuple qui compte beaucoup d’amis à Rome, et de confirmer le choix fait par son prédécesseur François 1er de solidifier les bases du dialogue entre les deux grandes religions universelles que sont l’islam et le christianisme.

Ces «chantiers du dialogue» qui résonneront forts à Alger, à Souk-Ahras et à Annaba seront le socle choisi comme base de départ pour un dialogue plus étroit entre les deux Etats.

D’ailleurs, l’appel de Léon XIV, qui a été favorablement accueilli tout récemment à Rome par le président Abdelmadjid Tebboune et par tout le peuple algérien, permettra d’œuvrer dans ce sens. Le but étant de jeter des ponts de dialogue et de mutuelle compréhension, à un moment où des esprits aigris s’attellent à les confiner dans un choc éternel et inéluctable.

La presse italienne et vaticane est catégorique : le prochain voyage du pape Léon XIV en terre algérienne indiquera bel et bien une volonté assumée de sa part, en vue d’un engagement dans des actions concrètes, visant à nouer des relations remettant l’Homme et sa foi au centre des points d’attache qui unissent l’Algérie au Vatican.

«L’erreur, nous dit une experte des questions liées au Saint-Siège, serait de se faire intimider par le climat dit de «choc des civilisations», où règne, hélas, la suspicion et la peur, car nous pourrions oublier les points de contact et les liens amicaux de par l’histoire, les exemples de tolérance, d’entraide, les bonnes pratiques ne manquant pas».

«Certes, il faudrait indiquer une direction à ce dialogue, mais, là-dessus, je pense que le pape Léon XIV et le président algérien, sont d’avis que le monde a besoin de la contribution et l’apport de ces deux grandes civilisations universelles, ouvertes à tous, le monde a besoin de valeurs spirituelles, de communion et de respect mutuel», a-t-elle ajouté.

De son côté, le professeur Franco Cardini, éminent historien florentin, considère qu’«aujourd’hui, certaines officines ne se cachent plus et font ouvertement la promotion du choc des civilisations, servant à toutes les heures des sujets xénophobes, ce qui est en train de causer d’importants dégâts au niveau de l’imaginaire collectif».

«Cette thèse, qui veut que les deux mondes et les deux religions soient inconciliables et antagonistes, rendra la tâche du souverain pontife plus dure, car ses moyens sont limités et les médias ont tendance à privilégier le sensationnel plutôt que ce genre de rencontres ou de visites», a-t-il indiqué. «Cela dit, ces voyages représentent des lueurs d’espoir dans un monde qu’on veut à tout prix nous décrire comme condamné à la division, à l’affrontement et à la guerre», a-t-il soutenu.

Les «chantiers du dialogue» et la visite du pape en Algérie qui en fait partie sont la meilleure réponse à cette déferlante médiatique orientée, car émanant de hautes personnalités spirituelles, qui œuvrent depuis des années à l’établissement de rapports amicaux entre l’islam et le christianisme, tout en jouissant d’une grande crédibilité parmi leurs respectifs fidèles.

L’Algérie, fidèle à elle-même, est prête à y contribuer.

M. R.

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