Inédit dans le discours du roi du Maroc : pas un mot sur l’Algérie !
Par Karim B. – Dans son discours annuel prononcé à l’occasion de la fête célébrant la prise de pouvoir par la famille alaouite, Mohammed VI a concentré l’intégralité de son intervention sur la situation interne du Maroc. Pas un mot sur l’Algérie, «ce voisin de l’Est source de tous les maux» de cette monarchie, ni sur le Sahara Occidental, «partie intégrante du Maroc», à travers lequel ce même «voisin de l’Est tente de porter atteinte à l’intégrité territoriale» de ce pays en proie à de graves contestations dans le Rif.
C’est aux contestataires de cette région frondeuse du Maroc que le roi Mohammed VI a, justement, tenté de répondre à travers un discours lénifiant et dans lequel il s’en prend aux partis politiques, «au personnel vieillissant» et à l’administration «sclérosée» qui ont «failli» dans leur mission.
S’adressant à ses sujets, le monarque, affaibli par une situation sociale explosive, promet de «corriger les failles et remédier aux problèmes économiques ou sociaux» et appelle à une «action collective». Mohammed VI admet, ainsi, son incapacité à apporter des solutions aux problèmes de plus en plus nombreux posés par la politique de prédation menée par la famille régnante depuis l’accession de Mohammed VI au trône jusqu’à ce jour.
Le roi, discrédité, critiqué, montré du doigt, compte sur un hypothétique «renforcement» du «climat de confiance et de sérénité au sein de la société et toutes ses composantes». Message clair à des citoyens harassés par la corruption, l’injustice et le mépris du Palais à leur égard.
Mettant tout sur le dos des partis politiques, Mohammed VI leur enjoint d’«attirer de nouvelles élites» et d’«inciter les jeunes à s’engager dans l’action politique». C’est que le roi et ses conseillers ont compris que ceux qui dirigent les contestations du Rif appartiennent à la nouvelle génération, et que ces jeunes révoltés gardent en eux la flamme du combat de leurs aïeux pour la justice et la liberté allumée.
Le roi ment à son peuple en affirmant qu’il «porte l’espoir inaltérable d’améliorer les conditions de vie des citoyens», mais admet, dans le même temps, «l’ampleur du déficit social» et l’injustice «territoriale», allusion aux régions du Rif abandonnées par le pouvoir central en raison de leur refus de se plier à la monarchie rétrograde dont elles souhaitent la fin et son remplacement par un régime républicain pour lequel a combattu Abdelkrim El-Khettabi, mort en exil en 1963.
Il est rare que le roi du Maroc n’évoque pas l’«ennemi» algérien et «sa création, le Polisario». Quand Mohammed VI omet de parler de ces deux sujets qui engagent, pourtant, «l’intégrité territoriale du Maroc», cela signifie que le prétexte algérien ne suffit plus à tromper ses sujets, plus que jamais résolus à renverser la monarchie prédatrice qui trône depuis trop longtemps.
K. B.
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