Soyons conséquents !
Par Akram Chorfi – Une mosquée de l’envergure de la Grande Mosquée d’Alger ne peut exister pour n’être qu’un monument religieux. Elle est là pour signifier, par la symbolique et la fonction, que l’Algérie est le lieu d’un rayonnement de la culture et du culte musulmans et une référence, parmi celles qui comptent, dans la structuration de la pensée islamique moderne.
Si l’on réduit la Grande Mosquée d’Alger à un projet urbanistique, architectural et artistique dédié à la simple pratique du culte et à la déambulation touristique, on ne fera que perdre de vue, comme ce fut souvent le cas dans les décennies d’avant les années 1990, les dimensions idéologique et politique d’un tel édifice, qui doit intégrer, dès lors, le statut d’institution.
Jamais l’Algérie n’aurait vécu ce qu’elle a vécu par la main de l’extrémisme islamiste si elle disposait d’un espace d’exégèse (fiqh) et de fetwa de référence pour ses millions de pratiquants, livrés alors à l’extrémisme et à la subversion.
Un espace en mesure de réunir les esprits les plus lumineux, les savants les plus brillants, les docteurs algériens de l’islam les plus crédibles pour répondre aux questionnements incessants des Algériens sur leur culte et sur leur conscience et leur engagement religieux et qui épargne à notre jeunesse, par une manière de prévention salvatrice, un endoctrinement fanatisant et obscurantiste d’un autre temps.
Oui, la Grande Mosquée d’Alger peut devenir un véritable repère du culte musulman en Algérie au lieu que cette fonction soit abandonnée aux monarchies et autres républiques islamiques qui ont acquis une influence indéniable chez nous, du fait qu’elles ont toujours disposé d’espaces de production intellectuelle de portée exégétique et idéologique.
Un grand conseil des oulémas algériens serait logé à la bonne enseigne s’il tenait institution en la Grande Mosquée d’Alger, avec l’autonomie qui serait la sienne, et qui donnerait ses lettres de noblesse à la pensée islamique en Algérie et sa raison d’être à un monument de cette envergure.
A. C.
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