Benghebrit veut mettre fin à l’embourgeoisement des enseignants
Par Sarah L. – Consciente de la grave dérive qui entache son secteur, la ministre de l’Education nationale a décidé d’imposer à tous les enseignants de signer un engagement sur l’honneur de ne pas s’adonner à des cours particuliers parallèlement à leur mission officielle au sein des établissements scolaires, et ce dans les trois paliers, primaire, moyen et secondaire.
On ne sait pas, cependant, si cette démarche, dont l’information a été rapportée par le quotidien arabophone Ennahar, pourrait donner lieu à des sanctions au cas où les signataires viendraient à ne pas s’y conformer.
Le phénomène des cours particuliers dont les prix atteignent des proportions exagérées – jusqu’à 3 000 DA l’heure pour certaines matières – a connu une expansion endémique ces dernières années. Les parents sont, ainsi, pris en otage par une nouvelle caste d’enseignants embourgeoisés qui profitent de la baisse du niveau – dont ils sont en partie responsables – pour profiter de ce filon que sont les cours parallèles dispensés «clandestinement» dans des locaux inappropriés ou à domicile.
Dans certains lycées, le niveau de vie de certains enseignants contraste de façon flagrante avec les salaires perçus par cette catégorie de fonctionnaires. La noble mission qui consiste à transmettre le savoir aux élèves a basculé pour devenir une source d’enrichissement illicite puisque les bénéfices engrangés par le biais de ces cours particuliers ne sont pas déclarés. Les enseignants s’adonnant ainsi à un travail au noir.
Il n’est pas sûr que la décision de la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, puisse endiguer ce phénomène par une simple signature, les cours particuliers étant devenus, avec le temps, pour certains parents une sorte de faire-valoir de l’appartenance à une catégorie de la société capable d’offrir à ses enfants un enseignement «de qualité» en dehors du circuit officiel. Cette approche élitiste a encouragé des enseignants cupides qui n’ont pas cessé d’augmenter les tarifs de leurs prestations. D’autres font carrément du chantage à leurs élèves qui refusent de se soumettre à leur diktat, en sabotant leurs notes. Tout ceci, sous le regard impuissant de la tutelle.
S. L.
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