Les paroles en l’air de Bedoui ou quand la mafia des parkings fait la loi
Par Kamel M. – Le ministre de l’Intérieur multiplie les déclarations après l’affaire du jeune homme tué à Béjaïa pour une histoire de parking sauvage. Noureddine Bedoui promet que l’Etat «sévira» contre les auteurs du crime.
En tenant ces propos menaçants contre trois voyous parmi les dizaines de milliers de leurs semblables qui ont érigé un véritable «empire du parking» à travers tout le pays, jusqu’à exporter leur «expérience» aux pays voisins, dont la Tunisie notamment, le ministre de l’Intérieur avoue, en fait, l’impuissance du gouvernement à rétablir l’ordre et la loi dans un pays qui part à la dérive.
Le gouvernement n’en est pas à son premier coup de bluff. Et ce gouvernement n’est pas le seul à noyer le poisson dans l’eau en pointant du doigt une poignée de canailles qui, à Béjaïa, ont provoqué la colère de toute la population. Une colère dirigée d’abord et avant tout contre des autorités absentes, incapables, incompétentes, cupides et opportunistes qui, dans de nombreux cas, sont moins préoccupées par les affaires de la cité que par leurs propres intérêts.
Combien de ministres ont tapé du poing sur la table, promettant la «fermeté» de l’Etat dans la lutte contre le marché informel, contre les constructions illicites, contre la bureaucratie, contre la corruption, contre les abus de pouvoir, contre le népotisme, contre les passe-droit ? «Se peut-il que les responsables à tous les niveaux, qui sont les principaux instigateurs de tous ces maux, se déclarent la guerre à eux-mêmes ?» s’interrogeait un citoyen, ironique.
Le ministre de l’Intérieur, pour calmer les citoyens de Béjaïa et de tout le pays, agacés par le diktat des voyous et l’impuissance de l’Etat, s’en est pris aux auteurs du crime, mais il n’a à aucun moment parlé de mesures concrètes pour mettre fin au désordre et à l’indiscipline dont pâtissent les citoyens, appelés à se défendre par leurs propres moyens, et pallier la déliquescence de l’Etat et le délitement des institutions.
K. M.
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