Youssef Al-Qaradawi décrète : «Dieu n’a pas besoin de votre hadj !»
Par Kamel M. – Sur fond de crise diplomatique entre l’Arabie Saoudite et le Qatar, le prédicateur inféodé à Doha, Youssef Al-Qaradawi, a émis une fatwa décrétant que le hadj «n’est pas obligatoire». L’avis religieux d’Al-Qaradawi fait suite à l’impact du conflit politique qui oppose les Al-Saoud aux Al-Thani et qui a posé le problème de la participation des Qataris à ce rituel annuel, cinquième pilier de l’islam.
La rupture des relations décidée par le régime de Riyad, agacé par les velléités expansionnistes de son voisin aux ambitions démesurées, avait donné lieu à des interrogations sur le sort que le «serviteur» des deux Lieux Saints de l’islam allait réserver aux fidèles qataris souhaitant effectuer le déplacement à La Mecque pour y effectuer le pèlerinage. Le roi Salman avait assuré qu’il n’interdirait à aucun musulman d’accomplir son devoir religieux, laissant entendre qu’aucune restriction ne serait imposée aux ressortissants qataris.
Mais le prédicateur égyptien, installé à Doha depuis de longues années, a répondu par un décret qui a provoqué un tollé général en estimant que rien n’obligeait le musulman à effectuer le hadj, soulignant que celui-ci «doit être synonyme de paix et de tolérance». Le message de Youssef Al-Qaradawi est éminemment politique. Il s’adresse au monarque saoudien à qui il ôte implicitement la légitimité dans la gestion des Lieux Saints de l’islam car il n’obéit pas à ces deux critères : la paix et la tolérance.
On ne sait pas si le prédicateur, qui a participé à l’embrasement du Moyen-Orient et du Maghreb dans le cadre de ce qui fut appelé le «printemps arabe», pense, en tenant ces propos, aux victimes yéménites qui tombent chaque jour sous les bombardements aveugles de l’armée des Al-Saoud et de leurs alliés, mais il est clair que Youssef Al-Qaradawi s’est, depuis longtemps, départi du prêche religieux pour s’adonner à la politique et au soutien inconditionnel et intéressé au régime de Doha.
Youssef Al-Qaradawi a perdu toute crédibilité depuis son implication directe dans les événements sanglants qui ont secoué plusieurs pays arabes, de la Libye à la Syrie, en passant par le Yémen et l’Egypte. Dès lors, ses fatwas bellicistes annihilent tous ses discours insincères sur la tolérance et la paix.
K. M.
Comment (74)