Jungle économique
Par Sadek Sahraoui – La simultanéité de la tournée africaine de la Première ministre britannique Theresa May et de la tenue, à Pékin, du 3e Forum de coopération entre l’Afrique et la Chine n’est pas le simple fruit du hasard.
C’est tout le contraire même. A travers son périple qui l’a conduite au Kenya, en Afrique du Sud et au Nigéria, Theresa May a certainement voulu adresser un message au Président chinois Xi Jinping dont le pays se présente en Afrique comme un barrage contre les «visées néocolonialistes» des pays occidentaux. Un message voulant certainement dire que Londres ne laissera pas l’empire du Milieu agir à sa guise sur le continent africain.
La Grande-Bretagne tout comme un certain nombre d’autres pays semblent d’ailleurs avoir pris conscience qu’ils se sont trop laissés distancés par la Chine et qu’il était vital pour eux de rattraper leur retard.
Dans le cas des Britanniques, cela faisait au moins cinq ans qu’un premier ministre n’avait pas mis les pieds au sud du Sahara.
Pour sa première visite africaine, Theresa May avait annoncé, mardi 28 août au Cap, en Afrique du Sud, un «come-back» du Royaume-Uni sur le continent, des promesses d’investissement et un nouveau partenariat.
Devant un parterre d’hommes d’affaires, la Première ministre a même affiché l’objectif de «faire du Royaume-Uni le premier investisseur des pays du G7 en Afrique d’ici à 2022».
Preuve aussi que la Chine ne se laissera pas faire, le Président Xi Jinping a promis 60 milliards de dollars d’investissements sur 3 ans dont 15 milliards seront constitués d’aides sans contrepartie et de prêts sans intérêts.
Evidemment, il est encourageant, dans l’absolu, de voir que de nombreux grands pays reconnaissent le potentiel économique de l’Afrique et cherchent à y investir leur argent.
Les retombées en termes d’emplois, de croissance et de développement ne pourront être à l’avenir qu’importantes.
Néanmoins, l’incroyable surenchère dont fait l’objet actuellement le continent africain laisse penser que la compétition entre les grands acteurs économiques mondiaux ne sera pas toujours loyale. Et encore moins pacifique. La Libye est d’ailleurs là pour apporter la preuve que l’Afrique est toujours une jungle économique.
S. S.
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