Contribution : Macron, les criminels harkis et les réparations pécuniaires
Par Mesloub Khider – Macron a reconnu que la colonisation était un crime contre l’humanité. Cette reconnaissance salutaire induit plusieurs conséquences. D’abord, l’officialisation de cette reconnaissance par l’Etat français. La révision de l’histoire de cette page sombre de la France coloniale, par l’inscription officielle dans les manuels scolaires de ces crimes perpétrés contre le peuple algérien entre 1830 et 1962. Enfin, l’ouverture de discussions sur la question des réparations, autrement dit des dédommagements dus au peuple algérien.
Or, depuis la déclaration de Macron reconnaissant le caractère de crime contre l’humanité de la colonisation de l’Algérie par la France, aucune mesure œuvrant à la reconnaissance officielle n’a été engagée par les autorités françaises.
En revanche, paradoxalement, au même moment, Macron a chargé un groupe de travail sur les harkis de mettre en œuvre un «fonds de réparation et de solidarité» de 40 millions d’euros pour les anciens supplétifs de l’armée française et leurs enfants, autrement dit les harkis.
Le lobby des harkis, qui a soutenu la candidature de Macron, a manifesté son mécontentement contre la faiblesse du montant des indemnités de réparation préconisé par le rapport du groupe de travail. Les associations de harkis ont attiré l’attention du président français sur leur «dramatique situation», leur «détresse», et l’invitent à s’impliquer directement dans le dossier de la réparation afin de revoir à la hausse les dédommagements dus à leur «communauté».
La communauté harkie réclame des réparations «à la hauteur du préjudice subi» à la fin de la guerre d’Algérie. Menaçant même de porter plainte contre la France pour crimes contre l’humanité.
Boaza Gasmi, le président du Comité national de liaison des harkis (CNLH), a déclaré à l’intention de Macron : «Il sera le grand perdant s’il déçoit la communauté harkie», rappelant le potentiel électoral de la communauté harkie estimé à deux millions de voix.
Sur un ton comminatoire, Mohamed Otsmani, un autre représentant harki, indique qu’il portera le dossier devant la Cour européenne des droits de l’Homme pour demander réparation : «Nous allons porter plainte contre la France pour crimes contre l’humanité pour obtenir ce dédommagement», a-t-il souligné.
Fidèles à leurs revendications démesurées et à leurs discours victimaires, les associations de harkis, de manière éhontée, réclament une indemnité de réparation de 40 milliards d’euros pour les «préjudices subis» par la première génération et sa descendance. En outre, elles exigent le vote d’une loi établissant la responsabilité de la France dans leur souffrance.
Pour rappel, l’armée coloniale française a recruté jusqu’à 150 000 harkis comme supplétifs durant la guerre d’Algérie (1954-1962) pour tuer, massacrer et exterminer des Algériens en lutte pour leur libération du joug colonial français.
A la fin de la guerre, selon les chiffres des autorités françaises, 90 000 harkis (et leurs familles) ont été admis en France. Contrairement aux Français de souche rapatriés également d’Algérie vers la France, ces harkis ont été parqués dans des camps, entassés dans des cités dortoirs lépreuses. Manière polie de la France de signifier aux harkis dans quelle piètre considération ils les tiennent. Au reste, ce mépris souverainement affiché à l’égard des harkis ne s’est jamais démenti depuis 56 ans de la part de cette France pétrie de mentalité colonialiste. En dépit de leur proclamation de foi cocardière française, les harkis sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone par cette France qu’ils ont criminellement servie.
«Macron a reconnu que la colonisation était un crime contre l’humanité ; c’est peut-être courageux de crever l’abcès mais il ne peut dire cela et de l’autre côté ne pas regarder l’histoire de ces soldats et citoyens français abandonnés en Algérie en 1962», a déclaré le président du Comité national de liaison des harkis (CNLH), Boaza Gasmi. Ainsi, ce représentant harki considère courageuse cette reconnaissance de crime contre l’humanité de la colonisation de l’Algérie, soutenue par Macron. Mais cette reconnaissance de Macron, approuvée par ce représentant harki, est lourde de conséquences, particulièrement pour ces deux représentants de la France coloniale. En effet, dès lors qu’ils reconnaissent le caractère criminel (contre l’humanité) de la colonisation de l’Algérie, moralement et juridiquement, ils deviennent des criminels aux yeux de l’humanité.
Aussi, ces criminels harkis ne sont pas fondés de réclamer des réparations à la France, mais plutôt d’être traduits devant un tribunal international pour crimes contre l’humanité, au même titre que l’Etat français. Et si réparations pécuniaires il doit y avoir, c’est aux harkis de dédommager les moudjahidine algériens pour les crimes qu’ils ont perpétrés. Ces dédommagements financiers sont aussi redevables de la part des enfants de harkis établis en France, ces harkis revendicatifs et vindicatifs qu’il convient de faire taire définitivement.
M. K.
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