Le fils de Nahnah : «Mon père savait tout sur ses ministres corrompus»
Par Karim B. – Le fils du défunt Mahfoud Nahnah n’y est pas allé de main morte dans ses critiques envers les dirigeants du MSP (ex-Hamas).
Noureddine Nahnah a jeté un pavé dans la mare en affirmant que le fondateur du MSP détenait des dossiers et des enregistrements vidéo compromettants impliquant d’anciens ministres issus du parti.
Le fils de Nahnah a refusé de nommer les personnes concernées, se contentant de rappeler que ceux-ci sont toujours en vie et qu’ils se reconnaîtront.
«Mon père a réuni tous les élus du parti, au nombre de 70, et les a informés qu’il était au courant des malversations dont certains d’entre eux se rendaient coupables», a indiqué Noureddine Nahnah dans une interview à la chaîne de télévision El-Hayat TV, ajoutant qu’un dirigeant du parti a détourné «entre un milliard et un milliard et demi de centimes» destinés au parti et qu’il s’est servi de cet argent pour créer un journal. Le fils de Nahnah a refusé, là aussi, de dire de quel «quotidien arabophone proche de la mouvance islamiste» il s’agit, en dépit de l’insistance du journaliste.
«Mon père était au courant que des ministres prenaient une commission de 10% lorsqu’ils étaient en poste», a encore affirmé Noureddine Nahnah, qui a précisé qu’un des ministres membres du MSP a présenté un riche homme d’affaires installé dans un pays arabe au défunt Nahnah «pour gagner des marchés». «Vous me le présentez pour vous assurer vos 10% ?», a répondu avec sarcasme Cheikh Nahnah à son ministre, raconte son fils.
Pour Noureddine Nahnah, le MSP est devenu un fonds de commerce entre les mains de dirigeants cupides qui courent derrière l’argent sous couvert de militantisme en faveur des idéaux défendus par le défunt cheikh.
Le fils de Nahnah a accusé Bouguerra Soltani, ancien président du MSP et ancien ministre et conseiller du président Bouteflika, d’avoir abusé de la faiblesse de l’épouse de Cheikh Nahnah pour s’introduire au domicile de ce dernier et subtiliser des documents et des vidéos contenues dans un coffre-fort appartenant au défunt, quelques jours après son décès. «Il y avait aussi le manuscrit d’un livre que mon père était en train d’achever et qui a été volé», a dénoncé Noureddine Nahnah, qui regrette que l’Etat n’ait pas donné le nom de son père à une institution en hommage à son combat pour la nation.
Abordant la question de la Fondation Nahnah, le fils du défunt a expliqué que la famille s’y est opposée car ceux qui voulaient la créer avaient l’intention de s’en servir à des fins personnelles. «Trouvez-vous normal qu’une fondation qui porte le nom de Nahnah ne comporte aucun membre de sa famille en son sein ?», s’est-il interrogé dubitatif, avant d’ajouter que les procédures ont été relancées pour la création de cette organisation apolitique qui portera le nom de l’homme qui a «milité toute sa vie pour l’Algérie et la Palestine» et dont le legs «a été abandonné par les dirigeants du parti dès sa disparition».
K. B.
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