Ce que dit The Washington Post de la reconnaissance par Macron de l’utilisation de la torture en Algérie
Par Hani Abdi – Le grand journal américain The Washington Post dit apprécier le geste qualifié d’historique du Président français Emmanuel Macron de reconnaître l’utilisation de la torture en Algérie par l’armée coloniale française.
Dans un long article sur l’affaire Audin et l’appel à la carté de Macron, ce journal du centre droit estime néanmoins que le geste du Président français reste «insuffisant».
«Bien que le Président français ait attiré l’attention sur les crimes coloniaux survenus en Algérie, il existe toujours une réticence à faire face aux violences survenues en France, comme le massacre brutal par la police française de manifestants algériens indépendantistes à Paris en octobre 1961. Les historiens estiment que 200 personnes ont été tuées lors de cet événement», précise ce journal américain pour lequel la reconnaissance par la France de «l’utilisation systématique de la torture par ses militaires dans la guerre d’Algérie dans les années 1950 et 1960 reste un pas en avant dans la lutte contre son héritage colonial».
En plus de reconnaître la torture autorisée par l’Etat, Macron a appelé à l’ouverture d’archives concernant ceux qui ont disparu, comme Audin.
The Washington Post considère le décès d’Audin comme «un cas particulier» qui représente à lui seul «un système cruel mis en place au niveau de l’Etat colonial».
Citant les déclarations du Président Macron, The Washington Post a fait état de la sauvagerie subie par les Algériens durant la Guerre de libération nationale.
Ce journal américain estime que le Président Macron semble vouloir se détacher de la position du «silence du père» qui caractérise la relation de la France à son passé colonial depuis des décennies.
The Washington Post a fait parler des historiens dont Benjamin Stora selon lequel le geste de Macron permettra de «progresser pour sortir du déni et pour avancer au service de la vérité».
Stora a accompagné Macron jeudi 14 septembre après-midi en visite officielle à la veuve d’Audin, Josette Audin, 87 ans.
Pour The Washington Post, «Macron, 40 ans, est le premier Président français né après la guerre et a montré une rare volonté de se lancer dans la mémoire de l’Algérie, sans doute le chapitre le plus sensible de l’expérience française du 20e siècle».
Ce journal américain estime que l’ombre de la guerre d’Algérie est à la société française ce qu’a toujours été la guerre du Vietnam pour les Etats-Unis.
Mais The Washington Post considère que la guerre d’Algérie a été encore plus conflictuelle que la guerre du Vietnam. Il se demande ainsi si cette volonté du Président français aboutira au même résultat que ce qui a été fait par l’Etat français à l’égard des juifs massacrés durant la Seconde Guerre mondiale. Il se demande aussi si en France on érigerait des monuments commémoratifs à la mémoire des victimes des massacres de l’armée coloniale en Algérie et si on enseignerait les méfaits de cette guerre comme on le fait aujourd’hui pour l’Holocauste.
«Certains se demandent si une action similaire sur l’Algérie, autrefois impensable, pourrait maintenant être possible», affirme ce média américain.
H. A.
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