Changements dans l’armée : les faits contredisent les déclarations officielles
Par Karim B. – En réaction aux commentaires des médias et des analystes perplexes, le chef d’état-major de l’ANP avait dû réagir pour expliquer que les nombreux changements opérés dans la hiérarchie militaires étaient «normaux» et que cela s’inscrivait dans un processus ordinaire lié aux promotions au sein de l’armée. Cependant, les raisons du récent limogeage du responsable de la caisse militaire au ministère de la Défense nationale et le renvoi, quelques semaines à peine après son installation, du directeur de la Police aux frontières au niveau de l’aéroport international d’Alger, contredisent le discours «rassurant» du général de corps d’armée Ahmed Gaïd-Salah.
Les sanctions prises contre deux officiers supérieurs de l’ANP et de la DGSN pour avoir permis à l’ancien commandant de la 2e Région militaire, le général-major Saïd Bey, d’obtenir une prise en charge pour des soins à l’étranger et de quitter le territoire national en dépit d’une interdiction dont il ferait l’objet, sont un indice qui tend à confirmer l’information rapportée par des médias arabes sur de possibles poursuites judiciaires contre plusieurs anciens hauts gradés de l’ANP démis de leurs fonctions par le président Bouteflika dans le sillage du limogeage du patron de la DGSN, le général-major Abdelghani Hamel.
Que s’est-il passé au juste ? Pourquoi le chef de l’Etat et son vice-ministre de la Défense ont-ils décidé de passer à l’offensive d’une façon aussi brutale qui a suscité de nombreuses supputations sans que l’opinion publique ait été informée des véritables raisons qui ont conduit à cette série de limogeages aussi inattendus que déconcertants ?
Des observateurs avaient lié le renvoi du directeur général de la Sûreté nationale, suivi immédiatement par celui du commandant de la Gendarmerie nationale, à une «guerre de clans» qui aurait poussé Bouteflika à sévir. Mais le vaste mouvement qui a touché l’ANP, quelques semaines plus tard, avait été interprété comme une sérieuse mise en garde du président de la République qui a voulu signifier ainsi que les rênes de l’armée sont entre ses mains et que si changement il doit y avoir, rien ne l’empêcherait d’écarter les «puissants généraux» comme il l’avait fait, du reste, avec l’ancien patron des Services de renseignement (ex-DRS), le général de corps d’armée Mohamed Mediene dit Toufik.
Si la liste des officiers supérieurs «retraitables» semble avoir été close pour le moment – seuls le commandant de la Garde républicaine et le chef d’état-major ont échappé à la «purge» –, l’opinion publique attend désormais la suite des événements à la lumière des derniers développements qui montrent que le départ forcé des commandants des Régions militaires et de certains directeurs centraux au ministère de la Défense nationale ne s’arrêteront pas là et qu’ils pourraient être entendus par le tribunal militaire pour des motifs qui non pas été révélés pour l’instant.
La présidence de la République communiquera-t-elle sur ce sujet extrêmement sensible sachant que les citoyens sont en droit de comprendre ce qu’il se passe au sommet ? Attendons pour voir.
K. B.
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