Sahara Occidental : Federica Mogherini sermonne les leaders européens
De Rome, Mourad Rouighi – Le récent discours de Strasbourg de Federica Mogherini a eu de cela de clair, qu’elle a mis les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne devant leurs responsabilités, en les appelant de manière franche à faire respecter les décisions de la Cour de justice de l’Union européenne sur l’application de l’accord de pêche UE-Maroc, sans y intégrer le territoire du Sahara Occidental.
Durant cette même session du Parlement européen, consacrée à l’état de l’Union, Federica Mogherini, chef de la diplomatie européenne, avait mis en garde les chefs d’Etat et de gouvernement européens, et ciblant précisément certaines capitales, de vouloir inclure les eaux adjacentes au territoire du Sahara Occidental. «Le non-respect des décisions de la Cour de justice luxembourgeoise est inacceptable», a-t-elle ajouté, tout en soulignant qu’il est de «notre devoir de mettre au clair, que nous ne pouvons pas intégrer des territoires du Sahara Occidental dans nos accords avec le Maroc, ce n’est pas possible ! Cela d’ailleurs nous coûtera très cher», a-t-elle conclu.
Federica Mogherini faisait référence là à l’utilisation des ressources naturelles de la région – phosphates, pétrole pêche – qui devrait s’effectuer, selon la diplomate, dans le respect du droit international et dans l’intérêt de la population qui vit dans la zone, dans un esprit de coopération constructive ; c’est pour cette raison que les points constituants de l’accord de pêche entre l’UE et le Maroc, qui concernent les eaux territoriales du Sahara Occidental, doivent être, selon elle, revus et jugés inapplicables.
Selon des observateurs avisés, la diplomate italienne, en charge de la politique extérieure de l’Union européenne depuis novembre 2014, a pu réaffirmer en l’occasion les fondements de sa position en tant que militante acharnée et convaincue des droits sahraouis et de son attachement pour un futur de paix au Sahara Occidental ; elle y exprimait une préoccupation sincère pour le blocage diplomatique entravant l’aboutissement à une solution juste, équitable et durable de ce conflit basée sur le droit et la légalité internationale, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
De même, les déclarations de Federica Mogherini, dénonçant l’arbitraire et la politique du fait accompli, ont indiqué clairement ce que la communauté internationale et les parties intéressées s’attendent de l’Union européenne, à savoir qu’elle exerce un rôle important dans le cadre d’une nouvelle dynamique et d’une plus forte concertation amenant le Maroc et le Polisario à entamer des négociations directes pour, à terme, mettre fin au dernier dossier de décolonisation en Afrique, permettant le vote des citoyens sahraouis qui, eux seuls, trancheront, et une fois pour toutes, cette question.
M. R.
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