Le président français accélère l’indemnisation des familles des harkis
Par R. Mahmoudi – Moins de deux semaines après l’engagement du président Macron de réhabiliter les harkis et de prendre en charge leurs familles, en guise de reconnaissance de la France envers ceux qui l’ont servie pendant «la guerre d’Algérie», le processus s’accélère, avec un premier jugement rendu mercredi 3 octobre par le Conseil d’Etat condamnant l’Etat français à indemniser un fils de harki pour les conditions de vie «indignes» réservées aux supplétifs de l’armée française en Algérie à leur arrivée en France.
«La responsabilité pour faute de l’Etat doit être engagée à raison des conditions de vie indignes réservées à l’intéressé» dans ces camps, dits de transit et de reclassement, dans les années 1960 et 1970, a indiqué le Conseil d’Etat, condamnant l’Etat à verser 15 000 euros au plaignant «en réparation des préjudices matériels et moraux».
Il faut s’attendre à ce que ce premier geste soit suivi d’autres dans les prochaines semaines au moment où 26 harkis devraient être décorés par le chef de l’Etat.
Cette célérité avec laquelle cette condamnation a été prononcée par la plus haute juridiction administrative française traduit une volonté politique partagée en France pour surmonter un double sentiment de «culpabilité» longtemps refoulé envers cette catégorie de citoyens français et par rapport à la colonisation. Car, logiquement, la mise en marche de ce processus de réhabilitation des harkis, à un moment où Emmanuel Macron était surtout attendu sur le dossier de «la réconciliation des mémoires» avec son ancienne colonie, après le geste courageux sur le cas Maurice Audin, met un terme définitif aux discours appelant la France à «se repentir» ou à s’excuser pour tous les crimes commis par l’armée coloniale durant l’occupation de l’Algérie et des autres colonies.
Vue d’Algérie, cette réhabilitation en grande pompe des anciens supplétifs de l’armée coloniale française et, par définition, ennemis de leur patrie ne peut que creuser le fossé entre les deux pays sur cette question de l’Histoire, quand bien même les responsables algériens considéreraient cette décision comme une affaire française.
R. M.
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