Pressions à l’ONU
Par Sadek Sahraoui – La propension des Etats-Unis à vouloir reprendre en main le dossier du conflit du Sahara Occidental se confirme une nouvelle fois à travers leur proposition de continuer à n’accorder qu’un très court mandat à la Minurso, contrairement au souhait du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et de la France. Lors des consultations sur la situation au Sahara Occidental tenues jeudi par le Conseil de sécurité, Washington a réitéré en effet, comme en avril dernier, son souhait de ne voir le mandat de la Minurso étendu qu’à six mois le 29 octobre prochain, date à laquelle le Conseil de sécurité de l’ONU devra se prononcer sur la question.
Pour motiver leur position, les Etats-Unis ont expliqué que cette limitation du renouvellement à six mois seulement est la seule manière qu’il y a de mettre la pression sur le Maroc et le Front Polisario afin de les amener à s’asseoir autour d’une table des négociations et donc de sortir le conflit du statuquo. Washington dit militer pour une telle démarche surtout qu’elle a déjà permis de pousser les deux parties en conflit à coopérer avec l’envoyé spécial des Nations unies, Horst Köhler et à accepter son invitation à se réunir les 4 et 5 décembre prochain à Genève définir le cadre des négociations.
Le nouvel intérêt des Américains pour le dossier du Sahara Occidental a dû chambouler les plans du Maroc et de son allié français dont la stratégie consiste à plonger le conflit dans l’oubli afin de rendre l’option de la tenue d’un référendum d’autodétermination impossible à mettre en œuvre et donc à exclure à exclure toute éventualité d’une décolonisation du Sahara Occidental occupé illégalement par Rabat depuis le milieu des années 1970.
N’ayons pas peur de le dire, cette stratégie aussi vicieuse que cynique a très souvent reçu le soutien tacite d’un certain nombre de hauts responsables de l’ONU qui se sont laissés corrompre par le Makhzen. A ce propos justement, nombre d’observateurs ont estimé que le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ne rend pas du tout service à la cause de la décolonisation – portée pourtant par les Nations unies – en essayant de ménager le chou et la chèvre et en soutenant lui aussi l’argument selon lequel il est important de renouveler pour une année le mandat de la Pressions à l’ONUafin de donner à Köhler «l’espace et le temps» nécessaires en vue de créer des conditions favorables pour faire avancer le processus politique. L’expérience a montré clairement que c’était un argument boiteux qui ne résiste pas à l’analyse, surtout quelle que soit la démarche suivie la Maroc n’a jamais voulu négocier ou appliquer les résolutions de l’ONU pertinentes.
Il faut espérer donc qu’Antonio Guterres a défendu l’option d’un long mandat au profit de la pression à l’ONU par conviction et innocence et non pas calculs comme ce fut le cas de certains de ses prédécesseurs.
S. S.
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