Quand Mohammed VI aidait Riyad à traquer ses opposants
Par Sadek S. − L’affaire Jamal Khashoggi, journaliste torturé puis tué et démembré le 2 octobre dernier au consulat d’Arabie Saoudite à Istanbul a amené de nombreux médias occidentaux à s’intéresser aux cas d’opposants saoudiens ayant disparu dans des circonstances similaires. Les investigations révèlent qu’un certain nombre de pays ont largement contribué à la traque d’opposants saoudiens sur la base d’accusations infondées.
Parmi ces pays, on retrouve le Maroc qui est connu également pour être impitoyable à l’égard des journalistes et des militants des droits de l’homme. Rabat a ainsi reconnu au début de la semaine avoir livré en 2015 à Riyad Turki Bin Bandar, ancien haut responsable de la police saoudienne et ancien chef de la sécurité des Al-Saoud. Et depuis, il n’a donné aucun signe de vie.
Le prince Turki Bin Bandar Bin Abderrahmane Al-Saoud avait été arrêté à l’aéroport de Casablanca le 11 novembre 2015 alors qu’il se rendait à Paris sous le coup d’un «mandat international délivré le même jour par Riyad pour atteinte à l’ordre public via Internet et à des crimes financiers», a indiqué une source diplomatique marocaine ayant requis l’anonymat.
Ces aveux interviennent à la suite de la publication jeudi, par le quotidien français le Monde, d’un article intitulé « Avant Khashoggi, d’autres dissidents saoudiens ont disparu mystérieusement » dans lequel il décrivait l’expulsion de Turki Bin Bandar, il y a trois ans, comme «une extradition de complaisance». En contrepartie du «coup de main», le Makhzen aurait négocié davantage d’investissements saoudiens au Maroc, affirment certaines sources.
L’article rapporte que Bin Bandar était entré en dissidence avec la famille royale saoudienne à la suite d’un conflit foncier et qu’il avait «posté des vidéos sur YouTube appelant à des réformes». L’ancien officier de police a été «discrètement arrêté au Maroc par les autorités locales, puis transféré en Arabie Saoudite», a précisé le journal. Le journal britannique The Guardian a précisé quant à lui que bin Bandar avait demandé l’asile en France.
S. S.
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