Crises entretenues
Par Bachir Medjahed – Parler de démocratie ou de développement ne fait plus recette. Un militant assez ancien du FLN disait, lors de l’élection présidentielle d’avril 2004 : «Moi, je plonge dans la direction du ballon». A quoi me servirait-il d’opter pour le vaincu ?». N’y a-t-il pas de conviction ni de conscience en politique dans ces conditions ?
Les parlementaires privilégient constamment la soumission aux instructions de leur parti pour ce qui concerne ceux qui sont dans l’opposition et du gouvernement pour ceux qui sont au pouvoir. Des missions sont conférées à la majorité, soit celles d’approuver tout ce qui vient du gouvernement et de s’opposer à tout ce qui vient de l’opposition, c’est-à-dire, en fin de compte, de condamner l’opposition à son impuissance législative.
Il apparaît ainsi qu’aux différentes crises, les réponses d’urgence sont estimées inappropriées et, d’ailleurs, tardives, surtout que se bousculent trop de problèmes dus aux mutations non accompagnées dans un contexte où il n’y a pas de pôle de puissance dans le champ politique et pas de coupables. Jamais de coupables.
Ghardaïa, Djanet, Ouargla, Bordj Badji-Mokhtar et ailleurs en même temps, montrent que l’Algérie excelle à se mettre par elle-même dans une posture difficile, en se payant le luxe de laisser se cultiver les facteurs de crise, l’important étant de créer les conditions de l’inscription de celle-ci dans des limites gérables. C’est ce que l’opposition pense de la majorité. Serait-il également vrai qu’il soit pensé en haut lieu que le temps finira par produire les décantations nécessaires à leur atténuation avec la conviction que les pics des crise ont été déjà atteints et qu’il ne peut y avoir pire ? C’est également ce que pense l’opposition du pouvoir.
Il y a quand même, aux yeux de nous autres profanes, une confusion dans les causes de l’entretien des crises et, surtout, il n’y a pas de tentatives renouvelées d’évaluer les influences des enjeux actuels de pouvoir, des idéologies incompatibles, d’intérêts, de tribus, zones de non-droit, gestion traditionnelle des crises humaines catastrophiques qui reposent plutôt sur le dogme de la fermeté ou de la répression que sur celui de la prévention ou du dialogue avec, donc, fatalement une perte de crédibilité des institutions.
B. M.
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