Le RPK appelle à la vigilance pour éviter l’irréparable en Kabylie
Par Hani Abdi − Le Rassemblement pour la Kabylie (RPK) appelle les lycéens qui protestent contre le rejet de l’enseignement de tamazight dans d’autres régions à faire preuve de vigilance. Bien qu’il considère leur colère comme légitime et compréhensible, le RPK estime que la meilleure manière de défendre cette langue est de militant pour le pluralisme. «La colère qu’exprime cette mobilisation est non seulement compréhensible, elle est de surcroît légitime. Dire haut et fort ‘basta’ aux provocations, aux insultes et à l’infériorisation d’une identité est un acte salutaire. Mais il demeure nécessaire et impérieux de ne pas se laisser entraîner et enfermer dans une ‘guerre des langues’», prévient le RPK, qui réagit donc à l’ampleur que prend le boycott des cours d’arabe par les lycéens en Kabylie.
Le RPK affirme que «face à l’idéologie arabo-islamiste uniciste, il y a lieu d’opposer, en toutes circonstances, les valeurs du pluralisme. En tant que Kabyles, même si nous aspirons à ce que tous les Algériens se réapproprient sereinement et de manière effective le fond commun amazigh, nous devons nous garder de vouloir imposer notre langue aux autres».
Pour ce mouvement qui milite pour l’autonomie de Kabylie dans une Algérie plurielle, «il importe, donc, de faire un travail essentiel sur nous-mêmes, surtout s’agissant des grandes questions qui engagent l’avenir, pour nous départir de la prégnante culture de l’exclusion, de ne pas nous laisser enfermer dans les postures dominantes de la culture du système en place». «Toute dynamique nécessite un débat et une confrontation des idées pour déjouer les manipulations et les provocations», insiste ce mouvement, pour lequel la riposte énergique et forte des jeunes lycéens «gagnerait à se donner de véritables perspectives, d’abord en s’organisant de manière démocratique, ensuite en s’ouvrant sur le champ des idées et de la conquête des libertés, loin de toute forme de caporalisation ou d’instrumentalisation».
Le RPK appelle à une vigilance accrue. «La lutte des clans, plus visible que jamais, est là pour nous alerter que les mains invisibles de la police politique ne resteront pas immobiles pour ne dénaturer ce mouvement et l’instrumentaliser», alerte-t-il, soulignant que «la situation délétère des ‘institutions de l’Etat’, dont l’APN, n’est qu’un artefact, la violation caractérisée de la Constitution, la mise en scène de la lutte contre la corruption sont autant d’éléments qui plaident pour dire que les enjeux de la succession ou du maintien du statu quo sont de nature à pousser vers l’irréparable».
«Pour éviter que nous ne soyons aspirés dans ces tensions qui, à terme, se transformeront en véritables fractures, on ne peut faire l’impasse sur la reconnaissance de l’Algérie comme une nation multiculturelle et l’impératif de la refondation de l’Etat en s’appuyant sur les autonomies régionales», ajoute ce mouvement, qui considère que ce combat est politique et institutionnel. Le RPK assure qu’il reste mobilisé pour «parer à ce que la Kabylie ne devienne le lieu des règlements de comptes des luttes au sommet».
H. A.
Comment (65)