Deux mille imams seront recrutés : l’Etat se réapproprie les mosquées
Par R. Mahmoudi – Le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs vient d’annoncer l’ouverture d’un concours de recrutement de 2 000 imams contractuels à travers toutes les wilayas du pays. Le département de Mohamed Aïssa exige des candidats à ce concours d’être des retraités des Affaires religieuses et d’être des diplômés universitaires qualifiés avec des connaissances en sciences islamiques, en plus d’apprendre parfaitement le Coran.
Les nouvelles recrues seront ensuite réparties à travers les 48 wilayas du pays, apparemment selon les besoins de chacune. Curieusement, les wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou viennent en première position en nombre de postes pourvus : 110 imams pour chacune, suivies de Sétif avec 88 postes, de Batna (80), M’sila (75) et Alger (70).
Cette spécification des deux principales wilayas de Kabylie par le ministère des Affaires religieuses peut s’expliquer, a priori, par le nombre relativement élevé des lieux de culte dans cette région à majorité rurale, qui est proportionnel au nombre de villages qui la composent. En effet, plusieurs mosquées, notamment dans les villages les plus reculés, sont restées sans imam ou sans assistant (muezzin, enseignant de Coran…), alors que de nouvelles y sont sans cesse construites. Ce qui pousse les villageois à faire appel à des volontaires parmi lesquels s’infiltrent parfois des éléments salafistes. D’où ces confrontations récurrentes qui obligent souvent ces imams autoproclamés à quitter les lieux. Du coup, l’arrivée d’imams «assermentés» dans ces villages pourrait au moins les prémunir des incursions islamistes.
L’autre lecture qu’on peut faire de cette volonté de renforcer le corps des imams dans ces deux wilayas est que, comme le veut une certaine idée reçue, cette région souffrirait d’un déficit en matière de religion et qui, de ce fait, serait toujours sujette à des tentations de (ré)islamisation.
Il faut dire que la montée des courants extrémistes et séparatistes foncièrement antireligieux dans cette région du pays a fini par ancrer cette idée dans l’opinion publique et, manifestement aussi chez certains responsables, à savoir que l’islam y serait menacé.
R. M.
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